
3 ( î i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .^
--------------- nos plaifirs, nous nous confefferons fans peine à quel-
A n . 1146. qu’un de ces freres Prêcheurs ou Mineurs qui paffe-
ront chez n o u s , que nous n’avons jamais vu s , S i que
nous ne verrons jamais. Quelques freres Prêcheurs
vinrent à l ’églife de S. Alban ou 1 archidiacre tenoic
fon fynode fuivant la coutume ; & l’un d’eux demanda
imperieufement que l’on fît filence, pour entendre
fa prédication. Mais l’archidiacre l ’a rrêta, traitant
leur conduite de nouveauté, & difant qu il fe vouloit
tenir à l’ancien ufage ; fuivant lequel chacun fe doit
confeffer à fon propre prêtre-; & pour le prouver il
rapporta le canon du concile de Latran tenu fous In nocent
III . en i z i j .
x l v i i - D ’ailleurs les religieux mandians meprifoient les
d“ Ber" moines comme ignorans, ce que faifoient aufli les
t tM t h . t a r i f , ¿ofteuj-s feculiers, principalement les legiftes S i les
arhixfi 6. p. 66^. ' i i N . «
D u b o u la i to .$ . canoniftes. Pour le mettre a couvert de ce reproene,
Etienne de Lexinton abbé de C lairv au x , réfolut de--
4îS- tablir à Paris une maifon où les moines de Cifteaux
allaifent faire leurs études. Il étoit Anglois d’une famille
noble , & dês-lors très-diftinguée~ & avoit trois
freres en des poftes confiderables, entr’autres Henri
depuis évêque de Lincolne. Etienne de Lexinton fit
fes études à Paris, où il prit des leçons de S. Edme depuis
archevêque de Cantorberi ; S i par fes exhortations
il entra dans l’ordre de C ifteaux. Après en avoir eu une
n m p i a f i a - p . abbaïe en Ang le te rre , il fu t elû à celle de Savigni en
Normandie , l’an iz z^ . puis a celle de Clairvaux en
1 z 4&. Deuxansaprès il obtint du pape Innocent IV . la
n u b n u i i f . ¿ i j . permiifion de bâtir à Paris un collège pour les jeunes
tnoines de fon ord re , puis il acquit du chapitre de
Notre-Dame cinq arpens & demi de vignes près de S.
L i v r e q u a t r e - v i n g t - d e u x i e ’m é . ’ 3 6 3
V i d o r , qu’il échangea depuis avec l’abbé S i les reli- — — — •
gieux contre des terres un peu plus éloignées de l’ab- A n . 1 14 6 .
baïe au lieu dit le Chardonnet. C e t échange fe fit en
1Z46 . S i telle fut l’origine du collège des Bernardins
le plus ancien de l’univerfité de Paris.
C e t établiffement ne fut pas approuvé des autres i i i â . e p .U f .
moines, voici comme en parle Mathieu Paris ancien
Benedidin : Le monde maintenant orgueilleux mé-
prife les religieux clauftraux, & s’efforce de les dé-
poüiller de leurs biens ; & ainfi l’ordre monaftique
eft en partie relâché , à caufe de la malice du monde.
Car nous ne voïons point que cette in ftitu tio n , il
parle des collèges, tire fon origine de la réglé de S. s u p . i i v . r r x u .
Ben oît, que S. Grégoire témoigne avoir eu léfprit de n- I>-
Dieu : au contraire nous liions qu’il quitta les études
pour fe retirer au defert. A in fi parle Mathieu Paris,
& il eft vrai que le premier cfprit de la vie monaftique
étoit de,vivre en folitude S i en filence , occupez
de la priere & du travail des mains. C e qui les rendoit
alors méprifables, c’eft que la plupart étoient tombez
dans l’oifiveté & la moleffe.
Le pape Innocent donna cette année â frere Simon * t v 1
d’Auvergne de l’ordre des Mineurs, des commiflions m?rc.
pour informer contre deux evequesde Danemarc. Le
premier é to it celui de R o ch ild , de qui le roi Eric fc
plaignit au pape, qui l’aïant fait fon chancelier S i lui
aïant donne fa confiance , il n en avoit reçu que de
l ’ingratitude, & que le prélat après avoir pille le roïaume
S c confpiré contre fa v ie ,s e to i t retire dans un
païs éloigné. Le pape ordonne donc a frere Simon
de s’enquerir exactement de ces faits. Vous nous en
en vo ie re z , d it- il, la relation par écrit fcellee de votre