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À i l .
O B S E R V A T I O N S
des preuves superflues (i). Si M. de Vo l n e y , ( p i voyagea en É g ) p t e peu de temps
apr è s , releva quelques inexactitudes qui semblent aifoiLiir ces p r e u v e s , il étoit
t rop judicieux p o u r ne pas admet t re aussi le pro l ong ement du De l t a vers la mer,
et l'exhaussement du sol de l 'Égypte ( i j . Rame n é , en traitant cette que s t i on, ;
di scuter les passages de tous les auteurs anciens et mode rne s qui ont indiqué la hauteur
à laquelle le Nil doi t s c l ève r pour inonder convemiUcment les terres , M. Je
Vo lne y suppo s e que cette hautctn est toujour s de quatorze à seize coudées ; ¡1
croit d'ailleurs, c onf o rmément aux opi j i ions de Frérc t , de d'Anvi l le et de Baill;,
que la c oudé e du Ni l omè t r e n'a point varié de longueur , et qu'elle est de vingt
p o u c e s six lignes de -not r e pi ed de roi. Ap r è s avoi r rema rqué que , pendant une
pé r iode de dix-huit siècles, il a fallu que le Nil mo n t â t , chaque a n n é e , à cette
hauteur , il se demande c omme n t il s'est fait q u e , depui s la fin du x v . " siècle, les
crues f avor abl e s , qui parvenoient à quinze coudé e s seulement , se sont subitement
élevées à vingt-deux. Il r épond à cette ([uestion , en disant que la colonne du
Meqyà s a été changée ; que le mystère dont les T u r c s l ' enve loppent , a einpéchf
les v o \ a g eur s mode rne s de s'en a s sur e r ; mai s que cette colonne parut neuve à
P o c o c k e , à qui il fut permi s de la visiter en 1 7 3 7 .
A u r e s t e , M. de Volney rappor te une observat ion impor t ant e recueillie pit
Ni ebuhr en 1 7 6 2 . C e voyageur remarqua sur un mur de Gy z eh, où l'inondation
de 1 7 6 1 avoi t laissé sa t race, qu'au i j u i n suivant . le Nil avoit baissé de vingiquatre
pi eds au-dessous de cette trace (3). Mai s cette hatiteur de la crue totale de
1 7 6 1 à 1 7 6 2 étoit loin de s 'accorder ave c la s omme des crues journal ières , telles
qu'elles avoient été publiées dans les rues du Ka i re ; d'où il s'ensuit évidemment
que ces publ icat ions sont fausses. M. de Volney étoi t par fai tement instruit de 11
fausseté de ces annonc e s ; il cite même , à cette oc c a s ion, les tentatives infructueuie
que fit le ba ron de T o t t pour obtenir la vérité des cricurs publ ics , dont , malgii
ses libéralités, il ne reçut que des rappor t s di scordans ( 4 ).
On v o i t , par tout ce qui vient d'être di t , que la ques t ion de l'exhaussement du
sol de l 'Egypte, et de l'accroissement du De l t a , avoit été traitée jusc|ue dans ces derniers
t emps , ou par des voyageurs qui ne faisoicnt pas de cette question un olii!;
particulier de recherches , ou par des crudits qui prétendoient l'éclaircir en essa)ant
de concilier certains passages d'auteurs anciens cont radictoi res ent re eux, ou du
moins que leur obscuri té rend susceptibles d'interprétations di f l ï rentes . Ou ne
pouvoi r espérer d'obtenir une solut ion compl è t e de cette que s t ion, que lorsijue
les géologue s et ceux qui ont fait une étude particulière de la théorie du cour; 1
des fleuves, s'en seroient emparés . L e ilesir de parveni r à cette solution fut probablement
un des principaux mot i f s qui déterminèrent le célèbre Dolomini :
s'associer à l'expédition d'Égypte : pe r sonne ne pouvoi r mieux que cet lialtile
observateur dissiper tous les doutes dont l'érudition de plusieurs écrivains avoit
ma lheureusement obscurci l'histoire physique de cette cont rée , lui qui , par u n e
par L. Niebuhr.
S U R LA V A L L É E D ' É C Y P T E .
