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4 5 8 DE LA C O N S T I T U T I O N P H Y S I Q U E
rameaux qui s c c h a p p e n t de la chaîne Libvque : aussi r e ç o i t - e l l e ties ilt-scm
environnans be aucoup plus tl'eau t|ue'l-'Ég.\pte n'en reçoit ties mont agne s ijui la
bordent; et sous un climat où les pluies seroietn plus a b o n d a n t e s , elle formeroit,
à longueur égale, le lit du fleuve le plus çonsidé-iable.
J e ne veux pas dire ([u'il ne puisse y avoir des (iminences assez considérables
encore dans le voisinage des Oa s i s : ma i s , au r a p p o r t des voyageurs, elles sont
beaucoup mo in s élevées que les mo n t a g n e s de la chaîne Libyque; et le cours des
grandes vallées transversales qui pa r t ent de cette chaîne et v o n t se r e n d r e dans
la vallée des r/-Ûa.i/i, est be aucoup plus é t e n d u que celui des gorges qui coupent
la partie orientale de cette cha îne et de s c endent dans la vallée du Nil.
§. I V .
Observations sur quelques conséquences de cette inclinaison générale du Terrain.
AINSI le Ni l , depuis sa de rni è r e cataracte, cotde d o n c dans ttne fente prof
o n d e , creusée à m i - c ô t e de ce grand terrain aride qui s'incline lenteinnit
depuis' les mo n t a g n e s de la Tr o g l o d y t i q u e jusqtia la vallée des d- Oiiah. Cette
situation de la vallée d 'Ég i p t e présente un p h é n omè n e qui semble s'écarter Jrs
règles les plus ordinaires de l'I.ydrographie, et qui f o rme un caractère particuliet
d e cette cont r é e. En E u r o p e , et dans tous les pays liabités, les lits des plus grandi
fleuves se t r o u v e n t dans les parties les plus basses, et qui sont disposées de
manière à r e c evoi r la mtdt i tude de ruisseaux et de rivières qui s'y dirigent ilc
toutes les parties voisines ; aussi les fleuves deviennent.ils toujour s plus consiilc.
rabies à me sur e qu'ils a p p r o c h e n t de la mer . L e Ni l , au cont r a i r e , t|ui, dans im
espace de plus de quatre cents lieues, ne reçoit aucune r i v i è r e , aucun ruisseau
pcnnanent p o u r c omp e n s e r les pertes de l ' évapor a t ion, d imi n u e à mesure (|u'il
s'approche de ses embouchur e s .
C e t t e disposition de l 'Egypt e , par r a p p o r t au terrain qtt'elle traverse, est
une des plus for te s preuves que le Nil n'a point crettsé lui -même le lit où il coule,
au moi n s dans sa partie inf é r i eur e , n o n - s e u l eme n t parce que les grands lleuves
tendent plutôt à exhausser leur lit qu'à le c r eus e r , mais aussi pa r ce t|u'en suppo
sant l'excavation encor e a f a i r e , la p e n t e générale du sol l'appelleroit plus a
l'ouest ; a l'appui de ceci, l'on peut citer l'endroit où la chaîne Libyt|ue se trouve
interrompue; car , loin d'être une vallée qui verse ses eaux dans l'Egypte, cette
grande c o u p u r e du F a j o u i n , c omme nous l'avons indiqué , r e ç o i t , au contraire,
les eaux du Ni l ( I ) . C • I
Les observations r é c ent e s et les témoignages de l'histoire conf i rment également
cette t endanc e du fleuve à se por t e r vers l'ouest, qui résulte de la disposition
du sol. Le s anciens écrivains, et n o t amme n t Hé r o d o t e , assurent que le
(1) On a soupçonné même quv le Nil, ou
branche<, avoil pris son cours autrefois par c
lure pour sejelerdansia grande dépression situ.
etoùseliouifalii
qui porte le nom do Flemt sans fULi
abondaninieni des arbres pétrifiés.
DE 1 , 'ÉGYPTE . 4S9
Nil couloit jadis à l'occident de Memphi s . Ce n e fut que par des travaux considérables
que IMenès parvint îi le rejeter à l'orient de cette ville; mais on n'a
éprouvé aucune difficulté p o u r dériver de la br anche Ca n o p i q u e un canal qui
portât les eaux tlu Nil vers Al e x a n d r i e , au travers des déserts qui sont à l'ouest
du Delta.
La teiitlance naturelle du fleuve à grossir aujourd'hui la br anche de Ro s e t t e ,
l'appauvrissement de la branche de Dami e t t e , l'entier dessèchement de l'ancienne
branche Pélusiaque, et tl'autres faits tie eette n a t u r e , p o u r r o i e n t être attribues
à cette disposition du Nil à se por t e r vers l'ouest; mais d'autres causes aussi
peuvent y concour i r , et il ne faut pas pousser trop loin ce principe. De ce
,|ue le Nil se por t e vers l'ouest dans les points où la chaîne Libyque suppr imé e
le laisse obéir à la pent e générale du terrain, il ne suit pas pour t ant ([ue l'in-
Juence de cette pent e doive avoir lieu pa r - tout ailleurs, et q u e , dans tout e
retendue de la haut e Egypt e , le fleuve doive se rejeter naturellement vers la
diaîne Liljyque : car la disposition du sol d'alluvron, dans l'intérieur de la vallée,
n'a pas de relation nécessaire avec cette pent e générale du terrain sol ide; elle p e u t
mente se t rouve r inverse ; et c'est ce qui arrive efleetivement dans be aucoup d'endroits,
où l'on voit le Nil se por t e r de pr é f é r ence vers la chaîne Ar a bi que , qu'il
Borde quelipiefois d'assez près, et d o n t il ronge et dégrade le pied. Da n s quelques
endroits même , et pr inc ipa l ement dans celui qui por t e le n om de Odd d-Tcyr
ou montagne des Oiseaux, et à la mo n t a g n e dite de la Po,die, on voit que ces
dégradations sont postérieures aux travaux des Égyptiens. Le pied de la mo n -
lagne a été tellement excavé par l'action du c o u r a n t , qui se dirige de ce côt é , que
Je grandes parties du roche r où étoient creusées d'anciennes grottes, se t rouvent
entièrement éboulées : on distingue seulement les vestiges du fond de ces grottes
sur la paroi rase et escarpée de la mont agne . Ce t t e direction du cour ant tient à
des causes particulières, d o n t que lque s -une s se t rouve ront déve loppé e s dans les
autres parties de ce travail.
Notre but actuel est seulement de faire connoî t r e la configuration du terrain au
milieu duquel l'Egypte est située, afin que l'on puisse apprécier son influence sur
certains p h é n omè n e s relatifs au r égime du Ni l , et ses rapport s avec plusieurs
i|ueitions générales relatives à la constitution physique de la cont r é e et à l'origine
de cette gr ande vallée.
§. V.
Des Contre-pentes du terrain. — Rapports de leurs Vallées avec l'inclinaison
D'APRÈS l'angle que fait la vallée du Nil avec la ligne d'inclinaison générale
du terrain, il résulte que les vallées de la c o n t r e - p e n t e qui est t o t n n é e vers
'Egypte, se trouvent dirigées presque à angle droi t sur celles de la pent e géné -
fsle, c ' e s t - à - d i r e que les vallées situées dans le côté oriental de la chaîne
JV. T OME
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