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fuperieurs en Syrie 8cen-Phenicie; & nous avons déjà
envoïé quatre de nos freres en Arménie , pour apprendre
La langue, voulant fatisfaire aux inftantes
prières du roi &i des feigneurs.
Nous avons receu plufieurs lettres du patriarche
des N eftoriens,dont l'obédience s’étend dans la grande
inde^ le roïaume du prêtre Jean &c les états les
plus proches de l’Orient ; &Tl a promis à frere Guillaume
de Montferrat,qui a demeuré quelque tems auprès
de lui, de fe réunir à l’églife. Nous avons encore
envoïé de nos freres en Egypte vers le patriarche des
Jacobites du païs ; dont les erreurs font plus grandes
que celles des Orientaux, & ils y ajoutent la cir-
concifion comme les Sarrafins : ce patriarche nous
aauifi témoigné vouloir revenirà l’unité de L’églife.
Il a déjà retranché plufieurs erreurs & défendu de
circoncire ceux de fon obédience. Elle s’étend dans
la petite Inde, l’Ethiopie & la L y b i e , outre 1 Eg yp te;
mais les Ethiopiens & les Lybiens ne font point
fujetsdes Sarrafins. Quant aux Maronites du Mont
Liban, ils font revenus depuis long-tems à 1obéïffan-
ce de l’églife , & ils perfeverent. Toutes ces nations
acquiefcent à la doétrine de laTr ini té & à nos prédications
: les Grecs font les feuls qui perfeverent dans
leur malice, &c qui s’crppofent par tout à l’églife Romaine,
en cachette ou à découvert, ils blasfêment
tous nos facremens, & traitent de mauvaiie & d he-
retique toute feêle differentede laleur. Voïant donc
une fi grande porte ouverte à l’évangile , nous nous
fommes mis à apprendre les langues, nous en avons
établi une école en chacun de nos convents ; & nous
avons déjà des freres qui prêchent en diverfes lan-
L i v r e L X X XI . 159
rues, principalement en Arabe, qui eft la plus commune
dans le païs. La lettre finit par la morr du B.
Jourdain général de l'ordre, ce qui montre qu'elle
eft écrite en 1137.
Philippe écrivit en même tems à frere Godefroi pe-
nitencier du pape, qui fit part de ces nouvelles aux
prieurs de l’ordre en France & en Angleterre ; & le
pape écrivic au patriarche des Jacobites une lettre datée
du vingt-huitième de Juillet, où il témoigne.une
joïc extrême de fa réiinion. Mais le patriarche n’a-
voit fait cette démarche que par la crainte desTar -
tares ; il s’étoit adreffé aux Mufulmans 8c aux autres
dont il efperoit du fecourS; &c n’en aïant point reçu
il s'adreffaaux Chrétiens , qui en effet lefecoururent
promptement. Enfuite la tempête étant paffée , les
plus puiffans de fa communion le firent renoncer à
j celle de l’églife Romaine.
Verscetems- là le pape Grégoire appellaauprès de
I lui Pierre de Dreux ancien duc de Bretagne , pour
I être de fon confeil,au g rand étonnement de plufieurs,
I qui voïoient que le papeconfioit les affaires les plus
I difficiles à un prince noté de plufieurs trahifons. Pier-
I re deDreuxdeBraine étoitdela maifon de France,
1 defcendu du roi Louis le Gros : pendant fa jeuneffe il
| avoit étudié long-tems à Paris, étant deftiné à l’état
I ecclefiaftique; mais il le quitta pour fuivre la profef-
I lion de armes, d’où lui vint le furnom de Mauclerc.
Aïant époufél’héritiere de Bretagne il en devint duc
I en 1114. & la gouverna vingt-trois ans ; maisilfe re-
j Volta iouvent contre le roi de France fon fouverain,&
rompit fouvent les alliances quil avoit avec le roi
d’Angleterre. D ’ ailleurs il fut prefque toujours en dif-
A n. i i3ÿ.
ix tp. 1 7 1 . ap.
Rain, n. 88.
Mat th. Tarif.
P> 37*-
VI.
Pierre Mauclerc
D . de Bretagne.
Matth. Tarif,
p• 169.
Lobineau hiß•
Bret.Jiv. V I .» .
100.
n. 96.