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I I O D E S C R I P T I O N D E S M A M M I F E R E S
particulier pour ces animaux, nous nous sommes tenus dans des cnoncés gcná'aii\;
il nous reste maintenant à faire connoître les cliauvc-souris sous d'autres rapport.;,
Nous n'eussions pas eu ces données de l'organisation, que le même résultat|
eût de même été obtenu par les seules considérations zoologiques; nous allons
le mont r e r dans l'exposé suivant:
Belon est le premier qui figura une chauve-souris, l'oreillard : Aldrovandc en
reproduisit la figure, et y ajouta celle de notre grande espèce d'Europe. Belon avoii
en outre assez bien signalé une troisième espèce qu'il avoit vue en Egypte.
Les voyageurs et les premiers naturalistes iconographes firent, dans la suite,
connoître que chaque pays avoit ses chauve-souris distinctes; s'ils ne le dirent
pas positivement, c'est du moins ce qui resultoit des publications de Clusius
Pison , Bontius, Flaccourt, Seba et Edw ards.
Cependant on possédoit ces matériaux dès 1 7 4 8 , qu'on ne croyoit encore
qu'à l'existence de cinq espèces de chauve-souris : le catalogue de Linnéus ou
son Systema naturoe d'alors ne fait pas mention d'un plus grand nombre.
Mais au moins on avoit jusque-là été d'accord sur rétablissement de la famille
des chauve-souris : c'etoit un de ces genres qu'on avoit fait d'instinct avam
l'invention des médiodes.
D'autres principes dirigèrent Brisson, en 1756; il avoit rangé les quadriipèdes
suivant l'ordre numérique des dents incisives. Dès qu'il s'aperçut que iichauve
souris se séparoient, d'après cette considération, en deux séries, il st
crut obligé de les partager également en deux genres, leur donnant les noiHi
de Pteropus et de Vespertìlio. On avoit alors si peu d'égard aux aiîinitcs ci«:
êtres, que personne ne fut choqué de voir ces deux groupes éloignés l'un de
l'autre, et leur intervalle rempli par des animaux autres que des chauve-sourii.
Comme on étoit dans cette fausse rout e , Daubenton cherchoit des sujets pou;
son anatomie comparée. Il vint à trouver en France quatre chauve-souris qu'on n'i
avoit pas encore observées ; et cette découverte l'engagea à revoir ce qui avoit cii
fait avant lui sur ces mammifères, et à en donner une monographie. Son Mémoire,
monument précieux, sur-tout si l'on se reporte à l'époque de sa publication,
fut imprimé dans le Recueil de l'Académie des sciences pour l'année 1759. L:
monographie d e c e célèbre naturaliste fut aussi enrichie , tant de plusieurs espccu
étrangères trouvées à Paris dans des collections publiques, que de celles qu'Adanso:
venoit dernièrement de rapporter du Sénégal.
Dès ce mome n t , ia famille des chauve-souris fut établie sur des bases solide.-
on eut un guide qu'on apprécia et qu on suivit.
Linnéus en donna Je premier l'exemple, mais non pas en toutes occasions
puisqu'il retira de son genre Vespertilio, la chauve-souris de Feuillée, ou le bec
de-lièvre, pour en faire, dans la douzième édition de son Systema naturoe (on m
sait trop pour quel mo t i f ) , le genre Nûctilio de ses dires.
On s'étoit jusque-là si bien trouvé de l'emploi des dents incisives pour Iciablissement
des genres, qu'il étoit naturel de beaucoup compter sur la valeur df
ce caractère : on fut donc étonné d'apprendre, d'abord par Briison, et ensuite d'um
Q U I SE T R O U V E N T EN E G Y P T E . j i 1
manière plus explicite par Daubenton, que les chauve-souris différoient entre
elles sous ce rapport.
Le nombre de ces animaux n'étoit pas encore considérable, et on donnoit
déjà plus d'attention aux ainnités des êtres : néanmoins on continua, à l'exemple de
Daubenton, à comprendre dans un seul genre toutes les chauve-souris connues ; et
pour s'en excuser en quelque sorte, on affecta d'insister sur la discordance de leurs
caractères génériques, et sur l'idée que ces êtres étoient comme frappés d'anomalies
inexplicables.
. Il n'y eut qu'ErxIeben qui reproduisit la division de Brisson, Pteropus et Vespertilio,
et qui se montra en cela un compilateur peu judicieux; car il détruisit l'essence
du genre Vespertilio, en le définissant comme Brisson, et en y faisant entrer les
nouvelles chauve-souris de Daubenton, auxquelles cette définition ne convenoit pas.
On ne fit plus dans la suite que se copier les uns les autres : d'ailleurs, on s'en
tint à un seul genre; et l'on crut satisfaire à ce qu'exigcoit l'état de la science, en donnant,
dans des annotations, l'énumération des dents incisives de chaque espèce.
C'étoit ce caractère, qui, entendu de diverses manières, avoit motivé ces
différentes façons de classer les chauve-souris : j'y donnai attention.
J e m'aperçus d'abord qu'une des circonstances de ces dents (i) avoit donné
lieu à quelques erreurs, même de la part de nos plus habiles observateurs. Pallas
avoit compté, à la mâchoire inférieure du Vesp. pictus, huit incisives au lieu de six
qui y sont réellement ; et Daubenton n'en avoit point remarqué en haut au Vesp.
fcrrian cquinum.
Je pus aussi apprécier une autre circonstance de ces dents , source d'autres
erreurs : c'est qu'étant plus petites que leurs alvéoles, elles s'en détaclient facilement,
et manquent dans quelques individus.
Enfin, une troisième observation explique encore mieux leurs nombreuses
anomalies; c'est ia dépendance dans laquelle elles sont des organes qui les
avoisinent.
Ailleurs que dans les chauve-souris, il n'y a guère qu'une seule manière d'être
pour les organes des sens, qui ont leur siege auprès des dents incisives. Ils sont , en
général, contenus dans de certaines limites, et ne nuisent pas au développement
de l'os intermaxillaire, qui lui-même à son tour fournit aux incisives tout l'emplacement
et la solidité nécessaires. Rien ne troublant cet arrangement, les dents
incisives croissent dans leur alvéole, selon l'action qu'exercent sur elles les élémens
dont l'être est constitue : effets en quelque sorte du concours de beaucoup de
causes très-disséminées et la plupart occultes, ces dents peuvent alors être employées
à indiquer ces causes d'une manière générale, et c'est dans ce sens qu'elles sont
appréciées comme un excellent caractère générique.
Le contraire a lieu dans les cliauve-souris, Leurs organes des sens se compliquent
de cette tendance du derme à acquérir un accroissement considérable :
I organe de l'odorat, entre autres, est souvent obstrué par des espèces de soupapes ;
mais comme il n'arrive presque jamais do développement extraordinaire en un
(I) Les dents incisives de I.i plupart des cli.iiive-soiiris sont crénelées.