
i i 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
aucun accident, & ils arrivèrent heureufement a V e nife.
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Ils mirent la relique en dépoli dans le trefor de la
chapelle de faint Mar c , ôc frere André y demeura
pour la garder ^ mais frere Jacques revint promptement
trouver le roi S. Loüis, ôc lui raconta 5c a la reine
famere l’état des affaires dont ils eurent une gran-
de.joïe. Le roi 5c l’empereur Baudoüin envoïerent
donc des ambaffadeurs a Venife avec frere Jacques
chargez, d'amples inftruétions, ôc de l ’argent necef-
faire pour retirer la relique, 5c on écrivit à 1 empereur
Frideric dedonner efcorteôc fecoursaux ambaffadeurs
s’il étoit befoin : ce qu’il accorda. Ils trouvèrent
à Venife des marchands François, qui fur l’ordre
du roi leur offrirent tout l’argent qu’ils defiroient. Les
Vénitiens cuffentbien voulu retenir iarelique , mais
ne pouvant aller contre leur traité ils la rendirent en
recevant leur paiement. Les ambailadeurs en aïant
reconnu les fceaux fe mirent en chemin , 5c eurent
toujours beau tems, enforce qu’ il ne tomba point de
pluie fur eux pendant la marche, quoiqu’il plût fou-
vent quand ils étoient arrivez au„gîte. Quand ils
furent à Troyes en Champagne, ils en envoïéfent
avertir le ro i , qui partit en diligence accompagné de
la reine famere, de fes freres, de Gauthier archevêque
de Sens, de Bernard évêque d’Auxerre , 5c de
quelques autres feigneurs, ôc rencontra Iarelique a
Vi l leneu v e - l ’archevêque près de Sens.
On ouvrit lacaiffe d ebo is , ôc on vérifia les fceaux
des feigneurs François ôc du duc de Venife appofez
fur la châffe d’a rg en t , dans laquelle on trouva un
vafe d’or contenant la fainte couronne. L aïant de-
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couverte on lâ. fit voir âu roi ôc â. tous les siïiftâns
qui répandirent beaucoup de larmes , s’imaginant
voir J. C. mêrrçe couronné d'épines. C ’étoit lejourde
S. Laurent. Le lendemain onzième d’Août 1139. la
relique fut portée à Sens. A l’entrée de la vi l le le roi
ôc Robert comte d’Artois l’aîné de fes freres la prirent
fur leurs épaules, étant l’un 5c l ’autre nuds-pieds
ôc en chemife : ils portèrent ainfi à l’églife métropolitaine
de S. Effienne au milieu de tout le clergé de
la ville , qui vint au-devant en proceffion très-folem-
nelle. Le lendemain le roi partit pour Par is , ou le
huitième jour fefit la réception de la fainte couronne.
On dreffa près l’abbaïe. S. Antoine un grand échafi-
faut, fur lequel étoient plufieurs prélats revetus pon-
tificalement t: O n montra la chaffe à tout le peuple ,
puis le roi 5c le comte d’Artois encore nudspiedsôc en
chemife la pdrterent fur leurs épaules à l’églife cathe- D u b o i s h i ß . e t -
drale de N. Dame , ôc de-là au palais ^où elle fut mi- WmÊSwM
£e dans la chapelle roïale, qui etoit. alors celle de laint
Nicolas,
Maisquelques années après le roi aïant encore reçu
de C.P .u n e partie confiderable de la vraie croix-
Ôc plufieurs autres reliques , fit bâtir la fainte C h a pelle
que nous voïons , de l’arehiteéiurela plus riche
ôc la plus élegante qui fut alors en ufage v ôc y fonda
un chapitre pour faire l’office divin devant les faintes.
reliques. L’églife de Paris célébré la fête de lafufeep-
tion de la fainte couronne le onzième jour d’Août
ôc l’hiftoirc en fut écrite dès-lors par Gauthier Cornu
archevêque de Sens-. xxvnir
La même année 12.39. Juhel archevêque de Tours To^“"ciledc
y tint avec fes fuffragans un fécond concile,.où il pu- ». x!./,;^.