
y 68 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
rir comme les Chrétiens. Les Neftoriens continuèrent
de parler , expliquant le miftere de la Trinité
par des comparaifons. Ils furent écoutez paifible-
ment & fans contradiction ; mais perfonne ne témoigna
vouloir fe faire chrétien. La conférence
finie , les Neftoriens & les Sarrafins chantoient en-
femble à haute vo ix,lesTuiniensne difoient mot;
mais ils burent tous larogement.
Le lendemain jour de la Pentecôte j’eus une
audience de Mangou-can , où il me dit entr’au-
tres chofes : Nous autres Mogols nous croïons
qu’il n’y a qu’un D ieu , par lequel nous vivons
& mourons, & vers lequel nos coeurs font entièrement
portez. Dieu vous adonné l’écriture à vous
autres chrétiens ; mais vous ne l’obfervcz pas : il
nous a donné des devins, &c nous faifons ce qu’ils
nous commandent. Enfuite il me parla de mon
retour , & demanda jufqu’où je voulois être conduit
, je dis: Jufqu’aux terres du roi d’Arménie ,
& promis de me charger d’une lettre qu’il vou-
loit vous envoïer. On nous la donna vers la fin du
mois de Juin , & voici ce qu’elle contendit de
plus remarquable : Un nommé David vous a été
trouver comme ambafladeur des Mogols : mais
c’étoit un menteur & un impofteur. Vous avez envoie
avec lui vos ambaffadeurs à Ken-can ; mais
ils ne font arrivez à la cour qu’après fa m or t, &
fa veuve Charmés vous a envoie par eux, une pièce
de foye & des lettres. Mais pour les affaires de
la p a ix , comment cette femme plus méprifable
qu’une chienne, en eût-elle pû favoir quelque cho-
fe ? Le furplus de la lettre de Mangou-can tendoit
L i v r é Cl u a t r e -v i n g t - q u a t r i e ’m e . y<sp
à vous offrir la paix fi vous la lui demandiez , &c '-----------
vous menacer fi vous lui faifiez la Oguerre. ¡ i l
Le refte de la relation de Rubruquis contient le x x n
détail de fon voïage au retour. Il partit de la cour brifqufs?'de
de Mangou environ quinze jours après la S. Jean , liS'
c’eft-à-dire, vers,le huitiémede Juillet 12.54. Ila r- t. i«j.
riva à la cour de Baatou le même jour qu’il en étoit
parti un an auparavant ;c ’eft-à-dire, le quatorzième
de Septembre. Il paffa les fêtes de Noël à Na- 177.
xivam en Arménie, grande ville autrefois, mais
ruinee par les Tartares. Enforte que de huit cens
églifes, il n’en reftoit que deux petites. Il en partit ,jr;
à l’oétave de l ’Epiphanie , c’eft-à-dire ^Je treizié-
me de Janvier 12.55.
Le premier dimanche de carême quatorzième de
Février il arriva à Arfingan fur les terres du fui-
tan d’Icone : le dimanche de Quafimodo quatrième
jour d’Avril il vint à Cefarée de Cappadoce, &
la veille de l’Afcenfion au port de Coure en C i l i - ?■
c ie , où il féjourna jufqu’après les fêtes de la Pentecôte.
Enfuite il paffa eri Chypre. L à , dit-il, j’ai
trouvé notre provincial, qui m’a mené avec lui à
A ntioche, & elle m’a paru en un trifte état. Nous
y avons paffé la faint Pierre, &c de-là nousfommes
venus à Tripoli de Syrie, où nous avons tenu un
-chapitre le jour de l’Affomption,
La j’ai reçû l’obedience du provincial pour aller
refider au convent d’A c re , & quand j’y ai été ,
il ne m’a voulu jamais permettre d’en partir pour
vous aller faluer ainfi que je defirois ; fnais il m’a
commandé de vous écrire par ce porteur, à quoi
je n’ai ofé défobéir. Ainfi finit la relation de frere
T o m e X V I L C c c ç