
¿ 3 8 H i s t o i r e E c o l e s i a s t i q u e .
““ ~* trompeurs de pareils traitez. V ou s flattez-vous du
A n . h j s>. p ri v i[eg e ¿ e l eur f ajre mieux garder leurs promef-
fes ? O n ne peut s’aflurer de la fo i des infidè le s,
ils ne reconnoiflent point d ’autorité dans nos fer-
mens, 5c un Chrétien ne peut fe fier aux leurs.
Le lien du mariage ne peut engager non plus un
Chrétien avec une in fid e le , parce qu’entre les infidèles
mêmes le mariage, quoique v ra i, n’e ftn i ferme
, ni indifloluble par le manque de fo i. D on c fi
vous d onniez, ce qu’à Dieu ne pla ife, votre fils ou
votre fille a u xT a r ta re s , cette conjonétion illicite
n’apporteroit aucune fermeté à votre p a ix , 5c ne
feroit qu'un infâme concubinage. I l l ’exhorte en-
fuite à recourir à Dieu Sc à reconnoître que ces in»
curfions des infidèles fon t la punition des crimes des
C h r é t ien s , particulièrement de l’ufurpation des
biens de l’églife Sc des entreprifes fur fa liberté. Il
le prie enfuite de ne pas trouver mauvais s’il ne lui
en vo ie pas les mille arbalétriers qu’il d em an d o it,
puifqu’il tirera un plus grand fecours de la Cinquième
partie des revenus ecclefiaftiques de Hongrie, qu’il
lui a cco rd e, Sc dont toutefois il exempteles T em pliers
avec les autres religieux militaires Sc les moines
de C ifteaux. Enfin fur les provifions de bénéfices
à des étrangers, il s’êxcufe foib lement, difant,
q u ’à peine y a -t’il un autre roïaume à qui cette
plainte convienne4moins q u a la H o n g r ie , & que
l ’on ne peut fi bien faire que les hommes malins
ne trouvent matière à quelque reproche.
C e que le pape dit i c i , qu’on ne peuts’aflurerde
la fo i des infidèles, ne doit pas être pris trop à la rigueur.
I l ne faut pas confondre la fo i d iv in e , &
L i v r e q u a t r e -v i n g t - q u a t r i e 'm e . 6 3 ?
furnaturelle qui leur manque, avec la bonne fo i
h um a ine , fondement de tout commerce entre dif- A n
ferentes nations, qui eft l’effet naturel de la droite
raifon. Quan^ au m ariage, l’empêchement que produit
la diverfité de religion n’e ft pas invincible en
certains cas finguhers où il s’agit de l ’utilité p u b lique
, Sc du bien même de la religion.
L ’incontinence ctoit devenue fi commune Sc fi
publique dans le clergé, que le pape Alexandre crut ci««
y devoir chercher quelque remede, & pour cet e f- KS'
fet il écrivit une lettre circulaire adreffée aux arche-
vêques, & à leurs fuffragans, auxab be z &c aux autres
fuperieurs ecclefiaftiques,où d’abord il leur re-
prefente fortement le compte terrible qu’ils rendront
à Dieu des ames dont ils ont la conduite, puis
il exagere le fcandale que donnent les clercs qui entretiennent
publiquement des concubines, au mépris
des canons, 5c n’ont pas honte d’exercer avec
des rüains impures les fonctions facrées de leur mi-
niftere. Il marque les reproches qu’ils s’attirent de
la part des heretiques, l’oppreifion de l ’églife par
les feigneurs 5c les mépris des peuples. Il exhorte
les prélats à faire ceffer ce défordre, premièrement
par leur vie exemplaire, puis en procédant contre
les coupables ; Sc il déclare que leurs pourfuites ne
feront point retardées par l’appel, Sc que les lettres
apoftoliques obtenues par les coupables au préjudice
de ces pourfuites, feront nulles. Là lettre eft
du treizième de Février 12.351.
Nous en avons deux exemplaires, l ’un adreffé-à stero
l ’archevêque de R o ü e n , l’autre à celui de Salibou rg,
par où l’on juge qu’elle fu t aulli envoïée aux autres