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I 0 8 D E S C R I P T I O N D E S MAMMI F E R E S
sur les côtés un espace p r o p o r t i o n n e l à son é t e n d u e , ne p o u v o i e n t , p o u r rcncontrer
toutes ces chances de succès, que t omb e r d'un lieu élevé.
Les pi eds de de r r i è r e des chauve-souris dévoi ent d o n c , p o u r fixer ces animaux au|
j)lafond de leurs retraites, avoir u n e f o rme a p p r o p r i é e à cette destination : dès loi>
il devi ent facile de se r endr e c omp t e du parallélisme et de l'égaiitc de leurs doigt.,
aussi-bien que de la courbur e et de la jiointe acéré e de leurs ongles. Réilécliiy
s a n t , e n effet, que ces pi eds , d o n t nous n'avions pas d' abord rattaché les forinci
au plan des chauve-souris, c omp l è t e n t au cont r a i r e leur système (c e qui tlonne au\
diverses parties des organes de la l o c omo t i o n des usages qui se correspondent
e t qui sont dans des relations nécessaires), nous ne nous é t o n n e r o n s |)lus de
l'invariabilité des f o rme s de ces extrémités ; ce d o n t nous avions fait précédemment
le sujet d ' u ne r ema rque .
O n n' ent r e p o i n t dans les souterrains des chauve-souris qu'on ne soit d'abord
affecté p a r l 'odeur de leur fiente. On la t rouv e rassemblée en mo n c e a u x souvent
très-considérables sur le s o l , vers le c ent r e des espaces qu'elles o c c u p e n t : enfin oit
n e peut se mé p r e n d r e sur le lieu d'où p r o v i e n n e n t ces produi t s excrémentiel;
c'est de la voût e du souterrain.
C'est bien là aussi le r ende z -vous des chauve-souris ; c'est là e f t e c tn- ement qu'elle]
s'assemblent côt e à côte. Mais il ne faut pas oublier qu'elles y d eme u r e n t suspendues
p a r les pi eds de de r r i è r e ; et alors, c omme n t conc evoi r qu'elles puissent se
v i d e r , dans u n e situation si p e u convenabl e à cet o b j e t î
J e vais di r e c omme n t elles y p r o c è d e n t : je r a cont e r a i ce que j'ai vu.
Une chauve - sour i s , dans ce cas, me t d' abord une de ses pattes en liberté d
et en prof i t e t o u t aussitôt p o u r heur t e r la v o û t e ; ce qu'elle r épè t e plusieurs foi;
d e suite. Son corps , que ces efforts me t t e n t en mo u v eme n t , oscille et balance sut
les cinq ongles de l'autre pa t t e , lesquels f o rme n t , p a r leur égalité et leur parallélisme,
u n e ligne d r o i t e , c omme seroit l'axe d ' u ne charnière. Qu a n d la chauvesouris
est p a r v e n u e au plus haut p o i n t de la courbe qu'elle d é c r i t , elle étend le
bras et c h e r c h e sur les côtés un point d' appui p o u r y a c c r o c h e r l'ongle qui le
t e r m i n e , celui du p o u c e de l'extrémité antérieure. C'est le plus souvent le corpd'une
chauve-souris voi s ine , qu'elle r e n c o n t r e ; d'autres fois, un mu r sur les flam
ou bien un aut r e obj e t solide : mais, quoi que ce soi t , elle a atteint son b u t ; ellt
s'est mi s e dans u n e situation h o r i z o n t a l e , le v e n t r e en en-bas, c'est-à-dire dansk
situation qui lui c o n v i e n t p o u r se vider, et p o u r le f a i r e , en p r e n a n t soin de ? j|
robe.
Nous avons mo n t r é les cJiauve-souris sous deux cons idé r a t ions ; d' abord souij^
le p o i n t de vue de leurs affinités avec les q u a d r uma n e s , et en secontl lieu sou:B
celui des anomalies qui les isolent des autres mammi f è r e s : il nou s reste prc-B
sentement à indique r ceux de leurs traits qui les raj)])rochent aussi des anim.w
carnassiers.
