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6 ^ 4 DE LA C O N S T I T U T I O N P H Y S I Q U E
J'ajouierai enfin c{ue, pendant le siège d'Alexandrie, à l'époque où les Anglais
coupèrent la digue sur laquelle passe le grand canal qui amène dans cette ville
les eaux du Nil, et inondèrent tous les environs de la place, les Arabes Bédouins,
qui habitent au couchant du lac iMaréotis, trouvoient encore moyen, pendant
un certain temps, de traverser ce lac, et d'apporter aux Français diverses denrées,
parmi lesquelles se trou voit du sel commun exploité dans leurs déserts, et dont
beaucoup de morceaux étoient mêlés de natron.
§. IV.
Indications sur l'existence du Natron dans les parties éloignées des Déserts
de la Libye, &c.
L'INTÉRIEUR des déserts Libyques renferme du natron exploitable en plusieurs
endroits. Les tribus d'Arabes qui errent dans ces déserts, et les caravanes qui
viennent du fond de l'Afrique, en importent souvent en Egypte. Les oasis en
possèdent aussi; et les personnes qui auront quelques données sur la disposition
du local, concevront facilement que cela doit avoir lieu ainsi, d'après ce qui
vient d'être dit sur les conditions nécessaires à la formation de ce sel, puisque
le sol y est principalement calcaire, que le sel gemme y abonde, et qu'il y règne
en plusieurs endroits une longue humidité.
Les côtes de Barbarie fournissent aussi un natron fort estimé dans le commerce
, et qui l'emporte pour la pureté sur celui des lacs de Terràneh. Les
bâtimens qui ont fait des chargemens dans les États barbaresques, en vendent
quelquefois dans les ports de l'Egypte. Des échantillons en ont été déjà apportés
en France par les voyageurs qui ont visité ces contrées. Les caravanes du Fezzan
en apportent quelquefois un peu, dit-on, ainsi que celles du Dàrfour, du Sennar
et plusieurs autres : mais il faut remarquer qu'elles donnent quelquefois le nom
de natron à d'autres sels, principalement à des masses d'alun mêlées de sable
quartzeux; un de ces morceaux, acheté d'une caravane du Sennar, s'est trouvé
être uniquement composé d'alun et de silice.
C H A P I T R E II.
Gisemens du Carbonate de soude a l'orient de l'Egypte.
LES déserts situés de l'autre côté de l'Egypte, c'est-à-dire au-delà de ses limites
orientales, tant ceux qui forment l'intérieur de l'istlime de Suez, que ceux qui
s'étendent le long des bords de la mer Rouge, offrent, comme les déserts de la
rive gauche, plusieurs gisemens de natron.
D E L ' É G Y P T E . V U : P A R T I E . 6 7 5
§. I , "
isthme de Sue'^.
LES grands lacs connus sous le nom de lacs Amers, qui occupoient plusieurs
lieues d'étendue sur la direction de Suez à Pcluse, doivent la qualité qui leur a fait
donner cette dénomination, à la présence du sulfate de soude, souvent accompagnée
de celle du muriate de chaux et du muriate de magnésie, sels extrêmement
amers, et qui restent en dissolution dans les eaux des lacs. Aujourd'hui ces lacs,
qui ne sont plus alimentés par une dérivation du Nil, comme ils l'ont été à une
certaine époque de l'antiquité, se trouvent en grande partie desséchés : leur sol est
hérissé de grandes masses cristallines de gypse, recouvertes en partie de sel commun
et de natron.
Quelquefois d'épaisses couches de gypse cristallin recouvrent des cavernes profondes
dont l'eau claire et limpide, mais chargée de tous les sels, qui sont le sel
marin et probablement des muriates terreux, offre un goût d'une amertume insupportable,
comme celle du lac Mceris ( i ). Les circonstances du gisement de
ces sels, et les causes de leur formation, présentent peu de différences avec celles
des faits précédemment rapportés. Il deviendroit inutile de nous y arrêter.
§. II.
Côte occidentale du Golfe de Sue^.
LE gisement du natron sur la côte occidentale de la mer Rouge offre des
particularités qui méritent d'être rapportées avec un peu de détails. A environ
cinq lieues de Suez, entre la mer et la chaîne de montagnes qui règne à peu de
distance le long de la côte occidentale, est une plage peu élevée au-dessus du
niveau des hautes marées. Lorsque des circonstances accidentelles concourent
avec ces marées, telles qu'un vent violent d'est ou de sud, quelques lames d'eau
sont lancées au loin sur les terres : elles les entretiennent ainsi dans un état presque
constant d'humidité, d'autant plus qu'à quelque distance de lamer il règne une
dépression parallèle au rivage, qui retient les eaux jusqu'à leur entière évaporation.
A cette première cause d'humidité s'en joint une seconde. Quelques filets d'eau
douce échappés de la montagne voisine viennent se perdre dans ces mêmes
terrains ; et ces eaux sont assez abondantes pour faire croître une grande quantité
de plantes et de roseaux. Le soi de cette plage est formé en partie par les
attérissemens des matières arrachées aux montagnes voisines qui sont de nature
calcaire, jnélangécs de couches d'argile, et par les matières que la mer peut y
lancer <lans les temps d'orage, et qui sont en partie des sables calcaires, débris
presque pulvérulens de coquilles marines.
(1) On peut voir, pour la disposition et «out ce qui moire sur Is canai des deux mers, par M. Le Père,
e la géographie physique de, ces lieux, te Mé- É. M. torn. I.". pagt n.