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D E LA C O N S T I T U T I O N P H Y S I Q U E
sable à l'extérieur, et intc rieur em eut de limon cfu Nil. Ces espèces de digues
sont dues principalement aux aticrissemens produits par le courant littoral, <jui
va de l'est à l'cuesi, et qui se trouve brise par les espèces de caps que forment
les diverses bouches du Nil. Il est assez vraisemblable que la formation de ces
barres a été favorisée et déterminée, en partie, par d'anciens travaux des Êg\p.
tiens; conjecture qu'un certain nombre de fouilles pourroit aisément vérifier.
Ces lacs communiquent avec la mer par diverses coupures qui sont pour la
plupart d'anciennes bouches du Nil. La barre du lac Menzaieh présente quatre
coupures, dont deux sont les bouches des anciennes branches Mendésiennc a
Tanitique. La coupure unique du lac Bourlos paroît être la bouche de l'ancitnne
branche Sébennytique.
Il est aisé de s'apercevoir que l'état de ces lieux a beaucoup change depuis le:
temps anciens. Si, d'une part, les attérisscmens du fleuve et de la mer ont agrandi
et prolongé la base du Delta, d'un autre côté aussi les Égyptiens, maîtres autrefois,
par leurs travaux et leurs anciennes digues, de l'écoulement des eau\ du
Nil, dont ils disposoient d'une manière plus appropriée à l'avantage du pa\j,
conservoient à la culture une grande partie du terrain que recouvrent aujourd'iiui
les eaux. On ne peut guère se refuser à croire que de grands affaissemens opérés
depuis les temps historiques ont contribué à l'extension de plusiein-s de ces lac.-,
sur-tout de ceux de Bourlos et de Menzaieh : sans cela, comment d'anciennes
bouches du fleuve se trouveroient-elles séparées de la terre ferme î
Le Nil ne coule point, dans le Saïd, à des intervalles égaux des deux chaînes de
montagnes, sur-tout dans l'étendue de la région calcaire. On ne sauroit s'écarter
beaucoup de la vérité en évaluant à 4ooo mètres la largeur moyenne de la bar.de
de terrain cultivé shuée sur la rive droite du-fleuve, et à 10,000 mètres environ
celle de la rive gauche. Si l'on ajoute une largeur de 1000 à l i o o mètres pour
le lit du fleiive dans ses basses eaux, et certaines bandes purement sablonneuics
dont il est fréquemment bordé, on aura, pour l'ouverture mo)enne de la vallée
dans la région calcaire, environ 15,000 mètres.
Entre les montagnes de grès, cette largeur moyenne est d'environ 4000 mctre<^
ou un peu moins d'une lieue : mais, <lans les parties les plus ressen-ces, l'Egypte
n'a, ainsi que dans la région granitique, que la largeur nécessaire pour le passage
du fleuve, et deux étroites lisières de terrain cultivable, qui bordent les deux rives;
encore ces lisières disparoissent-elles quelquefois, et les eaux du Nil baignent le
pied des montagnes.
L'Egypte sépare en deux parties les déserts de l'Afrique septentrionale : l'AraWe
à l'orient, à l'occident la Libye; toutes deux, sous un ciel d'airain, également sèches
et stériles; immenses et affreuses solitudes, à qui la nature n'a rien accoulé, et sur
lesquelles l'imagination même ne s'arrête qu'avec effroi. Dans ces déserts pi ivésde
tout, vivent heureuses cependant et en pleine liberté des hordes nomades et guerrières
, connues sous le nom de Bédouins. Redoutables à l'Egypte par leur caractère,
par leurs besoins, par leur réunion, invincibles par la rapidité de leur fuite et le
dénuement de leurs retraites, elles sont Habituellement en état de gucrn; avcr
D E L L G Y P T E . ^ ^ ^
le reste des hommes, comme les corsaires des côtes voisines. Pour ressources,
elles ont le pillage des lieux habités, et la dépouille des voyageurs et des caravanes.
Ajoutons que les chevaux de race qu'elles élèvent ont un grand prix; que des
troupeaux, peu nombreux, de chameaux et de chèvres, trouvent encore dans
ces lieux arides quelques plantes, quelques broussailles éparses, séparées par des
heures de marche et quelquefois par des journées entières, mais qui suffisent enfin
à leur subsistance.
Plusieurs de ces tribus d'Arabes se tiennent habituellement vers les confins de
l'Egypte : campées sur les limites de la vallée, elles vendent leur protection aux
villages voisins, ou s'emparent de terrains qu'elles afferment ; et leur voisinage
tient dans une condition toute particulière l'état civil du pays cultivé, déjà j)cu
accessible pour le voyageur.
§. IL
Des Montagnes qui bordent l'Egypte.
TOUTE la vallée d'Egypte, à l'exception du Delta, est encaissée entre deux
chaînes de montagnes médiocrement élevées, non-seulement incultes dans toute
leur étendue, mais absolument nues depuis leur base jusqu'à leur sommet. La
nature de leurs couches a été, comme celle des matières qui forment les monumens
antiques, le sujet de plusieurs erreurs de la part des voyageurs anciens et
modernes, qui rarement ont eu la faculté de les examiner de près, Depuis leur
extrémité septentrionale jusqu'à dix myriamètres de la cataracte, elles sont l'une
et l'autre de formation secondaire et de nature calcaire. Au-delà, elles sont composées
d'un grès sablonneux, légèrement micacé, de nuances variées, tendre, facile
à tailler, et princi])alement employé dans la construction des anciens édifices de la
Thébaïde, Ce n'est que vers Syène, une heure avant d'arriver à la cataracte, que
paroissent, sur les bords de la vallée, les terrains primitifs et ces montagnes granitiques
si renommées par la beauté des roches qui les composent, par la grandeur
(les blocs qui ont fourni ces temples monolithes, ces obélisques, ces statues colossales,
et tant d'autres objets qui décoroient les édifices de rÉg>pte ancienne et
sont encore l'ornement de bien des édifices célèbres de l'Asie et de l'Europe,
Dans toute l'étendue des deux chaînes, les montagnes opposées correspondent
assez bien entre elles par la nature des matières, quoique souvent elles différent
par leur aspect. La chaîne orientale présente, dans sa partie septentrionale, des
escarpemens semblables à de longues murailles formées d'assises horizontales. Le
nom de Cck-l el-Mok<ittum[momK^r\c. taillée] qu'elle porte dans le pays, lui a été
donné sans doute à cause de ces formes escarpées, et peut-être de la multitude
de grottes et de carrières qu'on y voit de toutes parts. Après avoir accompagné
ie Nil sans interruption depuis son entrée en Egypte, elle se termine d'une manière
^lirupte, au-dessus de la citadelle du Kaire, présentant des escarpemens du côté
la ville aussi-bien que du côté du fleuve.