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* . ep. 103. ap.
Rain.i2.}6. n.b.
LVI.
zjo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
pour négocier la paix auprès de l’empereur Frideric.
Il fut enfuite envoïé pour pacifier la Lombardie, 6c la
légation de cette année fut la troifiéme. Le pape en
écrivit auffi à l’empereur le dixième de Juin: Aïant
appris que vous deviez marcher en Lombardie, nous
avons réfolu d’y envoïer l ’évèque de Paleftrine, dont
vous pouvez vous aiTurer qu’aïant autrefois tout
quitté pour D ie u , il ne cherche que la concorde avec
l’honneur de l’églife &c de l’empire fans acception de
perfonnes.
La B. Agnès de
Bohême.
Vit a ap. Bott. 6.
Mart. to.'è.p.
Cependant Agnès foeur du roi de Bohème donna
un grand exemple au monde, en fe confacrant à Dieu
fous la réglé de S. François. Elle étoit fille de Primif-
las Ottocar roi de Bohème 8c de Confiance fille de
Bela III. roi de H o n g r ie , 8c naquit à Prague l’an
i z o j . Dès l’âge de trois ans elle fut promife en mariage
à Boleilas fils de Henri duc de Sileile ; 8c envoïée
dans le pais au monaftere deTrebnits près de Breilau
pour y eftre élevée par les religieufes ; mais trois ans
aprè s , le prince auquel on la deftinoit étant mor t ,
elle fut ramenée en Bohème, 8c mife dans le monaftere
de Doxane où elle demeura jufques à l’âge de
neuf ans. Alors l’empereur FridericII. la demanda
pour Henri fon fils aîné , 8c les fiançailles aïant été
celebrées par procureur, la jeune.princeife fut envoïée
en Autriche pour y apprendre la langue 8c les
moeurs Allemandes: caries Bohémiens étoientdela
nation desSclaves. Dèslors ellepaffoit l ’Avent dans
une rigoureufe abftinence ne vivant que d’un peu de
pain 8c de vin , ce qu’elle obfervoit auffi le Carême,
quoique les ducs d’Autriche euifentdifpenfe de manger
des laitages contre l’ufage de cetems-là. LaveU-,
L i v R e L X X X . 131
le de l’Annonciation Agnès conçût un grand défir
de garder la virginité toute fiancée qu’elle étoit : elle
en forma la réfolution , 8c pour l’accomplir fe mit
fous la proteèlion de la fainte Vierge. Le mariage fut
différé, on la renvoïa en Bohème, 8c Henri époufa
la fille de Leopold duc d’Autriche.
Enfuite l’empereur Frideric lui-même fe trouvant
v eu f pour la fécondé fois parle décès d’Yolande fil’«
du roi de Jerufalem Jean de Brienne, demanda en
mariage Agnès de Bohème , qui fut auffi demandée
en même tems par Henri III. roi d’Angleterre. L’empereur
fut préféré , 8c le mariage conclu contre l’in l
clination de la princeife par le roi Primiflas fon pere:
mais il mourut vers l’an 1 130 .6c Venceflas IV. fon fils
lui fucceda. Cependant Agnès fe préparoit à la vie
qu’elle prétendoit embraiTer. Sous ces habits de prin-
ceffe ornez d’or 8c de pierreries, elle portoit un ci-
lice 8c une ceinture de fer. Son lit*magnifique au-
dehors étoit femé de cailloux pointus : fon abftinence
étoit grande ôefes jeûnes frequens, fans queleroi
fon freres’en apperçût Elle paifoit la matinée à entendre
des mefl'es en différentes é g l i fe s , 8c fouventy
alloit avant le jour en habit de Bourgeoife pour n’être
pas connuë, ellepaffoit les heures entières à prier
a genoux.
Lll ea voi tv ing t -hui t ans l’an iz33. .quandl ’empe-
reur Frideric envoïa à Prague des ambaffadeurs
pour l’amener 8c celebrer fon mariage , 8c le roi
fon frere y confentoit avec joïe. Mais pendant que
les ambafladeurs faifoient de grands préparatifs pour
conduire la princeffe avec plus de magnificence1,
elle envoïa fecretement au pape Grégoire, pour im-
R ij