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 D E S C R I P T I O N  D E S  M A M M I F È R E S  
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 Les  pieds  de  denière  sont  couvci ls  de  poils  si  longs,  qu'ils  dépassent  les  ongles.  
 Il  est  remaïquable  qu'il  faille  placer  cette  circonstance  au  nombre  des  caractères  
 génériques  de  ce  petit  groupe  :  cela  ne  se  voit  que  dans  les  nyct inomes,  et  se  
 trouve  dans  tous.  
 La  queue  offre  enfin  une  combinaison  encore  nouvelle;  c'est  d'être  presque  
 aussi  longue  que  dans  les  vespertilions,  mais  de  n'avoir  qu'une  portion  d'elle^  
 même  engagée  dans  la  membrane  interfemorale  ; celle-ci  est  moins  grande;  mais  
 elle  est  d'ailleurs  plus  épaisse,  soutenue  ou  plutôt  ramenée  en  dedans  par  des  
 muscles  coccygiens  plus  forts,  et  elle  forme  le  sac  par  des  plis  naturels,  parce  que  
 la  membrane  des  ailes  glisse  par-dessus  le  carpe,  pour  se  lier  sans  interruption  
 avec  l'interféinorale.  
 Cette  description  d'organes  convient  à  trois  espèces,  i à  la  clutive-souris  qui  
 est  proprement  l'objet  de  cet  article  ;  2.°  à  une  espèce  décrite  et  figurée  dans  les  
 manuscrits  de  Coinmerson  ,  qu'Herinann  a  emplo) ce  dans  ses  Obsoyaùoms  
 zoologicoe,  page  1 9 ,  sous  les  noms  de  chmve-souris  du  Poit-Louis  et  de  Vesp.  
 acetubnlosus  ;  et  3."'  à  une  chauve-souris  du  Bengale,  décrite  en  1799  par  
 Francis  Buchanan,  et  que  ce  voyageur  a  nommé e ,  à  cause  de  ses  lèvres  plissées,  
 Vtip.  plicatus.  
 L e  nyctinome  d'Égypte  est  de  même  taille  (  80  millimètres)  que  celui  du  
 Bengale; mais la  chauve-souris  du Port -Louis  est d'un  cinquième  plus  petite  : celle-ci  
 se  distingue  en  outre,  des  deux  auu-es,  par  sa  membrane  intcrfémoralc  qui,  plus  
 grande,  accompagne  la  queue  dans  les  deux  tiers  de  sa  longueur,  quand  dans  les  
 deux  autres  nyctinomes  elle  n'en  embrasse  que  la  moitié.  
 Notre  espèce  d'Ég) ptc  diffère  du  nyctinome  du  Bengale,  par  sa queue  plus  grêle  
 et  par  ra])sence  de  brides  dans  la  membrane  interfemorale;  je  pourrois  ajouter, si  
 l'analogie  ne  me  dctournoit  d'y  croi ix,  par  l'existence  des  oreillons  et  un  nombre  
 double  d'incisives  inférieures.  
 L e  nyctinome  d'Egypte  est  roux  en  dessus  et  brun  sous  le  ventre;  le  poil  est  
 plus  long  et  plus  touffu  à  l'occiput  et  sur  le  cou,  et y  est  aussi  d'un  roux  plus  paie;  
 un  liséré  de  la  membrane  des  ailes,  tout  prés  des  flancs,  est  velu;  il  s'en  trouve  
 un  semblable  dans  le  nyctinome  du  Bengale.  
 Les  nyctinomes  habitent  les  vieux  édifices  et  les  cavernes  ;  ils  vivent  de  proie,  
 et  se  jettent  de  préférence  sur  les  jihalènes  :  pa-  toutes  leurs  habitudes,  ils  se  
 rapportent  au  grand  groupe  des  chauve-souris  insectivores.  Ils  attendent  que  
 la  nuit  paroisse,  pour  se  livrer  à  toutes  les  inspirations  de  leur  bien-être;  c'est à  
 quoi  nous  avons  fait  allusion,  en  leur  donnant  le  nom  de  nyctinomes.  
 7 .  R H I N O L O P H E  T R I D E N T .  RHINOLOPHUS  TRIDENS.  
 Planée  2,  N."  1.  
 QUELQUES  naturalistes  sont  dans  l'opinion  qu'il  n'y  a  pas  de  limites  bien  rer  
 tarnes  pour  les  genres,  et  qu'il  n'est  souvent  besoin  que  d'une  ou  de  deux  espèce^  
 Q U I  SE  T R O U V E N T  EN  È G Y P T E ,  i  T  i  
 pour  unir  d'un  lien  indissoluble  des  groupes  qu'on  croyoit  auparavant  à  d'assez  
 grands  intervalles.  