L e i)lus gr and n omb r e vit de proi e ; leur e s toma c est pe t i t , sans étrangicmcni
ni compl i c a t ion : le canal intestinal, d'un di amè t r e assez éga l , est cour t , et k
coecum ma n q u e ent i è r ement .
QUI SE T R O U V E N T EN ÉC-YPTE. , 0 9
Les dents r é p o n d e n t à cet o r d r e de choses : les incisives sont lobées; les canines
longues et aiguës, et les molaires hérissées de pointes.
Quelques chauve-souris, qui vivent de f rui t s , o n t les dent s et les intestins un
peu difféi-ejnment c o n f o rmé s ; elles n ' o n t pas n o n plus le d e rme aussi cten<lu :
aussi sont-elles chauve-souris au plus petit titre possible.
Les dents argues du plus grand n omb r e sont leurs seules armes et moyens p o u r
attaquer, saisir et tiéchirer les insectes d o n t elles f o n t leur nour r i tur e : elles o n t
pour les atteindre au vol u n e facilité qu'on ne leur avoit pas e n c o r e r ema r q u é e ;
c'est la grandeur de leur b o u c h e : ce sont à cet égard de véritables engoul evens.
La commissure des lèvres ne s'étend p o i n t , chez les mammi f è r e s , au-delà des
dents canines; on diroit que la lèvre supérieure suit le sort des intermaxillaires,
qu'elle lui est s u b o r d o n n é e et qu'elle en est la coiffe : en e f f e t , la b o u c h e n'est
large et bien f e n d u e que che z les animaux d o n t les intermaxillaires s ont trèslongs,
et se t rouve au contraire d'une étroitesse ext rême dans ceux qui o n t ces
os très-])etits. Le s deux genres de la famille des mo n o t r ême s en o f f r e n t un exempl e
remarquable : l'ouverture de la b o u c h e est on ne p e u t plus di f f é r ente dans ces deux
genres, les orni thorhynque s et les cchidnés ; et leurs intermaxillaires s ont dans
ces môme s rapports.
Les chauve-souris, du mo i n s celles qui se nourrissent d'insectes, sont la seule
exception à cette loi générale que je connoi s s e : la commi s sur e de leurs lèvres est
très-reculée en arrière, et cor r e spond à la pénul t i ème molaire. On p e u t r ega rde r
leurs abajoues c omme la cause de cette anoma l i e : car les joues que ces p o c h e s
rendent flasques, se déplissent et s ' é t endent avec les lèvres ; et dès-lors la mâ c h o i r e
inférieure peut s'écarter de la supérieure jusqu'à f o rme r avec elle un angle de
quatre-vingt-dix degrés.
Les chauve-souris ressemblent aussi aux animaux carnassiers p a r les habitudes
tristes, la vie n o c t u r n e , la susceptibilité de leurs organes des sens qui les f o r c e de
fuir le bruit et la lumière, et leur mo i n d r e chaleur spécifique. Elles passent l'hiver
ou plutôt la plus gr ande partie de l'année dans l ' engourdi s s ement : e x t r êmeme n t
sensibles aux plus petites impressions du fi-oid et de l 'humi di t é , elles ne jouissent
d'une pleine activité et ne sor t ent de leurs retraites que dans les belles soirées
d'été; mais alors vivement excitées, elles ne sont attentives à rien : occupées de
chasse avec une a rdeur sans me s u r e , ou elles d e v i e n n e n t à leur tour u n e proi e
facile p o u r les oiseaux de proie de n u i t , ou elles d o n n e n t dans les pièges qu'on
leur t e n d ; elles t ombent dans des filets qu'on agite sur leur r o u t e , ou sont prises
à la ligne, parce qu'elles h a p p e n t , avec t r o p d' avidi t é , tout ce qu'elles voi ent
voltiger dans l'air.
Les observations ci-dessus nous mo n t r e n t les chauve-souris, d ' u ne pa r t , c omme
voisines des quadrumane s et des carnassiers, et de l'autre c omme p o u v a n t ê t r e
rapportées à un type particulier : o r , la cons équenc e où nous condui t le r a p p r o -
chement de ces résultats, est que les chauve-souris cons t i tuent un o r d r e qui se
distingue n e t t eme n t de celui des autres mammi f è r e s .
En présentant toutes les considérations qui établissent la réalité d'un t)j)e