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¿tilde approfondi e , s'étoit prépa ré d'avance à l 'explorer , et auquel le flambeau de
la critique avoit déjà fait distinguer sur quels point s de la discussion les recherches
qui restoient à ent reprendre, devoi ent êt re spécialement dirigées.
Le Mémo i r e qu'il publia en 1793 sur la cons t i tut ion physique de l 'Egypt e ,
contient l'exposé de tout ce qu'on savoit et de tout ce qu'on pouvoi r dire alors sur
cctte matière (1). Do l omi e u y p r o u v e , ])ar une mul t i tude d'exemples et de raisonneuiens
sans répl ique, que le De l t a a dû être f o rmé par les alluvions du Ni l ; mais il
suppose qu'il existe, tians l'intérieur de cette partie de l 'Egypte, des masses de
rocliers calcaires qui ont , pour ainsi di r e , servi de noyau à ces atterissemens. Passant
ensuite à l'exhaussement de cette cont r é e , il observe que , si le dé p ô t des matières
cliariécs par le Nil étoi t , chaque année, la cent-vingtième partie de la hatiteur
de l'inondation, ainsi que le doc teur Shaw l'avoit pens é , le sol de l 'Égypte s'éleveroit
de quatorze pieds envi ron dans l'espace de cent vingt a n s , mars qu'en eiFet il ne
reste pour l'exhaussement de l 'Égypte qu'une très-petite partie des matières que
le Nil tient s u s p endu e s , tout le reste étant por t é à la mer.
D'accord avec Richard P o c o c k e , il adme t que le f ond du Ni l s'exhausse en
même temps que les terres qui bordent son lit ; ce qui le condui t à expliquer la
dilîcirltc ([ue présentent les diverses expressions dé la crue du Nil à des époque s
drlTérentes.
11 est clair, en ef fet , que si la c o lonne Nilorrrctrique de l'île de Ro u dah est restée
staile, tandis que le f ond du Nil s'est exhaussé autour d'elle , le terme de la plus
Imite crue cor r e spondant e à I époque de son érect ion doi t se ti'ouver au-de s s ous
des phrs hautes inondat ions actuelles. Pour faire co'r'ncider les inonda t ions donné e s
pat la colonne du AIet|yâs avec les véritables crues du fleuve, il a fallu de t emps
en temps reconstruire les Ki lomè t r e s ; c'est aussi ce que p r ouv e le t émoi gna g e de
tous les historiens (2).
Quelle que soi t , au surplus , l a l o i de l'exhaussement du l i tdu Ni l , on conçoi t que
ee phénomène doi t être très-peu sensible pendant la durée d'une générat ion ; c e
n'est (|u'en compa r ant les crues publiées il y a déjà plusieurs s iècles , à celles que
l'on publie de nos j o u r s , qu'il est pos s ible de s'en apei-cevoii-.
11 restoit à traiter la question du pro l ong ement du De l t a dans la Médi ter ranée.
Dolomieu pens e , avec r a i son, que l 'accroi s sement de la basse Egypt e en ce sens
1 Clé autrefois plus r apide qu'il ne l'est aujourd'hui , mais qu'il ne cont inue pas mo ins
des'opérer cons t amment . Il cite les villes de Ros e t t e et de Dami c t t e , qui é toi ent , au
lemps de leur fonda t ion, il y a envi ron dix siècles, aux embouchui-es des branches
Jn Nil auxquelles elles ont donné leur n om, et qui sont aujourd'hui reculées dans
les terxes à pi-ès de deux lieues du rivage. Il ent reprend enfin la discuss ion du pasaged'Homère
relatif au voyage de Ménél a s : ma i s , connne il ne fait pa s attention
ine du temps de ce poë t e le Nil étoi t dés igné par le n om d'A:g)'j-t„s, que l'emboucliiire
Canopique de ce fleuve pouvoi r être reculée vers le sud , et que l'on
pouvoir en efiét c omp t e r une journé e de navigat ion entre f i l e de ¡'/„tros et cet t e
'Journal diplinmiie. ler 1793. di Norken, par M. Lar
'J.N. TOME a .
r le r « , (Pirli, 1758.)
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