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J 6 5 DE LA CONS T I TUT ION PHYS IQUE
d'une nomenclature uniforme, lorsque, fatigues des incertitudes et de toutes les
discordances qui régnent dans celle des divers pa)S, les géologues voudrom
s'assurer d'attacher par-tout les mêmes idées aux mêmes dénominations. Il peut
déjà fournir, pour un certain nombre de roches, des types qui méritent de fixer
l'attention. Comme ce travail m'a conduit à examiner les causes de l'obscurité ou
de l'insuifisance des descriptions et des nomenclatures géologiques, je soumettrai
quelques vues sur ce sujet aux personnes qui s'occupent de cette partie de la science.
J'ai suivi, dans l'examen du sol de l'Égypte, l'ordre adopté dans les autres
parties de l'ouvrage, qui est de descendre du sud vers le nord, excepté lorsqu'il
a été utile de rapprocher des faits analogues qui se reproduisent dans divers points
éloignés de la contrée. Mais, comme le gisement et l'exploitation des granits et
des roches primitives des environs de Syène et de la cataracte ont déjà fait l'objet
d'un écrit particulier, inséré parmi les Descriptions d'antiquités, et que les expiications
des planches de minéralogie renferment en outre beaucoup de détails sur
ces roches (i), je commencerai cette description par le terrain qui succède immédiatement
au terrain granitique, dont je compléterai d'ailleurs l'histoire dans les
parties suivantes.
C H A P I T R E P R E M I E R .
Des Montagnes de grès.
§. I-'
Étendue et Nature de ce Terrain.
LES montagnes de grès qui ont fourni aux Égyptiens les matériaux de la plus
grande partie de leurs anciens édifices, s'étendent depuis Syène, en descendant la
vallée, jusqu'à quelques heures de marche au sud d'Esné.
Dans la description de Gebel Selseleh (2}, on a déjà fait connoître les principales
carrières, et décrit le mode d'exploitation employé par les Egyptiens. Il noiii
reste quelques observations à exposer relativement aux montagnes elles-mêmes et
aux matériaux qu'elles ont fournis pour les travaux des anciens.
Cette espèce de grès, qui se rapproche , comme on l'a déjà fait remarquer,
et pour l'aspect et pour ia composition, de certains grès employés à bâtir dans
plusieurs provinces de France, diffère des grès de Paris par un grain souvent un
peu plus gros, plus anguleux; par une abondance plus grande de parcelles de
mica, un ciment moins calcaire, et des nuances de couleur un peu plus variées, sans
être jamais bien intenses ; par une consistance plus égale, qui permet de tailler de
ndes carrières Aegtia'n.Apprn (2) Description li'ümbos <
(i, Fíf'í^Ia Descriptic
d\ct aux Descriptions des
planche' Ji' niiiiéMlogii.--
chup. IV, pog. t j .
des
grands
DE L'ÉGYPTE. IV.' PARTIE.
grands blocs exempts de pailles et de fissures {1) ; elle se rapporte au psammite à
grains fins, légèrement micacé. Je la désignerai communément sous le nom de
ff-cs monumental, pour la distinguer de quelques autres espèces de psammites que
l'on trouve aussi dans les montagnes de l'Égypte.
Ces renseignemens sur la nature des anciens édifices de l'Égypte s'accordent
mal sans doute avec les idées de })lusieurs voyageurs qui ont prodigué aux constructions
Égyj)tiennes les matériaux précieux, dont l'emploi sembloit rehausser
la pompe de leurs descriptions; mais nous avons déjà relevé cette erreur. C'est
par d'autres conditions que les édifices anciens excitent l'admiration. Les grès présentoient
aux constructeurs de grands avantages par la situation de leurs carrières,
par leur facilité à s'exploiter, à se tailler, à se couvrir, sous le ciseau des artistes, de
ces bas-reliefs et de ces caractères hiéroglyphiques dont sont décorées toutes les
surfaces des temples. La conservation de ces édifices, ainsi que celle de leurs
ornemens, justifie assez la préférence accordée à cette matière par les anciens.
Relations des Grès avec les Terrains voisins.
L'ASPECT des montagnes de grès diffère tout-à-fait de celui des montagnes de
Syène, où, malgré la nudité du sol, les sites sont variés et pittoresques. Il diffère
moins de celui du terrain calcaire qui leur succèdeau nord, et dont les couches sont
aussi horizontales ou peu inclinées; mais l'élévation beaucoup moindre des collines
de grès, leurs crêtes moins découpées, leur teinte grise ou jaunâtre dans les parties
escarpées, et par-tout ailleurs leur couleur plus sombre, leurs formes encore plus
cmoussées, suffisent pour les faire distinguer de loin des couches calcaires.
Des deux côtés de la vallée, c'est quand les montagnes viennent à s'approcher
tout près du fleuve, qu'elles présentent des escarpcmens. Quand elles s'en éloignent,
c'est un aspect différent. Là où le grès est friable, les grains de quartz désagrégés
et accumulés forment de longs amas au pied des collines, quelquefois les masquent
elles-mêmes jusque vers leur sommet : ainsi noyées dans les sables, on les prendroit
pour de grandes dunes, si l'on ne voyoit saillir çà et là quelques pointes de
rocher plus consistantes, qui ont résisté à la désagrégation. Dans d'autres parties,
les couches supérieures déchirées et leurs débris épars sur les pentes inférieures
offrent un aspect ruiné et tout démcn^bré, comme on peut le voir représenté
dans les vues de la Thébaïde.
Ces montagnes viennent s'appu)cr, au sud, sur le granit et les autres roches qui
I accompagnent : mais jamais les variétés de grès monumental ne reposent immédiatement
sur la roche prijnitive ; elles en sont toujours séparées par des couches
intermédiaires d'un poudingue grossier et sans consistance, formé de grains de
quart/, blancs ou d'une légère teinte rose, quelquefois de la grosseur d'une petite
noix, et souvent beaucoup plus petits. Ces grains, qui paroissent avoir été long-temps
(1) In planclie 4 des des'ins de niincrnlogie.
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