 Les  genres  des  chauve-souris  me  paroissent  fournir  une  objection  très-fôrte  
 contre  ce  système.  En  eflct,  n'est-il  pas  remarquable  que,  dans  chaque  région  
 zooJogique,  quelles qu'en  soient  les  distances,  les  chauve-souris  aient  une  organisation  
 qui  rentre  rigoureusement  dans  une  de  nos  familles,  ou  plutôt  que  chaque  
 famille  ait  dans  chacune  de  ces  régions  un  représentant  qui  lui  appartienne  sans  
 ambiguité  comme  sans  partage!  
 Pour  prendre  une  idée  j)Ius  exacte  encore  de  cette  limitation  des  genres,  il  
 faut  sur-tout  s'attacher  à  la  considération  des  rhinolophes  : je  ne  connois  pas  de  
 genre  qui  soit  mieux  chxonscrit,  et  qui présente  en même  temps  des  espèces  plus  
 distinctes.  
 Un  des  principaux  caractères  de  ce  genre,  est  le  nombre  de  ses  mamelles  :  je  
 l'ai  vérifié  et  trouvé  constant  dans  les  cinq  espèces  dont  j'ai  pu  disposer.  Outre  
 les  deux  mamelles  ])ectorales,  qui  sont  les  seuls  moyens  d'allaitement  des  autres  
 chauve-souris,  les  rliinoiophes  en  ont  deux  autres,  situées  l'une  près  de  l'autre  
 et  au  dessus  des  os  pubis.  On  ne manquera  pas  sans  doute  de  donner  attention  à  
 un  fait  d'anomalie  aussi  singulier,  
 Ce  sont  aussi  les  seules  chauve -souris  insectivores  qui  aient  une  oreille  sans  
 oreillon;  c'est-à-dire  une  oreille  droite  sur  la  tête,  sans  repli  ni  tragus,  et  qui  est  
 constituée  par  un  pavillon  conique  dont  le  sommet  aboutit  au  méat  auditif  Rien  
 ne  supplée  au  défaut  d'oreillon  ;  les  muscles  de  l'oreille  ont  seulement  la  faculté  
 de  la  tendre  à  sa base  et  de  l'entr'ouvrir  davantage.  
 Aussi  résulte-t-il  de  cette  disposition  que  les rhinolophes  recherchent  les  excavations  
 les  plus  profondes,  et  s'enfoncent  sous  terre  à  de  très-grandes  distances.  
 Prives  de  la  faculté  de  se  rendre  sourds  à  volonté,  ils  vont  en  des  retraites  où  
 ne  peuvent  arriver  les  cris  et  le  bruit  produits  par  les  animaux  diurnes.  
 Si  l'oreille  est  de  cette  simplicité,  en  revanche  l'organe  de  l'odorat  présente  
 une  complication  dont  nous  n'avons  pas  encore  eu  jusqu'ici  d'exemple  :  pour  
 la  première  f o i s ,  nous  en  apercevons  les  abords  aussi  favorablement  disposés  
 que  ceux  de  l'organe  de  l'ouie  ;  nous  les  voyons  formés  par  une  conque ,  
 comme  s'il  en  étoit  des  émanations  odorantes  ainsi  que  des  molécules  du  son,  
 et  qu'elles  fussent  dans  le  cas  d'être  recueillies  et  dirigées  dans  les  clrambres  
 olfactives.  
 Qu'on  ne  croie  pas  que  ce  soit  là  un  simple  accident  d'organisation,  assez  
 indiiîérent  en  soi  :  de  semblables  narines,  placées  de  même  au  fond  d'un  entonnoir. 
   existent  dans  deux  autres  genres  de  chauve-souris,  les  mcgadermes  et  les  
 phyllostomes.  Nous  observons  là,  en  ef fet ,  un  arrangement  trop  soigne  dans  ses  
 détails,  pour  que  nous  ne  dussions  pas  y  voir  un  dessein  fixe  et  y  trouver  toutes  
 les  conditions  d'un  type.  
 Les  chambres  nasales  ne  s'étendent  pas,  dans  les  rhinolophes,  au-delà  des  
 premières  molaires;  mais  du  moins  elles  sont  renflées  et  globuleuses  : l'entrée  des  
 narines  existent  en  devant  et  au  dessous  ;  c'est  une  lai-ge  ouverture  que  termine  
 H.  N.  T O M E  II.  
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