
A n.
Grtg, lib. 2v. c. ]
uicrop. n. 77.
îackym. lib. 11,
L X 1 Ï.
Flagdlans en Italie.
—
6 30 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . .
la more de l’empereurTheodore dans l’églife mêinè
où l’on faifoit fes funérailles.
On jetta enfuite les yeux lur Michel Paleologue,
qui.prenoit auffi le nom de Comnene,àcaufede fon
aïeul ; Se Arfene patriarche de C. P. nommé tu-
teurdujeuneprinceavecMuzalon, fe laiffa perfua-
der de lui donner la regence. Ce prélat avoit plus
de pieté que de politique , Se après avoir tenu plu-
fieurs eonfeils avec les principaux évêques & les
grands de l’empire, il confentit à donner le gouvernement
des affaires à Michel Paleologue pendant
le bas âge du jeune empereur Jean Lafcaris, avec le
tijre de Defpote. Mais bien-tôt après les grands de
l ’empire éleverent Paleologue fur un bouclier, Se
le proclamèrent empereur â Magnefie. Le patriarche
Arfene qui étoit alors à Nicée en fut pénétré
de douleur, craignant pour le jeune prince, Se pen-
fa d’abord excommunier Paleologue Se ceux qui
l’avoient élu ; mais il fe retint, Se crut qu’il valoit
mieux les engager par les fermens les plus terribles,
à ne point attenter fur la vie de cet enfant, Se ne
lui faire aucun mal. C ’étoit au commencement de
Décembre ; Se avant qu’un mois fut paffé, c’eft-à-
dire le premier de Janvier 1159. le patriarche même
couronna devant l’autel à Nicée Michel Paleologue
comme empereur, mais feulement pour un temps,
jufques à ce que. Jean Lafcaris fut venu en âge de
gouverner ; Se à la charge de quitter alors de lui-
même le trône Se toutes les marques de l’empire ,
ce qu’il lui fit promettre par des fermens encore
plus grands que les précedens.
Il s’éleva cependant en Italie un mouvement de
L i v r e q u a t r e - v i n g t - q u a t r i e ’m e . ¿3 1
dévotion fans exemple jufques alors. Il commença --------------
à Peroufe, paifa â Rome puis dans le reftèdu païs. A n . 1139.
Les nobles & le peuple , les vieillards Se 1 CS jeu- Mon* F aduan.
nés g en s , jufques aux enfans de cinq ans, tou-
chez de la crainte de Dieu pour les crimes dont
l ’Italie étoit inondée , alloient dans les villes par
les rues tout nuds, hors cè que la pudeur oblige
abfo iument de couvrir. Ils marchoientdeuxàdeux
en procefïion tenant à la main chacun un foiiet de
courroies, Se avec beaucoup de gemiffemens 8e de
larmes, ie frappoient fi rudement fui les épaules,
qu’ils fe mettoient tout en fang , implorant la mi-
fericorde de Dieu,Scie fecoursde la fainte Vierge.
Ils-marchoienf même la nuit tenant des cierges al-
lumez, & par un hiver très-rude : on en voïoit des
centaines, des milliers, Se jufques à dix mille précédez
par des prêtres, avec les croix & les bannières :
Ils accouroient aux églifes & fe profternoient devant
les autels. Ils en faifoient de même dans les
bourgs & les villages ; enforte que les montagnes
Se les plaines retentiffoient de leurs cris.
On n’entendoit plus que ces trilles voix, au lieu
des inftrumensde mufique Se des chanfons amou-
reufes. Les femmes, jufques aux plus grande dames
Se aux filles les plus délicates, prirent part à cette
dévotion, Se enfermées dans leurs chambres fui-
vant l’ufage du pars, elles en ufoient de même ,
gardant la modellie convenable. Alors la plupart
des ennemis fe réconcilièrent : les ufuriers Se les
voleurs s’emprefloienc de reftituer les-biens mal acquis
: tous les autres pecheurs confeifoient leurs
crimes, Se s’en corrigeoient. O11 ouvroit les prb
N n n n ij
w
t a