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2 2 6 F L O R E D ' t G Y P T K .
pas cepeiKÎant en corn-lure que le Icbakii est sans épine s , et que sa verdure
contraste avec la couleur c endr é e du iieglyg. Je ferai r ema rque r qu'il est juste
de c omp a r e r le Heglyg au sidra ou nabe c a , l'un des plus beaux arbres de l'Egypte,
Browne ( t ) , dans la relation de son voyage à Da r f o u r , c omp a r e le beglyg au
nabeca : « Il y a sur - tout , dit ce v o ) a g e u r , dans la ville de Co b b é , rajntalc du
» Da r f o u r , des heglygs et des nebkas [nabccu] qui, à peu de d i s t a n c e , donnent
5> à cette ville un coup-cj'ccil agréa])le. Le Iieglyg est un arbre de la même gran-
« deur que le nebbek [ndccn]; il vi ent , dit-on, d'Ar abi e : il a de petites feuil(cs,
» et p o r t e un fruit oblong, de la grosseur d'une d a t t e , d'une coul eur brune et
» o r a n g é e , et d'une qualité à-la-fois sèclie et visqueuse ; le n o y a u , t r è s -gros pro-
» p o r t i o n n éme n t au f r u i t , est très-adhérent à la pulpe. On fait aussi avec ce
5> fruit une p â t e ; mais elle est moins b o n n e que celle du nebka. Le bois dii
5> l i eghg esc très-dur, épineux et d'une couleur jaunâtre ; on se sert des branches
» du Iieglyg, c omme de celles du n e h b e k , poin-garni r les palissades. »
L e nabeca en Egypt e varie b e a u c o u p , c omme peut varier sans d o u t e le liegiyg
o u lébakii ; les grands luiùcca sont sans épine s , c omme les grands Acacia niloûu.
tandis que ces arbres jeunes f o rme n t des buissons hérissés de piquans. La sécheresse
ou l 'humidi té change la couleur du feuillage de ces arbres ; et si Abd-aliatif
a vu la couleur des feuilles du lébakh très-verte, un autre écrivain Ar a be (2} nous a
appris qu'elles tiroient un peu sur le blanc ; ce que je r e connoi s être plus exact.
J'ai r éuni , par le r a p p r o c h eme n t des caractères bot anique s , le heglyg de la haute
Egypte ou Balanites au haleg d'Ar abi e de Forska! : les parties de la fleur sont
Jes même s dans l'arbre d'Ég_\pte et dans celui d 'Ar a b i e ; les feuilles sont con|iiguées;
le fruit est un d r u p e qui cont i en t un noyau mo n o s p e rme : ce noyau est gro;
par r appor t à la petite quantité de chair qui le couvr e ; il est à cinq côt e s , à cinc]
sillons. Le seul caractère sur lequel ForskaI se soit t r omp e , est celui du noyaii,
qu'il a décrit à cinq valves , pa r ce qu'il aura c omp t é les valves par les sillons pré
pour des sutures. L i n n é et J a cquin o n t ainsi c omp t é trois valves dans le Coco
entier à trois sutures.
J e t rouve ma i n t e n a n t que le h c g h g ou lébakh est le même arbre que le persta
d e l ' anci enne Ég ) p t e : les citations suivantes le cont t rmc ront .
Diodore de Sicile (3) r a p p o r t e que le persca avoit été int rodui t d'Éthiopic en
Égvpte, par les Perses , du t emps de Cambyse. Strabon (4) a parlé du perséa comme
d'un gr and arbre d'Egypt e et d'Étliiopie. Le perséa ou lébakh est en effet un arbre
d ' E t h i o p i e , puisque c'est l'arbre heglyg des j)ays de Da r f o u r et de Sennar.
Adiénée (5) a cité un aut eur qui faisoit r ema r q u e r que le perséa croissoit en
Arabie et en Syrie. C e t arbre a été t rouvé par ForskaI en Ar abi e , sous le nom
d e haleg : son bois d u r et tenace y sert p o u r des ins t rumcns et des meubli'i
(.) Tom.l,pag.352.ctiom.ll,pas.37-
pour le perséa le li-bnkli, qui
volume d'une dntif
{2) Nous sur Atd-dlLtif, pag. 5J.
il est encore possible <jiie
ts du périier cl du
(3) BiHioih. hist. lib. I, pag. 30, C, edit. Hanov.
citr.
1604.
(4) Lib. XVII, pdf. ,178. Le fruit est gfand , dit
Strabon; ce qui est au moins exagi-ré, si l'on prend
appelés m>11« pers'iques ot confondus a^«
fruit du perséa, aient fait ciuelquefbis Juger fausit-
(5) Deipnosoph. pag. 6-19.
