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d Orléans & d’Auxerre , que ces prélats excédant
les termes de leur commiflion , ont prononcé e£-
communication contre tous les maîtres 8c leséco-
lie rs, qui dans vingt jours ne recevroient pas les
deux freres Prêcheurs & leurs difciples, fans distinguer
ceux qui pouvoient 8c devoient les admettre
, étant du même corps, 8c ceux qui ne le
.?o. pouvoient, n’en étant plus. C e qui nous a obligé
d appeller de nouveau à votre pieté. Mais fans
avoir égard à notre appel, ces freres ne celfenc
de nous inquiéter de tout leur pouvoir, quoique
nous n’empêchions point qu’ils aient autant d’écoles
8c d’écoliers qu’ils peuvent , 8c qu’eux 8c
leurs difciples joiiiffent de tous nos privilèges.
Nous ne voulons ê tre, ni leurs fuperieurs, n i
leurs inférieurs ; 8c nous ne leur demandons autre
ch o fe , finon qu’ils nous laiiTent en paix dans un
quartier de la ville , fans s’ingérer par force dans
nos maifons , nos écoles, ou nos affemblées.
D e quoi nous les avons priez , 8c leur avons défendu
, autant que nous l ’avons pû de vive v o ix ,
fachant que par ordre du ro i, ils ont toujours
à leur difpofition, une multitude de gens armez^:
Ges freres pouifez du malin e fp r it, ont encore
invente une calomnie.contre maître Guillaume de
faint Amour , homme venerable,notre chapelain
8c profeifeur en théologie, qui leur eft odieux ,
parce qu il prend notre défenfe. Ils l’ont accule
fauffement d’avoir attaqué votre réputation , qui
a toujours ete hors d’atteinte , 8c d’avoir lû plusieurs
fois dans nos alfemblées un libelle diffamai
L i v r e q u a t r e - v i n g t - q u a t r i e ’m e . 5 4 ?
toire contre vo u s , voulant auifi nous rendre to u s ! *
coupables de l’avoir écouté avec plaifir ; & par le A n . i z j j .
moïen de Grégoire votre nonce , qui paffoit à Paris
, ils ont porté leur plainte contre ce doéteur ,
au roi 8c à levêque de Paris. Le doéteur appelle
devant levêq ue , a demandé que le nonce fût aulïx
c ité , pour dire de qui il avoir appris ce qu’on lui
reprochoit, & reprefenter les mémoires qu’il di-
foit avoir reçus contre lui. Levêque n’ofa citer
le nonce, ni le nonce comparoître en jugement ;
mais variant en fes difeours, & niant enfuite ce
qu’il avoit dit d’abord, il fe retira lubitementde
la ville. Enfin levêque après plufieurs délais n’aïant
trouvé aucune preuve contre Guillaume de faint
Amour, qui offrit de fe purger canoniquement
devant quatre mille clercs, le déchargea juridiquement
de cette pourfuite. Ces infultes 8c plufieurs
autres, qui feroient longues à rapporter, nous ont
obligé de fufpendre jufques à prefent nos leçons.
Les doéfeurs concluent en priant le pape de d é - 1- w*-
elarer nulle l’excommunication prononcée par les
deux évêques, & leur rendre la liberté qu’ils avoient
lors de fon avenement au pontificat. Autrement,
ajoûtent-ils, fâchez que nous tranfporterons notre
école à un autre roïaume , ou bien nous nous
retirerons chacun chez nou s , pour y joüir de notre
liberté naturelle , plutôt que de fouffrirr la fervi-
tude de cette focieté forcée. Alors leglife feroit
en danger de tomber dans l’ignorance & l ’aveuglement
, 8c d’être ravagée par les heretiques. Nous
Vous fupplions donc , faint Pere, de nousdonneç
Z z z i i j