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j y S DE LA C O N S T I T U T I O N P H Y S I Q U E
graviers mal agglutines. C'est une chose remarquable, en effet, cjue la (juantitc de
matières de transport dans la partie inférieure des grandes vallées. Malgré ce c[ue
les courans qui les dégr adent join-nellement en o n t empor t é , elles f o rme n t encore
des collines considérables. Le u r origine, difficile à conc evoir dans l'état actuel des
choses, s'explique bien par l'ancien état que nous cons idé rons , et sans rien supposer
que le barrage de la vallée à une époque r e cul é e , si toutefois on peut
appeler supposition une circonstance aussi manifeste.
Ces courans transversaux n'ont d o n c rien pu mêler aux dépôt s sablonneux qui
foraioient les grès, si ce n'est quelques matières terreuses tenues en suspension
dans leurs eaux et qui ont concouru à forme r le c iment : aussi n'est-ce que par
ce c iment qu'ils diffèrent du sable pur amené par le Nil. Ce s sédimens terreux
qui se déposoi ent dans l'intervalle des débordemens du Ni l , péné t roi ent peu
à peu ent r e les grains de sable, d o n t ils remplissoient les intervalles, et en formoient
une masse d'une certaine consistance. Le s Landes de diverses nuances,les
couches minces et presque insensibles qui séparent les bancs de grès, les délits
qui les r e n d e n t plus faciles à être divisés dans le sens horizontal, les feuillets
qu'on y r ema rque quelquefois et qui facilitent la dé compos i t ion de la pierre, sont
principalement l'effet de ces sédimens étrangers.
Ainsi toutes les circonstances du local s'expliquent bien c omme conséquence
du même principe, et l'on r e connoî t aisément l'impossibilité d'admettre une autre
cause. Considérez que l'immense quantité des sables fins qui o n t été accumulés,
suppose un cour ant tout-à-la-fois d'un volume prodigieux, d'une vitesse médiocre,
d'un cours constant et r égul i e r , n o n pas une débâcle qui auroit tout
mêlé et t o u t c o n f o n d u ; que ce cour ant , ayant dû p a r c o u r i r , avant d'entrer en
Ëg)'pte, ou même en Nu b i e , un espace considérable, ne pouvoi t être forme
d'une mul t i tude d'afîîuens qui le grossissoient dans sa rout e et à p e u de distance
du bassin ; car ils lui auroient a p p o n é des matières de nature for t différente : vous
jugerez alors que la médioc r e é t endue des déserts situés entre le Nil et la mer
Rouge n'a jamais pu d o n n e r naissance à un pareil cour ant ; que la disposition du
sol de la rive gauche ne s'y prête pas davant age , puisqu'il existe dans le désert
Libyque de grandes dépressions parallèles à la vallée d'Egypte ( i ); de sorte que
Je versant qui laisse couler ses eaux dans cette vallée, est peut-être moins étendu
que celui de la chaîne Ar abique , et lui fourni t dans les orages une quantité d'eau
moins considérable. Si à toutes ces raisons on a jout e encor e l'identité des sables
d u Nil avec ceux des grès, on t rouve r a , je crois, dans cette explication, ce caractère
de vraisemblance qui remplace en géologie la rigueur des démonstrations
que cette science c omp o r t e rarement. II ne restera d'autre d o u t e que celui qu'admet
le s ent iment de réserve et de circonspection qui doit a c compagne r en général
les déduc t ions des faits géologiques, afin de tenir l'esprit des observateurs accessible
aux nouveaux moyens d'examen.
Le peu de probabilité de l'existence de couches de combustible dans ce terrain
se t rouve bien conf i rmé par cette origine , le Nil n'ayant jamais dû apporter
(') ^Vt pariie, chap. IV, $. ill.
DE L E G Y F T E . IV.' PARTIE. ^ y ç
que <les sables quartzeux, tlont les dépôts annuels s'accumuloient d'une manière
uniforme et sans mélange de matières étrangères.
Ces considérations sur les grès de l'Egypte peuvent s'appliquer à be aucoup
de dépôts analogues qu'on t rouve en d'autres pays, et faciliter l'explication de
leur origine, qui a be aucoup embarrassé. En examinant ces terrains sous ce point
de vue, on pour r a souvent r e connoi t r e , quand ils sont homogè ne s , qu'ils o n t
été formés dans un bassin où afïïuoit un cour ant principal, qui, débarrassé, dans
son trajet antérieur, des fragmens d'un certain v o l ume , n'y appor toi t que les sables
menus qu'il avoit encor e la for c e de soutenir et qu'il y laissoit déposer. Qu a n d
le ciment a ma n q u é , il ne s'est f o rmé que des amas ou des couches de sable sans
adhérence, recouvertes ensuite par d'autres dépôts dus à des courans chargés de
matières di f f é r ent e s , qui sont venus se mêler avec celui-ci, ou lui ont succédé.
De là ces alternatives si fréquentes de couches de sable, de couches d'argile, de
psammite, de ma r n e , de calcaire sablonneux, de gypse, &c. No u s pour r ions
justifier ce que nous avançons par plusieurs exemples, si les discussions où il
faudroit e n t r e r e i qui se rattachent à un ordr e de faits très-étendu, ne s'ecartoient
trop de not r e objet principal.
C H A P I T R E II.
Observations sur les Carrières.
N o u s allons exposer quelques observations sur l'ensemble des carrières de
grès, et nous examinerons ensuite l'emploi de cette matière dans les mo n ume n s
anciens.
On r encont r e assez souvent , et principalement dans la partie s ept ent r iona l e ,
vers la jonction des grès au calcaire, des bancs qui se subdivisent en feuillets
minces. Ces bancs d o n n e n t des matériaux de médioc r e ou de mauvaise qualité ; et
quanci Jes feuillets ne sont pas apparens dans les couches, ils se manifestent ensuite,
par l'effet d'une longue exposition à l'air, dans les blocs employés, et en facilitent
la destruction : c est ce que nous avons aperçu dans quelques monumens .
Les Ég>'ptiens o n t fait diverses tentatives p o u r exploiter les grès vers leur
limite au n o r d , mais sans beaucoup de succès. Ces travaux, d o n t on voit encor e
les vestiges, o n t peu d ' é t e n d u e , et un grand n omb r e de blocs sont abandonnés
sur le lieu même , à deini taillés. La qualité de ces matériaux étoit, sans dout e ,
trop inférieure à celle des parties de la chaîne situées plus au sud, et l'avantage
(le leur plus grande proximité p o u r les édifices du nord s'est trouvé plus que
balancé par cet inconvéni ent : mais, c omme ces bancs feuilletés n'oc cupent que
la partie supérieure, on les a quelquefois exploités p o u r me t t r e à découvert ceux
qui existent dessous ; c'est pourquoi ces excavations ne por t ent pas dans leur partie
supérieure les traces du travail en f o rme de réseau que l'on voit dans les grandes
carrières.
Ainsi, quoiqu'il existe des carrières dans toute l'étendue des montagnes de
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