
— ' H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
1 34- voulons point vous le rendre ; nous le montrerons au
pape & à l’églife , en témoignage de l’erreur des
Grecs,fi vous ne le révoquez du confentement de tout
le concile. Les Grecs ne contefterent pas davantage
& laiflerent en paix les nonces cette nuit-là. Mais le
matin ils revinrent à la charge , & menacèrent les
nonces de ne les point laifler fortir du païs , s'ils ne
rendoient l’écrit de bon gré. Ils les retinrent ainfi juf-
ques à l’heure de tierce. Enfin après bien des contefta-
tions,lcs nonces dirent:Nous fommes dans vôtre païs,
vous pouvez nous ôter de force ce que vous demandez
, mais vous ne l’aurez pas de nôtre gré ; & aïant
ainfi parlé, ils fe retirèrent; c’étoit l’heure de dîner.
Comme ils dînoientles uns & les autres, les nonces
délibérèrent entre-eux de ce qu’ils feroient; & aïant
fait appeller l’officier qui étoit venu de la part de l’empereur
, ils lui demandèrent s’il avoit ordre d’empêcher
leur voïage. il répondit : A Dieu ne plaife ni à
mon maître, je fuis plutôt venu pour vousle faciliter.
Alors ils appellerent les gens que l’empereur leur
avoit donnez pour les accompagner , & leur commandèrent
de préparer les chevaux, parce qu’ils vou-
loient partir: ils le firent. Cequelecartophylaxaïant
appris, il fit aux nonces une monition de rendre l’écrit
; puis il prononça excommunication contre les
gens de leur efcorte, s’ils continuoient de leur rendre
quelque fervice. Alors ces gens déchargèrent les livres
des nonces Sccefferent de les fervir. Les nonces
prirent fur eux leurs livres les plus portatifs;& laifTant
les autres en garde à l’officier de l’empereur, ils partirent
feuls à pied.
Le païs étoit défert, & ils avoient encore environ
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fix journées à faire jufques à la mer de C. P. mais fé N-I i 34-
confiant à la grâce de Dieu , ils ie mirent hardiment
en chemin. Les Grecs envoïerent après eux, leur déclarant
la difficulté des chemins & le péril où ils
expofoient leur v ie , 5c les affinant avec férment que
s’ils alloient plus loin fans guide , ils trouveroient
dans lès montagnes, Se dans les bois des païfans en
embufcade qui les tueroient. Les nonces ne s’arrêtèrent
pas pour ces avis. Ils avoient marché fix oufept
milles , qui font environ deux lieuës, quand l’officier
de l’empereur les joignit : & defcendant de cheval il
fe mit à leurs pieds, les conjurant de retourner au v illage
d’où ils venoient, 8t prometant de faire révoquer
l’excommunication, Se reparer tout ce qui avoit
été dit ou fait contre-eux. Ils s’arrêtèrent donc d’un
commun confentement à un village voifin , Se ren-
voïerent de leurs freres quérir les livres. Quand ils
furent venus au village où on les avoit laiffez, le car-
tophylax s’approcha Se foüilla tous les livres 8e le bagage
des nonces. Il prit même ceux qui étoient revenus,
Sc les aïant menez à part dans une chambre il
délia 1 eursbalots. Enfin il trouva l’écrit des Grecs, Se
dit : J’ai ce que je cherchois. Mais les nonces en
avoient fait une traduôlion qu’ils gardèrent pardevers
eux, 8e l’apporterentau pape. Les Grecs aïant obte- vaiwg.uv-iù
nu ce qu’ils defiroient revinrent aux paroles d’ho-
netete,Se laiiferent aller en paix les nonces, après
leur avoir donné une lettre, adreffée au pape au nom
I l . , , . , , T | / . t o.XI . « » * ■ ? • des deux patriarches , 5e du concile de Nymphee, qui *6«.
eft une très-longue explication de leur créance fur
l’article du S. Efprit . On voit ici par le procédé des
Grecs, qu’ils fecroïoient plus forts fur cet article que
Nij