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C|ui sont transportées par le N i l , doi t forme r un dépôt plus épais à mesure (¡ne
l'on s'éloigne du lit de ce fleuve.
L e creusement des canaux d'arrosage dont l 'Egypte est ent r e coupé e , n'a rien
changé à l'ordre que les diñc rences de pesanteur spécificjue ont établi dans la disposition
des attérissemens du Nil. Il est aisé de c o n c e v o i r , en c f l c t , ([m; les
eaux condui tes artificiellement et arrêtées contre les barrages ne peuvent y déposer
que du l imon, la seule madè r e qui trouble encore leur transparence lorsqu'elles\
arrivent.
Si par ce qui précède on s'est formé une idée précise de l'action du Nil sur ses
])erges, et si l'on a bien saisi la marche de ses al luvions, on se t rouve condui t natiivcllement
à <listinguer, dans la vallée d'Égvpte, sa partie la plus profonde , ou plutôt
la plus éloignée des montagnes qui la bordent , et la |)artie la plus rapprochée de ces
montagnes. La première est exposée à être sillonnée par le l leuve, qui a tracé son
lit tantôt dans un endroi t et tantôt dans un autre ; cette partie de la surface de
la vallée a pu êt re, à diverses reprises, déblayée et remblayée par le courant : la
seconde por t ion, qui est voisine des déser ts, se t rouve en quelque sorte à l'abri de
son ac t ion, depuis que l'ordre actuel est établi; le sol qui la recouvre, est composé
de couches horizontales superposées dans un ordre successif qui n'a jamais euinterverti.
En débouchant de la longue vallée où il coule depuis l'île d'Élép han tine jusqu'à
la vue des pyramides , le Ni l , dans les premiers temps de son r é g ime , commença
à rempl ir d'attérissemens le gol fe dont le De l t a oc cupe aujourd'hui l'emplacement:
leurs progrès naturels déterminèrent la conf igurat ion à laquelle cette partie de
l'Egypte doi t le n om qu'elle a por te jusqu'ici. En ef fet , c'est au mi l ieu du couram
d'un fleuve que se meuv ent les matières les plus pesantes qu'il charle : tant que
la vitesse de ce courant est assez considérable , elles cont inuent à se mouvoir;
mais, au moment où les eaux peuvent s'étendre dans un plus grand espace, leur
vitesse diminue tout -à-coup, et le dépôt de ces matières c omme n c e à s'opérer dans
le pr o l ong ement du courant qui les transportoit. Le fleuve, obligé de contourner
le banc qu'elles f o rme n t , se partage nécessairement en deux branches , au milieu
de chacune desquelles s'établit, par les même s causes, un banc secondaire qui,
prenant journel lement de nouveaux accroissemens, finit par se réunir au premier.
Les attérissemens t rouvent ainsi , entre les deux branches du fleuve, un ()oini
d'appui qui , sous la forme d'un triangle ou du eie/ta Gr e c , s'étend de plus en plus
par ¡ 'écartement de ces branches. Out r e les deux pr incipales, il s'en forme d'intermédiaires,
qui , suivant les ci rconstances , se comblent ou s'approfondissent, a |
qui jet tent leurs eaux dans des lagunes ou des marécages , état par lequel passent
toujours les attérissemens des fleuves, avant d'être rendus propres à la culture
par un des sèchement suffisant.
D'après l'explication que nous donnons ici de l'origine de la Lasse Egypte, on
conçoit c omment quelques historiens de l'antiquité n'ont admis que deux branches
naturelles du Ni l ; la Canopique à l 'oc c ident , et la Pélusiaque à l'orient. Ils regardoient
les cinq autres c omme des canaux artificiels, parce qu'en eiTet le travail des
SUR LA V A L L E E D E G Y P T E . ^ Çf Ç
liommes dut s'opposer à ce que les rameaux intermédiaires s'obstruassent par des
attérissemens, puisqu'ils pouvoi ent servir de canaux d'irrigation et porter les eaux
du Nil sur les terres de nouvel le f o rma t i on, dont l'agriculture s'étoit emparée.
Par cela seul que les branches Canopique et Pélusiaque por toient à la me r le
volume presque entier du Ni l , c'est à leurs embouchures que dut se former presque
exclusivement le dépôt des alluvions qu'il charioit.
Les rives de cj iacune de ces branches se prolongèrent ainsi vers le large, entre
deux plages sablonneuses qui étoient leur propre ouvrage ; leurs embouchures
s'avancèrent dans la Médi ter ranée plus au nord que le reste de la côt e ; leur déve -
loppement devenant plus cons idérable, leur pente diminua propor t ionne l l ement ,
et les eaux du Ni l se jetèrent dans les canaux intermédiaires les plus voi s ins ,
suivant lesquels elles pouvoi ent s'écouler à la me r avec plus de rapidité. Un e
parde du fleuve se porta à l'est en descendant de la branche Canopique dans la
Bolbitine, tandis que les eaux de la branche Pélusiaque descendirent dans la Sébenniciqiie.
C e changement eut lieu graduel lement ; car, s'il eilt été produi t tout-à-coup,
on auroit conservé le souveni r de l 'époque à laquelle il s'opéra. Ce qu'on peut
aiîjrmer, c'est que le rétrécissement du De l t a par le rapprochement des bras du
Nil qui le r enf e rment , est postérieur au siècle de Pl ine , puisque cet auteur désigne
encore c omme les plus considérables les anciennes branches Canopique et Pélusiaque,
qui sont aujourd'hui oblitérées.
Celles qui s'enrichirent de leur appauvrissement , les branches Bolbi t ine et
Sébennitique, o u , c omme on les appel le aujourd'hui , celles de Rosette et de Da -
niiette, ont , à leur tour , étendu leurs embouchures en saillie sur la côt e d'Egypt e ,
de sorte qu'elles présentent mai j i tenant , dans le système hydrographique de ce pays,
un état semblable à celui où se t rouvèrent autrefois les branches Canopique et Pélusiaque,
quand les eaux cessèrent d'y couler pour se porter vers l'intérieur du Del ta.
Que l'on c omp a r e , en e f f e t , le dé v e loppement actuel de la branche de Dami e t t e
au développement de l 'ancienne branche de Péluse jusqu'au lac Menzaieh , qui
peut, sans beaucoup d'er reur , être supposé de niveau avec la Médi t e r r ané e , et
ion trouvera que les longueurs de l 'ancienne branche Pélusiaque et de ia branche
actuelle de Dami e t t e sont entre el les, à très-peu près, dans le rappor t de 17 à i 8 ;
d'où l'on voi t que , si les eaux du Ni l étoient abandonnées à leur cours naturel
entre le Kaire et le Ventre de la Vache, elles se por teroient aujourd'hui dans la
branche de Péluse, qui redeviendroi t ainsi, c omme aut refois, l'une des deux principales
branches du Nil.
Les eaux de la branche de Dami e t t e tendent également à se jeter dans le canal
de Menouf , parce que, suivant la remarque que nous en avons déjà faite, le développement
de ce canal entre son embouchur e et le Ventre de la Vache est moindr e
que le dé v e loppement de la branche de Roset te entre ces deux mêmes points.
La digue de I-ara'ounyeh , située à l'origine du canal de Me n o u f , s'étant r ompue
il y a quelc[ues anné e s , il fallut ent reprendre des travaux considérables pour la
réparer; on se rappellera long- temps dans le pays la viol ence avec laquelle les
eaux se portèrent par cette voie dans la branche occidentale du Nil. Ce l l e de