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O B S E R V A T I O N S
marécageux, sont aujourd'hui compl è t ement desscchcs, et que les Pa!us-M ce tides,
comblés de plus en plus par les alluvions du Tandis; ne sont maintenant navigables
que pour des bateaux beaucoup plus petits que ceux qui y naviguoient
autrefois ( i ).
Diodore de Sicile, contemporain des derniers Ptolémées, se borne à donner
succinctement une description géograpliique de l ' tgypt e (2); mais, s'il n'indique
aucun des cliangemens que le temps avoit apportés à l'état physique de ceite
c o n t r é e , il donne des détails curieux sur les travaux que ses anciens rois avoicm
fait exécuter, soit pour l'irrigation des t e r r e s , soit pour mettre les villes et le»
villages à l'abri des débordemens du Nil.
Pendant le temps de sa c rue , qui se j)rolonge du solstice d'été à l'équiiioxe ~
d'automne, dit cet historien, les cultivateurs en dé tournent les eaux et les con •
duisent dans les campagnes, où elles sont soutenues à une certaine hauteur par
des digues de terre que l'on coupe lorsque le sol est suffisamment arrosé (5).
Sésostris, le plus célèbre de tous les rois d'Egypt e , après avoir r enonc é , selon
Diodore , aux conquêtes qui l'occupèrent une partie de sa vi e , lit élever, dam
plusieurs endroits de son royaume, des terrasses d'une hauteur et d'une étendue
considérables, afin de mettre ceux qui viendroient s'y établir, eux et leurs troupeaux,
à l'abri des inondations périodiques du fleuve. Ces travaux ofFroient tant d'avantagti
à la population de l'Égypte, qu'ils durent se multiplier à mesure qu'elle s'accroissoii.
Diodore ne cite c ependant , parmi les successeius de Sésostris, qu'un autre roi,
nommé Ni/eus (4), c omme auteur d'ouvrages de cette nature. Il creusa des canaux,
éleva des digues et fît exécuter beaucoup d'autres travaux pour rendre le Nil morài
dangereux et plus utile. Il mérita, par ses services, de donne r son n om à ce fleuve,
qui jusqii'alors s'étoit appelé Aùgyptus.
Un autre roi d'Egypt e , n ommé Siéacos, abolit la peine de mo r t , et ordoniis
que les criminels qui l'avoient méritée seroient condamnés aux travaux publics,«
particulièrement employés à creuser des canaux et à élever des digues (5).
Ces t émoignage s , puisés par Di o d o r e dans les récits des prêtres Égyptiens ou
dans la lecture de leurs écrits, prouvent combien les anciens rois avoient attaché
d'importance à l'ouverture des canaux d'arrosage , à l'établissement des digues
destinées à soutenir les eaux de l'inondation, et à celui des éminences factices sur
lesquelles les villes étoient bâties. L' époque reculée à laquelle les premiers travam
de ce genre avoient été entrepris, justifie ce qu'on a pu dire sur la haute antiquiis
de la civilisation de cette contrée.
Peu de temps après que les Romains l'eurent conquist , elle fut visitée par
Strabon, qui nous en a laissé une ample description géographique (6). Il la regarde
comme un présent du Ni l , auquel elle doit le n om ¿'^'Egypms que ce Heihc
portoit lui-même autrefois; ses crues et ses attérissemens s o n t , dit-il, les ]>iiéiiomènes
dont les étrangers sont le plus f r appé s , ceux dont les habitans du pa}^
(.) Aristc Meiecrolog. lib. l, cap. >
M) liv. I,
l, cliap. XIV.
(2) Uiodc
: de Sicile, Biblioth. hisi
(S) /¿/V.chap.J
chap. XVII.
{6} Strab. Ofe^r. iib. >
(3) IbtJ. chap. XX
S U R LA V A L L É E D ' É G Y P T E . ^
aiment le plus à entretenir fes vo)'ageurs', ceux enfin dont les personnes qui
n'ont point été en Ég)pt e , font le premier objet de leurs questions à celles qui en
reviennent.
Strabon considère le Delta c omme une île formé e par la mer et les deux
brandies Cano])ique et Pélusiaque, entre lesquelles il en compt e cinq autres, la
Bolbitine, la Sébennitique, la Pha tni t ique, la Mendé s i enne et la Tanitique. Apr è s
l'embouchure Bolbitine, la côt e , en allant vers l'orient, présente une plage basse et
sablonneuse, qui forme un long promontoii-e que l'on appelle la Corne del'Agneau;
ensuiic, en avançant vers l'embouchure Sébennitique, on trouve des lacs, dont
l'un est appelé Buitque, du n om de la ville de Butos.
La ville de Me n d è s . e t ccWc¿qDiospolis,(\u\ en est voisine, sont environnées de
lacs. Il y en a aussi entre les embouchures Tani t ique et Pélusiaque, ainsi que de
vastes marais, au milieu desquels on compt e plusieurs villages. Péluse est située
dans un territoire de la même nature.
Nous rappelons ici cette description de la côte septentrionale de l'Egypte,
pour faire voir combien elle s'accorde avec ce qui existe aujourd'hui. Nous rappellerons
p a r l a même raison que , du temps de Strabon, la ville à'HcliopoUs étoit
déserte, et que l'on voyoit des lacs autour du tertre factice sur lequel elle avoit
ccc bâtie.
Ce géographe cite avec une sorte d'admiration l'industrie que mont r en t les
Égypdens dans l'emploi qu'ils font des eaux du Nil : ils ont su r e n d r e , dit-il, par
le moyen des canaux et des digues dont il est e n t r e c o u p é , leur pays beaucoup plus
productif qu'il ne le seroit naturellement, et donne r aux irrigations une aussi
grande étendue lorsque les crues sont foibles que lorsqu'elles sont considérables.
Au reste, pour iaire valoir appa r emment les améliorations que les Romains avoient
déjà faites à l'administration de cette province, il ajoute qu'avant le gouve rnement
de Petronius, les récoltes ne pouvoient être abondantes en Egypte , à moins que
!a crue du Nil n'atteignît quatorze coudé e s , tandis que , sous sa préfecture, il avoir
suffi qu'elle s'élevât seulement à douze.
Les connoissances sur l'état de ce pays et sur la formation du Delta durent
naturellement se répandre et se multiplier par les occasions fi-équentes et les
facilités qu'on eut de le visiter sous la domination Romaine. Pline puisa dans
les mémoires des voyageurs et les traités des géographes les renseignemens qu'il
nous a transmis (i). Il cite la partie de l'Egypte comprise depuis Memphi s jusqu'à
(amer, comme l'exemple le plus remarcjuable des terrains d'alluvion nouvellement
formés, et il donne en preuve de cette opinion le témoignage d 'Homè r e , qui, en
parlant de l'île de Plum>s, dit qu'elle étoit, du temps de Ménélas, à une journée de
navigation de l'Egypte (2); tandis qu'au siècle de Pline et long-temps auparavant,
elle étoit presque contigue au continent. Strabon avoit déjà cité le même témoignage
à l'appui de la même opinion,
Les deux branches du Ni l, Canopique et Pélusiaque, sont indiquées par Pline
comme les principales; d'accord avec Hé rodot e , il j)lace entre elles, en venant de
(•) Plin. Hht. ,^at. liv. Il
//.A'. TO.ML II
ch.ip. L (2) OJys.
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