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■■ - ■ manda aux mariniers ce qu’il y avoit à faire. Ils di-
A n . HJ4- rent qu’il falloit paffer dans un autre vaifleau, &
qu’il étoit à craindre que ce bâtiment ainiî ébranlé
ne pût foûtenir la haute mer. Le roi aflembla fon
confeil, qui fut d’avis de fuivre le fentiment des mariniers
: mais le roi les appella encore, & leur dit :
Sur la foi que vous me d evez, fi le vaiifeau étoit à
vous & plein de marchandées,en defcendriez-vous?
#. iij. N o n , répondirent-ils tout d’une v o ix , nous aimerions
mieux hazarder notre v ie , que de perdre un
tel navire qui nous coûteroit quarante ou cinquante
mille livres. Alors le roi dit : Il y a dans ce v a i t
feau cinq ou fix cens perfonnes qui en defcendront
fi j’cn defcends, & demeureront dans l’iile de C h i-
pre, fans efperance de retourner enleurpaïs : j’aime
mieux mettre en la. main de Dieu ma vie , celle
de la reine & de nos trois enfans, que decauferun
tel dommage à un fi grand peuple. L ’évenement
fit voir la fagefle de ce confeil. Olivier de Termes
le plus puiflant feigneurqui fut fur ce vaifleau, fut
plus d’un an & demi avant que pouvoir rejoindre
le roi.
Jeïnv.f. iîî. Enfin Louis arriva fain & fau f en Provence avec
toute fa flotte; & defcendit au port d’Hieres le fame-
?• «7- di onzième de Juillet 1154. Il y entendit parler d’un
Cordelier nommé frere Hugues qui prêchoit dans le
païs avec tant de réputation, qu’une grande quantité
de peuple,d’hommes & femmes le fuivoient à
pied. Le roi le fit prêcher devant lui : & fon premier
fermon fut contre les religieux qu’il voïoiten
grand nombreà la fuite du roi. Il difoit qu’ils n’é-
roient pas en yoïe de falut, parce qu’un religieux
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he peut conferver l ’innocence hors de fon cloître , «--------
non plus que le poiflon vivre hors de l’eau. La A n . 1154.
bonne chere qu’ils font à la cour eft une tentation
continuelle contre l’aufterité de leur profeifion. S’a-
dreflant enfuite au ro i, il l’exhorta a garder la juf-
t ic e , s’il vouloit vivre en paix &c aimé de fon peuple.
J’ai lû , difoit-il, la bible & les autres livres
de l ’écriture fainte, mais je n’ai point vû que foit
entre les Chrétiens, foit entre les infidèles les états
aient changé de mafcre, finon faute de rendre juf-
tice. On nommoit alors écriture fainte non feulement
les livres canoniques, mais tous les livres des
auteurs ecclefiaftiques. Le roi fit plufieurs fois prier
ce bon Cordelier de demeurer avec lui tandis qu’il
féjourneroit en P ro vence , mais il n’y fut qu’un
jour & fe retira. Il mourut depuis à Marfeille en
odeur de fainteté.
D ’Hieres le roi vint à A ix en Provence pour aller
à la fainte Baume, où l’on croïoit avoir le corps
de fainte Magdelaine, & on difoit même qu’elle p. ht;
y avoit vécu long-temps en folitüde. C ’efl: ce que
dit le fire de Joinville qui accompagnoit S. Louis
en ce voïage ; & c’eft le premier témoignage que Tiimmt.to.z'.
l’on trouve pour cette opinion que fainte Magde-
laine foit en Provence. Vous avez vû qu’en 898.
l’empereur Léon le philofophe fit apporter à C . P. sup. Uv. ht.
le corps de cette fa in te , &c qu’en 1146. on croïoit
l’avoir à Vezelai en Bourgogne, & vous verrez
bien-tôt qu’on le croïoit encore du temps de faint
Loiiis. Il revint par le Languedoc & l’A u v e rgn e , w«* .Joinv.f. 101.
& étant arrivé à Paris, il alla à S. Denis le dimanche
treizième de Septembre, & y offrit des étoffes v u c h .p .i& u
sfr ij