•I •••i
m :tl
4 4 8 DE LA C O N S T I T U T I O N P H Y S I Q U E
marchant sous nos étendards, et leurs nombreux essaims de cavaliers légers guidant
nos bataillons, ou pixjtégeant ces riches convois qu'ils pilioient naguère.
Quckiuefois il peint aussi le Français ctu-ieux et voyageur, qui s'abandonne à
sa foi, et parcourt, sous l'abri de sa lance, ses profondes solitudes, mesurant ses
plaines et ses vallées désertes, gravissant sur ses rochers nus, jadis inaccessibles ; ou
guidé par lui vers des lieux révérés, e t , jusqu'aux mers lointaines, rencontrant avec
sécurité, sur leurs bords inconnus, d'autres tribus encore plus sauvages, surprises
d'apercevoir les vctemens de l'Occident et d'entendre des sons ([u'elles ne sanroient
comprendre : il dit avec orgueil comment , fidèles à son antique alliance,
elles accueillent, protègent, comme lui-même, l'étranger, et, dans ces lieux bnilans,
séparés du monde entier, sans ressource, comme sans abri, s'empressent à partager,
avec ces hôtes si nouveaux, et leur frugal repas et leur tente hospitalière,
L'Arabe, avide de vengeance, implacable dans son ressentiment, mais équitable
et prompt à oublier les calamités de la guerre, prononce le nom de la Fran(c
sans colère et sans ha ine , ne lui refuse pas ses éloges, e t , dans ses narrations
graves et figurées, souvent applaudies, il élève jusqu'au ciel sa vaillance et sa foi.
Guerriers, qui avez porte si loin la gloire du nom Français, qui avez combattu
pour l 'honneur , les lors et l'indépendance de votre pays, et qui sauriez encore
les défendre; dont la valeur et le dévouement l'ont consolé si long-temps dans ses
maux secrets, l'ont environné d'éclat jusqu'en ses temps de deuil : la vraie gloire
ne s'éteint pas dans le ma lheur; la vôtre sera immortelle : les coeurs droits, les
esprits généreux, applaudiront à vos travaux; que faut-il de plus !
Le voyageur qui traverse les déserts, rencontre avec joie, dans ces âpres solitudes,
un site favorisé du ciel. La nature, mor te à ses yeux, semble renaître pour
lui; il laisse errer, avec enchantement, ses regards long-temps attristés sur le vert
feuillage des arbres, sur les eaux vives et limpides ; il s'arrête pour savourer le
parfum des fleurs : ranimé par de riantes images, il oublie l'ennui, les fatigues
du trajet ; il continue avec un courage nouveau son pénible voyage.
C H A P I T R E I I I .
Du Terrain qxii environne l'Ègpte, et de ses Rapports arec cette contrée.
§. I . "
Du Pays situé au Sud et au Couchant.
AU-DEL.\ de Syène, d'Éiéphantine et des rochers qui forment la dernière
cataracte du Ni l , la vallée, encore étroite et sinueuse; bordée de hautes montagnes
granitiques, sombres et dépouillées, mais majestueuses et imposantes;
arrosée par un fleuve entrecoupé d'îles couvertes de verdure, et de rochers aridci;
offrant elle-même, au milieu de sa nudité, tantôt sur une rive, tantôt sur rauivc,
quelques traces de culture et d'habitation , conserve encore quelque temjjs le
même aspect sauvage et pittoresque qu'elle avoit entre Syène et Phila; : mais, en
rcmoiuani
D E L ' É G Y P T E . 4 4 P
remontant davantage vers le sud, sa largeur, qui devient considérable et se maintient
plus égale, rend son aspect plus uniforme. Nous nous bornerons à dire ici
(¡u'en général cette contrée, assez imparfaitement connue, que parcourt le Nil au
sud de la cataracte, et qui porte le nojn de Nuùic, présente, dans son état physique,
et dans les nombreux monumens qui attestent son ancienne civilisation, à peu près
les mêmes circonstances que la Thébaïde.
Au couchant de l'Egypte et derrière la longue chaîne de montagnes qui bordent
la rive gauche de la vallée, s'étendent les déserts, tantôt montueux, tantôt sablonneux,
de la Libye, au sein desquels se trouvent, à peu de journées du Nil, quelques
terres plus heureuses et de tout temps cultivées : les Oasis, que les Grecs coraparoient
à des îles de verdure au sein d'une mer de sables. On en compte trois.
Les Égyptiens leur donnent collectivement le nom á'el-Ouah.
Par leur position, les Oasis se trouvent dans une certaine dépendance de
r£g)pte; elles lui ont été soumises dès les temps les plus reculés ; elles participoicnt
a son régime ancien, et possèdent encore des monumens analogues à ceux
de la Thébaïde et de la Nubie. Par suite des troubles perpétuels du gouvernement
moderne- et de son extrême incurie, elles n'ont plus avec elle que des
relations de commerce. Ce sont Jes stations, les lieux de rafraîchissement des
caravanes qui partent chacjue année de l'intérieur de l'Afrique, et traversent ce
gi'ancl désert poin- se rendre en Ég)'pte.
L'état des Oasis indique assez que ce sont les points les plus bas de la contrée,
les fonds des bassins où se rend la petite quantité d'eau qui tombe, à certaines
époques, dans cette partie de la Libye; et, ce qu'il importe de remarquer, ces
trois bassins sont , comme l'Égypte et la mer Rouge , dirigés du sud au nord :
par conséquent, il doit exister, suivant cette direction, une longue dépression
presque parallèle à la vallée du Nil ; ce qu'effectivement les habitans de l'Égypte
et ceux de l'intérieur de l'Afrique reconnoissent très-bien, puisqu'ils donnent à
cette partie du désert le n om de vallée des el-Ouah. Comme nous ne l'avons
pas visitée, et que nous n'en jugeons que sin- les rapports vagues des gens du
pays, nous ne saïu-ions prononcer si le nom de vallée peut être proprement
donné à une excavation de cette sorte. Cette dépression paroît se continuer trcsloin
dans la partie méridionale, tandis qu'à son extrémité septentrionale elle se
divise et s'efface en approchant de la Méditerranée.
La chaîne de montagnes qui sépare l'Égypte de ces déserts, emprunte d'eux le
nom de c/iahte Lihyque, comme la chaîne opposée, qui termine les déserts de
I Arabie, en a reçu le nom de chaînc Arahique.
§. H.
Disposition du Terrain situé a l'Orient de l'Egypte.
LORSQU'ON pénètre par quelque vallée dans l'intérieur de la chaîne Arabique,
0» trouve, à quelque latitude que ce soit, une succession continuelle de montagnes
^^ T OME i l . LU
Ï S T R - I U Î I H Î I I I N L L • S Ï 1 1 : mï mm