
6 1 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . "
ger inconnu la fécondé place d ’une églife de fi grande
d ign ité , mais la crainte du pape auquel le roi
étoit entièrement dévoilé les retenoit. Le n ou veau
doïen retourna à la cour de Rome d’où il
étoit v e n u , fit interdire l’archevêque &c le fatigua
par beaucoup de ,dépenies. & de t ra v au x , que le
prélat fou ffn t patiemment , comme étant l ’a ffliction
que faint Edme lui avoit prédite qui lui feroit
utile. Énfin l’année fuivante i z jy , après bien des
conteftations, le prétendu d o ïe n , qui étoit un R o -
mainriommé Jourdain, renonça à fon d roit moïen-
nant une penfion de cent marcs d’argent fur l’églife
'd’Y o r c , jufques à. ce qu’il fû t pourvu d’un m e illeur
benefice.
T ou te fo is la même année vers la fin de Septcm-i
bre, le pape choqué de la fermeté avec laquelle l'archevêque
Seval refu fôit de conférer les meilleurs
bénéfices de fon églife à des Italiens indignes Si
inconnus, le fit excommunier dans toute l’A n g le terre
au fon des cloches Si à l’c^ tin d ion des chand
elles, pour l’intimider par une c e r ift ïe fi infa mante.
Mais Seval la fouffrit patiemment, fe con-
fo lant par les exemples de faint Thomas de G antor-
beri Si de faint Edme fon m a ît re , dont il ç roïoit
fuivre les traces. Au ffi plus on prononçoit contre
lui de malediéfions au d eho rs, plus Je peuple lu i
donnoit en fecret de benedidtions.
L ’année fuivante i t j8 . fe vo iant malade a la mort,
il fe foûleva joignant les mains, Si tournant vers le
ciel fon vifage baigné de larmes, il dit : Seigneur
Je fu s -C h r ift jufte juge , vous favez comme le pape
jfï)4 maltraité, pour n’avoir pas youlu admettre dés
perfonnes
L i v r e q u a t r e - v i n g t - q u a t r i e ’m e . 617
perfonnes indignes, Si qui ne^favoient point l’A n -
g lo is , au gouvernement des églifes que vous m’avez
confiées ¡toutefois de peur que fafen.tence tout
injufte qu’elle eft ne devînt jufte par le mépris que
j’en ferois, j ’en demande humblement-l’abfolution.
Mais j’appelle le pape à votre jugement incorruptible
, Si je prens à témoin le ciel & la terre combien
il m’a injuftementperfecuté. Danscette amertume
de coeur il écrivit au pape, comme avoit fait
l’évêque de Lincolne Robert GroiTe-tête, le priant
de modérer fa conduite tyrannique, Si d’imiter l’humilité
de fes faints prédeceifeurs. Seval mourut vers
l ’Afcen fion , qui l’an 1i j8 . fu t le fécond jour de Mai,
3près avoir tenu le fiege d’Y o r c un an Si n eu f mois,
& le pape aïant reçu fa le t t r e , n’en conçût que du
mépris Si de l’indignation , comme de celle de 1 e-
vêque de Lincolne, Après la mort de Sevaljes chanoines
d’Y o r c élurent pour archevêque le do&eur
Gcofroi de K n in g to n , leur d o ïen , qui alla à Rome ,
Si y fu t facréparle pape A lexandre le v ingt-troilie-
me Septembre de la même année n y 8 . Si tint ce
fiege cinq ans. -
Le pape étoit cependant accablé de foins Si d’affaires
temporelles. A u mois de Mai 1 1/7. il fut o b ligé
de quitter Rome pour fe garantir de la violence
du peuple. Le fujet de la fédition fu t que le fena-
te u r , qui étoit alors un citoïen de Bre ife , oppri-
moit le peuple à la perfuafion des nobles,aufquels
feuls il cherchoit d ep la ire , principalement à la famille
An nib a ld i. La populace donc par le confeii
d’un boulanger Anglois s’étant aifemblée, allabri-
fer la prifon ou le fenateur précèdent nommé Bran-
Tume X I V l . ï i ü
A n . i
Matth.Poej
839, 840.
Godum. E
¿.48.
XLV
Le pape à V