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J G Î DE LA C O N S T I T U T I O N P H Y S I Q U E
§. I I .
Thèbes.
A THÈBES, OÙ il existe des monumcns iiomlireux, Î|IM forment un ensemble
presque aussi ' considérable que ceux qui se trouvent dans le reste de la TIKbaïde,
et qui sont aussi d'époques fort diflèrentes, presque toutes les variétés
de grès ont été employées. La plus c ommu n e est de couleur grise et assez
tendre; la plus abondante après celle-là est d'une teinte jaunâtre dans les cassures
nouvelles, et un peu plus dure que la précédente : toutes deux sont assez
sembla!,les, sur-tout la s e conde , aux bancs exploités qu'on voit dans les grands
escarpemens du Gebel Selseleh. 11 est probable que la maieure partie des matériaux
de Thèbe s a été tirée de cette localité.
La pierre du mo n ume n t d'Osymandyas, sur la rive gauche du Ni l , est d'un
grain plus sec et d'un ton jaimàtre plus clair que celle d'aucun autre moniimem
de Thèbes. Quoique l'édifice soit assez ancien et que de grandes parties aient
disparu, ce qui en reste paroît plus neuf que la plupan des autres édifices de
l'Egypte. Ses dégradations ne peuvent être attribuées à la qualité de la pierre.
Le palais de Qo u r n a h , situé sur la même rive, et qui doit être beaucoup plus
ancien que le tombeau d'Osymandyas, est construit avec un grès à peu près semblable
Sa teinte plus sombre à l'extérieur paroît être l'effet du temps.
Les monumcns de Lonqsor , sur la rive droite du Ni l , et sur-tout sa longue
colonnade, ont une teinte plus claire que le précédent , et un grain un peu
moins sec que celui de la pierre du tombeau d'Osymandyas. Ces trois édifices,
malgré ces légères différences, peuvent être rapportes à la seconde varíete indiquée
ci-dessus.
A Karnak, le grand palais, et particulièrement les énormes colonnes de la
grande salle lij postyle, sont construits avec un grès un peu plus blanc et
peut-être un peu plus compacte que la plupart des autres monumens du même
" ' " L " plupart de ces derniers sont d'un gris cendré, aussi-bien que le bel édiüce
de Medvnet-abou sur la rive gauche. To u s les grès de cette couleur sont, en pnéral
plus tendres que ceux de nuances plus claires, et communément aussi d un
grain un peu plus fin; leur ciment paroit plus argileux. Ils renferment des pailleiies
de mica plus abondantes, et, par places, de petites taches jaunes ou noirâtres
d'oxide de fer. , T-I i
J e ne pousserai pas plus loin ces détails ; la multitude des edifices de lliebe.
rendroit les distinctions fastidieuses, quand même les données ne manqueroient
pas poin- les établir ; d'ailleurs, le même monument renferme quelquelois
des variétés de grès différentes pour le tissu, comme ].oi,r la nuance des teintes.
Cela ne se distingue guère aujourd'hui à l'extérieur, où le temps a mis en l.aimonie
toutes les nuances. Quand les monumcns ctoicnt nouvellement construí!.,
quelque légères que fussent ces différences, elles auroient produit sans doute m
DE L EGYP T E . / IV PARTIE. ^ 8 3
effet (Icsagrcablc à l'oeil, si les surfaces croient restées parfaitement lisses ; mais,
comme elles ctoicnt dccoupccs par une multitude de bas-rclicfs et de légendes
liicrogl>phiques, qui, malgré leur peu de saillie, formoient une infinité de petits
accidens de lumière et rompoient l'uniformité du fond, la diiférence des nuances
devoit être presque insensible. Il est encore incertain, au surplus, si les Égjptiens
ne revêtoient pas de couleurs les surfaces des monumcns : cela est constant au moins
pour l'intérieur, et l'on en retrouve encore les traces en beaucoup d'endroits.
in.
Causes parliculières de dégradation.
DANS un des pylônes de Karnak qui s'est écroulé et n'offre plus aux regards
(ju'un vaste monceau de pierres taillées, j'ai rcjiiarqué qu'une partie de ses matériaux,
qui, en général, sont d'un médiocre volume, étoit de ce grès fissile ou
feuilleté qu'on trouve dans la partie septentrionale des montagnes et dans les
couches supérieures des carrières. C'est à leur emploi, sans doute, qu'il faut attribuer
sa destruction ; car ces sortes de constructions, par leur forme pyramidale,
doivent, malgré leur grande hauteur, se conserver plus intactes que les autres.
Ces accidens font sentir que la longue durée des monumens est due moins e n -
core aux qualités conservatrices du climat qu'au choix bien entendu des matériaux,
ainsi qu'à l'énormité des blocs placés à propos dans les parties les plus exposées
aux dégradations, ou qui, par leur situation, dévoient influer sur la stabilité des
autres. Quand les Egyptiens ont néglige ces précautions, leurs monumens ont
cédé aux efforts du temps.
Les édifices des autres peuples qui ont dominé si long-temps en Ég}'pte et
qui étoient renominés aussi dans l'art de construire, quoique sous le même climat,
qiioiqu'ayant à peine la moitié ou le tiers de l'âge des édifices Égyptiens, n'ont
pu braver, comme eux, l'action lente et destructive des siècles; et le peu qui
en reste, ne présente pas le même caractère de solidité. Il est vrai qu'il n'y avoit
pas parité entre ces gouverneraens étrangers et l'ancien gouvernement du pays,
pour la position, pour les ressources et pour l'esprit qui devoit les animer : ils
ne ¡vouvoient pas songer, comme lui, à imprimer à leurs ouvrages ce caractère
d'cternitc auquel il sembloit prétendre dans tous les siens.
Chez les Egyjniens mêmes, cette grande attention pour la solidité ctoit le
résultat d'une très-longue expérience ; et sans doute ils ne l'avoient pas apportée
dans tous les t emps , à en juger par la grande quantité de matériaux employés
pour la seconde fois dans les édifiées qui subsistent aujourd'hui : mais il y a pour
ce fait, il faut le remarquer, une autre raison jilus puissante dont nous jiarlerons
plus loin.
Une cause j^articulière de destruction, indépentlante du inode de construction
et des efforts des h omme s , agit encore sur les monumcns existant aujourd'hui;
elle tient à l'action chimique du sol et de l'atmosphère. Elle s'exerce spécialement
/.'. /•/. TOME U. JLCCC
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