
D E LA C O N S T I T U T I O N P H Y S I Q U E
§. X I .
Ancienneté des Temples.
C'EST une trcs-grandc question pour les antiquités de res contrées, de savoir
si l'origine des institutions Orientales appartient à l'Egypte même ou ¡1 i'Étltiopic,
J'ai déjà émis l 'opinion, que l 'Ég)pte a reçu ses premières institutions île l'Éthiopie
( t ) ; et je crois pouvoi r établir sur des preuves positives que c'est vers
Axum, entre le la. " et le 15. ' degré de latitude boréale, que les institutions
de l 'Orient ont pris naissance, notamment la division de l'année en trois saisons,
qid subsiste encore aujourd'lmi en Ég)pte et qui est une des bases principales
des institutions priinitives de l'Orient. Je ne prétends pas nier , pour eela, que
plusieurs branches des premières institutions n'aient été développées ou modifiées
en Égypte. La différence des climats, plusieurs phénomènes importans de
l'état physique du pays, et le progrès naturel des connoissances, en faisoicnt
même une obligatiot'i, et il y a des institutions secondaires qui n'ont pu être
établies que sur des points inférieurs du cours du Ni l , principalcinent à Méroé,
à Phila; ou Éléphant ine, et sur-tout à Thèbc s .
Cette digression, à l'occasion d'une variété de grès, peut paroître singulière:
mais, dans l'Égyptc ancienne, tous les genres d'observations se trouvent liés; les
faits les plus iusignifians en apparence ont queliiuefois des conséquences pour des
questions d'un grand intérêt. Il est donc mile de remarquer que cet aspect |)articulier,
cet air de jeunesse, si l'on peut s'exprimer ainsi, des édifices de Pliikc et
de la Nubi e , tient pour beaucoup à la nature de leurs matériaux et à des circonstances
qui ont favorisé leur conservat ion, afin de prévenir des déductions
trop précipitées sur leur âge, relativement à ceux de la Théba idc .
L e grand temple de Phila; est bâti en partie avec des matériaux d'anciens
édifices; et loin que cette circonstance soit un préjugé cont re son antiquité,
elle prouve plutôt en sa faveur : car, en général , c'est dans les édifices les plus
vieux qu'on voi t ces sortes de matériaux. Je n'en ai pas vu et je ne sache pas cju'on
en ait vu dans aucun des monumens des dernières époques du régime Ég)ptien,
tels que le petit temple non terminé de P h i k , les temples d eDe n d e r a h , &i.
Remarquez que c'est précisément le contraire qui auroit l i eu, si les édifices détruits
sous le gouvernement Égyptien fussent tombés de vétusté ; opinion que
j'ai déjà combat tue, et qui tendroit à reculer indéfiniment l'ancienneté de la civilisation.
Ma i s , d'après le peu d'élévation de ces premiers édifices au-dessus du
niveau des inondat ions, il est naturel que leur chute ait eu lieu de très-bonne
hettre et qu'elle ait été universelle dans un certain laps de temps. Ce s accidens ne
se sont plus renouvelés lorsqu'on eut pris le parti de porter le sol des édifices à un
niveau très-élevé. Leur conservation étoit le but de cette mesure ; il a été rempli,
et dès-lors il ne s'est pltrs trouvé de matériaux anciens à employer dans les nouvelles
constructions.
(0 l."pa"ii,ch3p.ni,S.iii, etll.'pariie.diap. v i , i .n. ^ ^^^
DE L E G Y P T E . / I'.' /'J/ITIK
§. XI I .
DenJerah.
UN fait qui peut surprendre, c'est tjue la pierre du temple de Dcnderal i , l u »
des plus admiraMcs pour l'exécution des ornemens de sculpture, est précisément
la plus grossière de toutes. Il s'y trouve bien aussi quelriues variétés de grès i in;
mais communément son grain est assez gros, inégal, et l'action de l'ongle suilit pour
le désagréger. Sa teinte tout4- fai t jaune est due à un peu d'oxide de fer qui entre
dans le ciment de la pier re, et qui , plus abondant , lui etlt communique de ia
dureté. J'ai examiné ces faits avec d'autant j)lus d'at tent ion, qu'il étoit naturel
(le croire que le tissu plus ou moins iàclie, plus ou moins serré, des matériaux,
dcvoit influer beaucoup sur le fini <les bas-reliefs : ces exceptions méritent d'être
signalées.
En général, cette variété de grès paroît exejnpte des défauts qui ont accéléré
la destruction de plusieurs édifices, sur-tout des-veincs et des fissures qui ont fait
éclater ailleurs les grands blocs. Elle ne se t lecompose ni ne se délite point spontanément,
comme il arrive à d'autres, soit que ces qualités tiennent à plus d'égalité
dans la nature mêjne de la pierre, ou à un choix mieux entendu dans les blocs
employés.
L e temple de Dcndcral i étant , suivant l'opinion unanime, un des derniers
construits, on a pu profiter de ia longue expérience acquise jusque là; et c'est
peut-être une preuve de cette expérience, de n'avoir pas craint d'employer dans
un édifice d'une construction aussi soignée une pierre d'un tissu assez grossier.
Sans doute on avoit reconnu que la prompt i tude et la perfection inême du travail
dans l'exécution des bas-reliefs dépendoient moins de la finesse du grain de
la pierre que de la manière dont elle se laissoit entamer par le ciseau (i).
L e sol du grand temple de Denderah est élevé maintenant de 15 pieds audessus
de la plaine, et il doit l'être de 12 ou 13 au-dessus des iiautes eaux. En
appliquant ici la règle des Égyptiens, d'élever le sol de 16 coudées (ou près de
z8 pieds et demi } au-dessus du niveau des crues, il en résulte que ce niveau
doit s'être exhaussé de 1 ; à 16 pieds depuis l'érection de ce monument , à raison
de 6 pouces par siècle; ce qui indique pour cette époque une antiquité de trois
mille à trois mille deux cents ans. Le temple de Denderah est donc postérieur de
vingt siècles au moins à celui qui est au nord d'Esne. C omme on ne peut
accorder aux édifices de Denderah une antiquité moindre de tiois mille ans,
on voi t que le principe attribué aux Ég j ptiens, d'exhausser le sol des édifices jusqu'à
16 coudées au-dessus des crues, n'est point exagéré.
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