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6 i t H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
damnez par les lo ix ne font d’aucune ucilicé au pu-’
b lic ; mais l ’aumône donnée aux religieux qui prêchent
, eft plutôt une récompenfe dûë à leur trava
il , qu’une libéralité. Et les prélats ne fon t point
de tort aux peuples en leur envo ïant ces prédicateurs
extraordinaires, puifque s’il en coûte plus au .
p e u p le , il en reçoit aulfi plus d’utilité fpiritûelle.
Le plus mauvais -effet de cette difpute eft d’avoir
rendu odieux aux religieux le travail des ma ins,
& leur avoit fa it croire que la mandicité èft plus
honorable.
SaintThomas répond enfuite aux reproches malins
que l ’on fa ifo it aux religieux mandians : fur la
pauvreté de leurs h a b its , fur les affaires dont ils
le mêloient par ch a r ité , leurs fréquens voïages
pour procurer le falut des am es, leurs études pour
prêcher plus utilement. O n leur reprochoit encore
des aétions de foi indifférentes, que l ’on inter-
pretoit en mal. De fe faire valoir eux & leur in f-
titut & prendre des lettres de recommandation :
de réfifter à leurs adverfaires, les pourfuivre en juf-
tice & les faire punir : de vou lo ir plaire aux homm
es, fe réjoüir des grandes chofes que D ieu fai-
fo it par e u x , & de frequenter les cours des rois
,.20.H.&C. ôc les maifons des grands. D e plusieurs ennemis
s’efforçoient de décrier leurs perfonnes en diverfes
manieres ; & avoient pour but de les'détruire a b -
folument. Ils relevoient & exageroient leurs défauts
: ils les accufoient de chercher la faveur du
monde 5c leur propre gloire ; ils les traitoient de
faux apôtres & de faux prophètes ; ils leur impu-
toient les maux que l ’églife fouffre dans toute la
¿.JJ. 14.
L i v r e q j j a t r e - v i n g t - q u a t r i e ’m e . ¿ 1 3
fuite des temps , difant qu’ils font les lo u p s , les
voleurs &c ceux qui s’iniînuent dans les maifons,
Ils leur attribuoient aufli les maux que l’on craint
pour les derniers temps de l’églife , voulant per-
fuader que ces temps font proches & que ces religieux
font les en vo ie z de l’An te ch r ift : enfin ils
s’efforçoient de rendre fufpeites leurs prières, leurs
jeûnes & les autres oeuvres manifeftement bonnes.
SaintThoma s montre l’injuftice de tous ces reproches,
& finit ainficet ouvrage beaucoup plus folide
& mieux fu iv i que celui de Guillaume de Saint-
Am o u r.
Nous avons plufieurs traitez de faint Bonaven-
ture fur ce fu je t, dans lefquels il emploie les mêmes
preuves que faint T h om a s , infiftant comme lui fur
la puiifance du pape, &c foûtenant que de lui eft émanée
toute autorité ecclefiaftique. T ou te fo is nous
vo ïons par fon propre tém o ign ag e , que le relâchement
étoit dès-lors confiderablechez les freres M ineurs.
C a r nous avons une lettre de lui en qualité
de général de l’ordre adreffée à tous les p rovinciaux
& tous les cuftodes, où il dit : Cherchant les caufes
de ce que la fplendeur de notre ordre s’o b fc u r c it ,
je trouve une multitude d ’affaires pour lefquelles
on demande avec avidité de l’a rg en t, & on le reço
it fans précaution, quoique ce fo it le plus grand
ennemi de notre pauvreté. Je trou v e 'lja ifiv e té de
quelques-uns de nos freres, qui s’endorment dans
un état monftrueux entre la contemplation & l’action.
Je trouve la vie vagabonde de plufieurs , qui
pour donner du foulagement à leurs corps font à
charge à leurs h ô te s , & fcandalifent au lieu d’édi-
H h h h iij
A n . 1157.
x. Tim. l u . 6»
X L I I I .
Lettre de faint
Bonaveature.
Opü/. to. x. pi
edit. Pari/. 1647.
p. R !