P L A N T E S G R A V É E S . 2 2 7
Sa couleur, que je suppos e n'être belle et noi r e que dans le coeur des t ronc s les
plus vieux, n'a point été r ema rqué e par ForskaI.
Je n'omettrai pas de dire que le t r o n c du heglyg , considéré au d e h o r s , est
jaunâtre, c omme Br own e me semble l'avoir désigné avec assez de jus t e s s e 'pa r
les expressions de ùoh irès-dm-, épineux et jaunâtre : c a r , s'il eût voulu parler de la
couleur du bois réduit en planches p o u r être travaillé, il n'auroit pas fkit en même
temps la remai-que que ce bois est épineux ; ce qui ne se voit que sur l'arbre
planté, ou sur des branches en effet très-dures. Je place ici cette observation p o u r
(ju'on ne décide pas l égè r ement que le heglyg. paroissant avoir le bois jaunâtre,
,ie peut être ni le perséa ni le l ébakh, auxquels les Grecs et les Arabes attribuent
un beau bois noi]-.
Les couronne s de persca servoient dans les fêtes ; on faisoit aussi des couronne s
avec KAcacia nilotica ou g ommi e r ( i ) , que les anciens appe loi ent épine d'Egypte. On
est étonné que deux arbres épineux aient été employés à cet usage; mais l'un ou
l'autre présente assez de branches t endr e s , fleuries, sans épines , p o i u - p o u v o i r être
mises dans des couronne s . Pline (2), sur l'autorité des auteurs les plus érudits de son
temps, traite de pur e fable ce qu'on débitoit au sujet du perséa et du p ê c h e r : on
prétendoit qu'un de ces arbres vénéneux dans la Pe r s e , ayant é té transplanté pa r
vengeance en Égypte, y étoii devenu bon pa r l'effet puissant du climat. Pline a jout e
(|ue le perséa ne croît qu'en Or i e n t , et que ce fut Persée qui le planta à Memp h i s ,
en sorte qu'Al exandr e o r d o n n a que les vainqueurs p o r t e r o i e n t des couronne s de
feuilles de cet arbre p o u r h o n o r e r Pe r s é e , qu'il c omp t o i t pa rmi ses aïeux.
La doucein- des fruits du perséa étoit vantée ; les fruits du haleg d'Ar abi e , que
je crois être les même s que ceux du perséa , sont d o u x , suivant ForskaI. J'ai goût é
quelques-uns de ces fruits sur un seul arbre dans un jardin presque a b a n d o n n é au
Kaire ; ils é toi ent astringens et f e rme s avant leur ma tur i t é : j'en gardai quelques-uns,
qui se ramollirent et prirent une saveur d o u c e que je ne trouvai p o i n t agréable, Le^
nègres de Da r f o u r m'assurèrent c ependant que ce fruit étoit très-bon dans leur pays.
il a paru d'autant plus é t o n n a n t aux auteurs qui ont é tudi é l'antiquité, de ne
plus retrouver le perséa en Égypt e , qu'ils é toi ent persuadés que cet arbre y avoit été
commun c omme tout autre arbre i n d i g è n e ; mais à cet égard ils se t r omp o i e n t .
Le perséa étoit exot ique , puisqu'il avoit été a p p o r t é d'Ethiopi e (3) ; il étoit mis
sous la prot e c t ion de la r el igion, et dédi é à Isis. On . t r o u v o i t de la ressemblance
ent r e quelques-unes de ses parties et celles des corps animés : son fruit
avoic, disoit-on, la f o rme du coeu r ; et sa feuille, la f o rme de la langue (4).
Les Qo b t e s , en n omma n t lébakh l'ancien perséa , o n t r appor t é que c e t ' a rbr e
adora Jésus - Christ dans la haut e Egypte ; la même tradition religieuse a été conservée
par les historiens de l'Église (;).
(I) Theophrast,//Ì5T.;,/j„r. lib. iv,cap. ii)
(i) Hist.nat. lib. xv,cap.x!il.
(5) yoy. Diodore de Sicile,fiiW, l.isr. lib.
(4) Plut. Op. gr. et lat. torn, n , hide
P'ig- 378, C. ¿dit. de P.iris, 1624,et Tuntêd'h
'"d. de D. Hicard, ya^. ¡¡8. Saumaise me paroii
iusiement remarque que la forme en coeut du ft
W. N. T O M t I I .
p. 30, C.
• Osiride,
et Osi,
re de celle du
de ia forme d
•t le plus comm.
pag. 87, D.
(5) Voyei les n
•. Voyez
in Sclin.
de M. de Sacy dans sa traductior
•t du d'Abd-aliatif, pag. 67.