
i j 4 H i s t o i r e / E c c l e s i a s t i q j j e ,
* renze, de Salamanque,de Porto 8c de Placentia en Ef-
pagne. Nous allions, difent-ils, trouver votre fain-
teté avee les archevêques de Roiien, de Bourdeaux,
d’Auch 8c de Befançon : les évêques de Carcaffonne^
d’Àgde , de Nïfmes, deTortone, d’Afte 8c de Pavie;
8c Romieu enVoïé du comte de Provence. Il s’eft fauve
comme nous, 8c l’archevêque de Compoftelle qui
étoit demeuré à Porto Vénéré, l’archevêque de Bra-
gue, l’évêque du Pui 8c quelque peu de députez : les
autres ont été pris. Nous vous prions donc de procéder
contre le tyran félon l’énormité de fon crime;
vûque l’églife ne fera jamais en paix fous fon regne,
8c qu’il eft à craindre que tous les princes ne fuivenc
fon exefnple. La lettre eft datée de Genes le dixième
de Mai.
Les prélats prifonniers eurent beaucoup à fouffrir.
Ils furent long-tems fur mer, enchaînez 8c entaifez
‘■T' dans les galeres ; incommodez de la chaleur 8c des
mouches piquantes : fouffrant la faim 8c lafoif: ex-
pofez aux reproches 8c aux injures des foldats 8c des
matelots. La prifon leur parut un repos; 8c toutefois
les plus délicats y tombèrent malades, 8c quelques-
uns y moururent. Le plus maltraité de tous fut l’évêque
de Paleftrine , qui étoit le plus odieux à l'empereur.
Au mois de Juillet ils furent transferez à Saler-
ne. Le pape leur écrivit des lettres de confolation où
il marque entre les prifonniers, les abbcz de Clu-
gni , de Cifteaux 8c de Clairvaux. Il fe plaint du
peu de précaution de Robert de Romagne fon lég
a t , qui auroit pû affembler un plus grand nombre
de galeres. II. exhorte les prifonniers à la patience,
par l'exemple des anciens martyrs ; mais en mçme-
L i v r e L X X X I . x 5 5
tems il promet de ne rien omettre pour les délivrer
par force , 8c reparer l'affront qu'il a reçu.
Leroifaint Loüis fachant laprife des prélats François
, envoïa à l’empereur Frideric l’abbé de Corbie
8c Gervais feigneur des Efcrins : avec une lettre où
il le prioit de délivrer ces prélats. Lempereur répondit
en rcnouvellant fes plaintes contre le pape Grégoire
, qui avoit emploïé contre lui l’un 8c l’autre
glaive , 8c enfin avoit convoqué un concile pour le
Condamner. Mais Dieu, ajoùte-t-il, voïant fon mauvais
deffein a livré ces prélats entre nos mains, 8c
nous les retenons tous comme nos ennemis. Ne vfous
étonnez donc pas fi nous gardons étoitement les prélats
François, qui nous vouloient mettre à l’étroit.
S. Loüis répliqua, repreientant l'union qui avoit toujours
été entre la France 8c l’empire. C ’eft vous,
ajoûte-t i l , qui avez rompu cette union en faifant
prendre les prélats de notre roïaume , lorfqu’ils al-
loient vers le S. fiége,comme ils y étoient obligez par
ferment 8c par obéïffancè, ne pouvant refifter à fes
ordres. On voit ici qu’on croïoit alors en France jj
comme par tout ailleurs, que les évêques mandez par
le pape ne pouvoient fe difpenfer de l’aller trouver.
La lettre continue : Nous avons appris par leurs lettres
qu’ils n’avoient aucun deftein de vous nuire „
quand même le pape auroit voulu faire quelque choie
contre les réglés C ’eft pourquoi vous- devez* les-
mettre en liberté. Penfez-y ferieufoment:car le roïaume
de France n’eft pas tellement affoibli , qu’il fouf-
frît davantage vos coups. d’ éperon% Cette lettre eue
fon effet, 8cl’empereur délivra,.quoique malgré lui,,
tous les François.
AN.iXifr,
XLVII.
S. Loüis demande
leur liberté.
Nang. Gefi.to,
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Duchefnep.) }6.
Petr• de Vin i *
epifi. 13*
Ibid. ep tu