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Nous l'avons parcourue avec d'autant plus d'attention, que nous désirions r et rouver
ics ruines de Clysma; mais nos rcclierdies o n t ctc compl è t ement infructueuses, et
nous nous somme s reml)ar(|ucs p o u r Suez, vis-à-vis les (Hiits Sel-TouArcq, sans avoir
rien aperçu qui annonç â t d'anciens ctablissemens sur toute cette partie de la côte.
§. I I .
Conjectures géologiques sur les causes qui ont amené h leur état actuel la Vallée
de l'Egarement et les déserts qui bordent l'Egypte.
Après avoir d o n n é la description topogr aphique de la vallée de l 'Éga r ement , et
l'indication des avantages que pour roi t oii'rir cette c ommu n i c a t i o n , ent r e la me r
Rouge et l'intérieur de l'Egypte, si jamais le Go u v e r n eme n t de ce pays entreprenoit
de rouvrir au c omme r c e d e l'Inde une des anciennes routes qu'il a suivies, il
me reste à exposer quelques réflexions sur deux faits particuliers que la r e connoissance
d o n t nous venons de r endr e c omp t e , a d o n n é lieu d'observer.
La premièr e observation por t e sur les amas de cailloux roulés que l'on trouve
aux deux embouchur e s de la vallée de l 'Égar ement , du côté du Nil et du côté
d e la me r Rouge.
La s econde observation a p o u r objet les coquilles marines amoncelées vers le
point culminant de cette vallée, et la salure du sol sur quelques-uns des plateaux
qui la bordent.
Ce n'est pas seulement à ses deux embouchure s q ue nous avons remarque des
monticules de cailloux roulés. To u s les débouchés des gorges qui descendent dans
le bassin du Nil transversalement aux deux chaînes de mont agne s qui l'enferment
à l'orient et à l 'oc c ident , sont également marques par de semblables dépôts :
si l'on pénè t r e à quelque distance au delà de la limite du désert, à droi te ou à
gauche de ce bassin, on voit le sol couvert de graviers ou de cailloux plus ou
moins volumineux, d o n t les angles arrondis indiquent évidemment que ces matières
o n t été transportées par les eaux.
Nous en avons vu des amas considérables au nord et à l'est de la ville de
Qené dans la haute Egypte (i) ; à l'entrée de la vallée qui condui t au por t de
Qoçeyr, et qui a son débouché sur la côte <le la me r Rouge ; au pied de la montagne
Arabique, près du lieu appelé CMSelseik; et à l'embouchure d'une vallée
au nord-est de la ville de Syène.
D e l'autre côté du fleuve et au pi ed de la mont agne Libyque , nous en avons
observé entre Ed f o û et Esneh, au jïourtour intérieur de collines peu élevées, qui
forment u ne espèce d'anse où l'on recueille du natron. On en remarque à l'embouchure
de la gorge qui condui t aux tombeaux des rois, et sur toute la lisière
d u désert, à l'ouest des dunes de sable qui bordent le canal Joseph. La plaine de
Saqqàrah, où sont bâties les pyramides, en est couverte. En f i n , si l'on ent r e dans
DE LA V.ALLliE DE L E C A R E M E N T . 3
le Fayoum par la gorge d'cl-Lalioun, et que l'on fasse le tour de cette province de
l'Egypte, on r e c o n n o î t , au d éb o uché de toutes les gorges qui y aboutissent de
l'intérieur des déserts dont elle est envi ronné e , des monticules de cailloux roulés.
Il en est ainsi de tout ie pays qui borde le pied de la mont agne Ar a b i q u e , à son
extrémité septentrionale où c omme n c e l'isthme de Suez, entre le Ni l , la me r
Méditerranée, et la me r Rouge (i).
Tous les lieux de l'Egypte que nous avons visités à l'entrée du désert, nous o n t
toujours semblé remarquables par les même s amas de cailloux ; et nous pouvons
avancer que toutes les observations nouvelles que l'on sera dans le cas de recueillir,
confirmeront le même fait.
Ces cailloux roulés sont de différentes natures ; et les roches d o n t ils mo n t r e n t
les f r agmens , ne se t rouvent pas toujour s voisines des lieux où ces matériaux
sont amoncelés : d'ailleurs leurs forme s sphéroïdales prouvent incontestablement
qu'ils o n t été transportés par des courans d'eau animes d'une vitesse considérable.
Lorsque des torrens qui doivent leur or igine , soit à des fontes de neiges, soit à
des pluies abondantes , roulent sur le revers de mont agne s escai-pées, les débris de
ces montagnes sont chariés dans les plaines, et y f o rme n t des attérissemens, d o n t
les crues de ces torrens fournissent une explication facile. Mais les même s causes
ne peuvent servir à expliquer la forma t ion des monticules de cailloux roulés que
l'on observe le long de la vallée d'Eg)pte. En e f f e t , si, dans des cas excessivement
rares, il tomb e quelques pluies sur le s omme t des montagnes qui la b o r d e n t ,
ces pluies s'écoulent de part et d' aut r e , en laissant à pe ine sur le sol la trace
des courans qu'elles o n t formés : ces courans parviennent r a r ement jusqu'à la vallée
du Ni l ; et quand ils y pa rvi endroi ent , ils n'atteindroient jamais à la hauteur de
plusieurs mè t r e s , à laquelle s'élèvent quelquefois les monticules de cailloux d o n t
il est question ; d où il suit év id emmen t que ces dépôt s doivent leur origine à
des courans d'eau qui ont existé dans un état de cette cont r é e différent de son
état actuel.
Il falloit qu'à cette époque des courans rapides descendissent du s omme t de la
chaîne Arabique à l'est vers la me r Ro u g e , au n o r d sur le plateau d o n t le p r o -
longement f o rme l'isthme de Suez, et à l'ouest dans la vallée du Nil ; tandis que
des courans sembhd)les descendoient de la mo n t a g n e Libyque sur la rive gauche
d e la même vallée, et des hauteurs qui envi ronnent le Fayoum dans les parties
basses de cette province.
Des causes qui nous sont inconnue s , et sur l'existence desquelles on ne peut
fomier que des conjectures, occasionnèrent ces cour ans ; mais, si la supposition qui
paroît la plus simple est en même t emps la plus probable, il est permis peut - ê t r e
de nous arrêter à celle-ci pour les expliquer.
Par l'effet de quelque grand p h é n omè n e a s t ronomique , les me r s qui r e couvroient
une partie du globe, auront été soumises à de grandes oscillations, en vertu
(1) Ces olwrrvations ont éié faites au mois de prai- et les 24 messidor, 2 et 10 thermidor <Ie la même a n n é e ,
laUeTan 7, ¡.endsnt notre séjour à Qoçevr et à Qe n é , en remontant et en redescendant le Nil.
(1) Faits observés les 20 et 24 thermidor de l'an 7, les
10, 14, 1 5 , .&c . vendémiaire, ie a6 frimaire, les 20
floréal, 1 8 , 2 1 et 29 prairial, les ¿ 9 ventôse de l'ars 8
les 12 ei 13 piu\iô?e an 9.