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d'une manière régulière l'état physique, et qui aient jadis exercé une puissante
inf luence sur son état mor a l , et déterminé le caractère de ses primitives inst
i tut ions, source de toutes les autres; alors de simples recherches sur sa constitution
physique se t rouveront lices à beaucoup de branches importantes de
nos connoi s sances , sur-tout à l'histoire de leur or igine , encor e si peu connue;
elles deviendront par-là d'un intérêt plus général : il conviendra donc , en les
présentant , de se diriger d'après ces cons idérat ions , et de ne pas perdre de vue
ce que pour ront exiger, sur le même suj e t , les naturalistes, les philosophes ei
les antiquaires.
L a cona-ée que le Nil ar rose, dont l'Égypte forme une partie importante
réunit ces condi t ions. S'il n'est pas universellement reçu que la civilisation y ait
pris nai s sance, du moins l'est-il qu'elle s'y est développée dès la j)lus haute anti<[uiié,
qu'elle y a reçu des formes particulières de la nature du pays, du sol, du climat,
et des phénomène s physiques; formes qui de là ont passé dans d'autres contrées
de l 'Or ient et dans la Gr è c e , pour se répandre dans le reste de l'Europe
Quelques modi f icat ions qu'elles aient éprouvées dans ce long trajet et soui
des climats si différens de leur climat nat i f , cependant elles n'ont pu être
ent ièrement dénaturées : comparées avec les institutions pr imitives, elles laiïseroient
voi r encor e des traits de ressemblance faciles à saisir. Mai s comment
faire c e r approchement , c omment ret rouver ces institutions pr imi t ives , si ce
n'est en examinant , dans les lieux où elles se sont développées , ce qu'il y a de
plus impor tant et qui peut exercer une for te inf luence sur des esprits neufs et
sur une société naissante! C e n'est donc pas seulement , c omme on se le persuade
t rop c ommu n éme n t , les antiques monumens des ar ts, les faits de l'histoire,les
relations des anciens vo)ageur s , qu'il convient de consul ter ; c'est autant et peutêtre
plus que tout cela enc o r e , l'état physique du pays , parce que c'est là ce {|ui a
impér ieusement dicté les usages pr emi e r s , ce qui en a déterminé le caractère, et
c'est là peut-être aussi ce qui s'altère le moins.
Il pourra sembler étrange de supposer la connoi s sance de l'état physique de
l'Égypte utile à l'intelligence des usages de l 'Or i ent , et sur-tout de ceux de la Grèce
et des anciens peuples de l 'Europe. Quel s rappor ts, dira-t-on, avec la théogonie
de ces peuples , avec leurs arts, leurs connoissances physiques, médi cales , géographiques
, as t ronomiques , leurs systèmes de mesures, &c . ; 11 en existe pourtant de
bien réel s ; et l'examen approfondi de ce sujet peut condui re à des résultats d'un
grand intérêt pour l'histoire des sciences , et détruire bien des préventions relatives
à leur or igine : c'est ce que nous essaierons de démont rer .
Le s changemens survenus dans le sol de l'Égypte depuis les premiers temps où
elle fut habi tée, offrent des questions mixtes d'histoire naturelle et d'archéologic,
dont la solution dépent i de la connoi s sance exacte de l'état actuel du ])ays,ei
de la mar che des phénomène s qui tendent à le modi f ier . Il seroit impossible de
traiter ces questions avec suc cès , sans avoi r recours aux données de la géologie,
qui doit s'allier ici avec les recher ches historiques et avec celles de la géographie
compar é e et de la mét rologie.
Le?
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Les monumens nombreux qiti subsistent encor e en Égypt e, et dont l'origine
remonte au-delà de tous les temps connus par l'histoire, peuvent faire juger (juel
ctoit, à l'époque de leur cons t ruc t ion, l'état du sol où ils sont placés. Agrandissant,
pour le naturaliste, la pér iode ties temps historiques, ils présenteront des
moyens plus si1rs (|u on n en pour roi t obteni r en tout autre pays pour déterminer
les lois de certains changemens qui s'opèrent d'une manière insensible, mais continue,
à la surface du globe. Ils fourni ront ainsi des données sur l 'ancienneté
de l'état actuel de not re cont inent , question souvent agitée parmi les naturalistes
comme parmi les philosophes.
Ce travail offrira donc une marche pai'ticulière. Simple exposé des faits naturels
et de leurs conséquences géologiques, il seroit dépouillé de sa principale
utilité. Ce doit être aussi le déve loppement des rapports tlu sol de l'Égypte avec
les anciens peuples qui l 'ont habi té, l'ont couver t de leurs monumens , qui, dans
les temps les plus reculés , l'ont creusé, t raver sé, modi f i é , par leurs travaux dont
les vestiges existent encor e ; de ses rapports avec certains faits de l'histoire, avec
les relations des anciens voyageurs, qui par-là, se trouvant quelquefois éclai rcies,
deviendront plus curieuses. Alor s bien des questions abordées sans succès jusqu'ici
pourront être résolues.
De ces premiers résultats déduits de l'état du sol compa r e avec l'histoire et
les monumens anc i ens , on sera condui t à des questions nouvelles relatives à ce
qui fut jadis institué. Ce t t e s e conde pa r t i e , pur ement ar chéologique , formera un
ouvrage dist inct , qui aiu-a pour objet la r e che r che des institutions pr imitives de
l'Orient, sur-tout de celles qui sont fondamentales pour les s c iences , la religion
et l'administration du pays : ma i s , les bases principales de cet ouvrage devant être
établies dans c e lui - c i , c'est un mo t i f qui me fera insister par t icul ièrement sur
certains faits, sur certaines questions.
D'après l'exhaussement séculaire du sol de l 'Égypte, on pourra déterminer
l'époque de l 'érect ion de plusieurs monumens , conf i rmer cel le de plusieurs
usages anciens , justifier la découver te de la coudée Ki lomé t r ique employée sous
les Pharaons, 1' un des points fondamentaux du système mét r ique de l'Ég \ pte
Les rapports généraux du Nil avec le sol forment la t roisième partie de cet
ouvrage.
Par un mo t i f semblable, je me suis at taché spécialement à déterminer les limites
anciennes de l 'Ég }pt e , fondement prhicipal de sa géographie comparée. Ce t t e
détermination essentielle pour plusieurs questions géologiques offre aussi un
moyen de vérifier les mesures itinéraires de la cont r ée et tout son ancien s ) s tème
métrique : c'est l'objet de la s e conde partie.
Ces deux exemples donnent déjà une idée des relations du sol de r É g } p t e a v e c
son état ancien. Pour les mieux appr éc ier , arrêtons nos regards sur cet te cont r é e ,
et tâchons de saisir f inf îuence de ses antiques usages sur les nôtres.
W. N. TOME IL
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