
— biens & ori les mettoit en ptifon , où on leur faifoie
A n . 1 14 7 . fouffrir la faim & divers tourmens, & on en condam-
noit même plufieurs à mort, en forte qu’ils étoient réduits
à quitter dés lieux qu’eux & leurs peres avaient
habitez dé tems immémorial, & vivre dans un mife-
rable exil. Sur eet expofé le pape écrivit à tous les évè-
qües.d’Allemagne de fe rendre favorables aux Juifs
de faire réparer lès torts qui leur avoient été faits par
les prélats j les nobles & autres perfonnes puiffantes,
& de ne pas pérmèttte qu’à l’avenir on les maltraitât
fans fujet. La lettre eftdattéc de Lion le cinquième de
Juillet 1 14 7 . & le pape l’adreffa auffi aux évêques de
Franfce. Par cet exemple on peut juger que nous ne devons
pas croire legerement tant d’hiftoires d’enfant
tuez par les Ju ifs , que nous trouvons dans les auteurs
de ces tems-là.
EntreMr-far 1» Quelque-tems auparavant un chevalier de Frideric,
yîe du pape. nommé Raoul étant mécontent de lui vint à L io n ,
t. T“"f' où il fc trouva logé en même hôtellerie avec le docteur
Gautier d’O c re , confeiller de l ’empereur. Celui-
ci l’exhorta de rentrer à fon fervice, & lui perfuada de
tuer le pape , pour mieux regagner les bonnes grâces
de fon maître. Ils engagèrent dans la conjuration leur
hôte nommé Renaud, qui étant connu du pape & de
fes officiers , devoir leur donner les mdïens pour l ’exe-
cution. Là deifus Gautier partit ; mais Renaud étant
tombé malade ; & fc voïant prêt à mourir, découvrit
tout à fon eonfeiTeur. Si tôt qu’il fut mort le confef-
feur en avertit le pape: Raoul fut pris ¡il nia d’abord,
mais étant mis à la queftion il confeffa tout. Vers le
même tems on prit à Lion pour le même fujet deux
chevaliers Italiens,, qui affinèrent qu’environ quaran-
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te autres très-braves avoient conjuré la mort du pape ¡ ------ ■ -
& que quand même Frideric ne feroit plus au monde, A n . 1x4 7 .
aucune crainte de la mort ne les empêeheroit de mettre
en pièces le pape , croïant én cela faire une oeuvre
agréable à Dieu & aux hommes. Depuis ce tems le
pape fe tint caché dans fa chambre gardé jour & nuit
par environ cinquante hommes armez ; & il n’o foit
fortirde fon palais, pas même pour aller à l’églife dire
la meffe.
Dès la fin de l’année précédente les barons de Fran- . t v . '
1 , p r i t r r\ • ligues des baron* ee voulant s oppoler aux entreprîtes des eccietialti- de France coLtrc
ques, firent dreffer un aéte en latin où ils difoient : Le lcclcrsé-
clergé fuperftitieux ne confidere pas que le roïaume
de France a été converti à la fo i par les armes fous
Charlemagne & les autres. On voit ici l’ignorance de
celui qui compofa cet a été, d’attribuer à Charlemagne Preu» Ltbert. lÉÉ
l’établiflement du chriftianifme en France , & y appli- I' ”'uàtth.ilirf.&
quer les guerres qu’il fit contre les Saxons & les au-
très infidèles de Germanie. L’écrit continue : Le clergé
nous a d’abord féduit par une humilité artificieufe
& fe prévalant des châteaux que nous avons fondez ,
ils abforbent la jurifdiétion des princes feculiers.
Enfortequelesenfans des ferfsjugent félon leurs lo ix ,
les hommes libres, quoique félon les loix des anciens
vainqueurs, nous devrions plûtôt les juger, & on ne
devroit pas déroger aux coutumes de nos anceftres
par de nouvelles conftitutions. Car ils nous font de
pire condition que les païens mêmes, de qui Dieu a:
dit : Rendez à Cefar ce qui eft à Cefar. Les clercs font
ici nommez enfans des fe r fs , parce qu’en effet plufieurs
étoient roturiers & de condition fervilc. L ’é crit
continue : C ’cft pourquoi nous tous qui fommes
A a a iij