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— — — être jugées par les canons fans le fecours des loix ;
A n . 1ZJ4. nous défendons d’enfeignerà l’avenir les loix fecu-
lieres dans ces roïaumes, pourvû que les rois &c
les princes y confirment. Dès l’année 1119. le pape
Honorius III . avoit défendu d’enfeigner le droit
e. 28. extrà de civil à Paris par la fameufe decretale Super Jpecula ,
dont celle-ci fait mieux entendre les motifs.
li. D epuis près de deux ans un capitaine du parti
E c e lin e x c om m u - . . \ / î - l - J n • • 1 uii. de Frideric nomme hceiin de Romain exerçoit dans
Mon.pad.p. jf4 la marche Trevifane des cruautez inoüies. Il commença
vers la fin d’Août i i j i . en,faifant mourir
Carnorole chevalier Veronois qu’il croïoie chef
d ’une conjuration formée contre lu i , & il continua
de faire un grand maifacre à V e ro n e , à Pa-
douë, à Vicence , & dans tout le païs. On tuoit
les chevaliers & les notables citoïens par grandes
troupes dans les places publiques ; puis on mettoit
les corps en pièces & on les raffembloit pour les
brûler. Les amis, les parens, les freres fe livraient
l ’un l’autreousentretuoient de leurs propres mains:
croïant gagner les bonnes grâces du tyran , qui
peu de jours après les faifoit mourir eux-mêmes. Il
faifoit aveugler les enfansdes nob le s, puis leslaif-
foit mourir de faim dansfes prifons, où périffoient
auffi quantité de dames &c de filles nobles. Chaque
jour on faifoit mourir des perfonnes dans les tour-
mens ; & on entendoit jour & nuit leurs cris lamentables.
Toutefois aucun n’ofoit fe plaindre publiquement
de tant de maux : il falloit louer Ecelin
le traiter de ju f te , de fage & de confervateur de
la patrie, lui fouhaiter la vie & la viétoire ; encore
ne gagnoit-on rien par ces fiateries : toûjours éga-
L i v r e q u a t r e - v i n g t - t r o i s i e ’m e . 4 9 1
lement impitoïable, il n’épargnoit ni âge, nifexe, - „
ni profelfion : il traitoit le cierge comme le peuple, A n . 1ZJ4.
les religieux comme les ièculiers. Ilprenoitles biens
des évêchez, des abbaïes& des autres bénéfices, 8c
s’en fervoit pour commettre plus facilement fes crimes.
Il n’y avoit plus ni prédication, ni confeiïîon,
ni vifite des faints lieux , ni autre pratique extérieure
de dévotion.
Le pape Innocent le fit admonefter plufieurs fois Rain. 115I. *
& le cita à comparaître devant lui, comme fufpeét
d’herefie. Ecelin envoïa de députez , offrant de
jurer qu’il croïoit tout ce que croit l’églife ; mais
le pape ne reçut pas fa purgation , prétendant que
pour un tel crime il devoit venir fe juftifier en per-
fonne. Enfin après l’avoir citéplufieurs fo is , & lui
avoir donné plufieurs délais, il l ’excommunia fo-
lemnellement à Rome le jeudi - faint neuvième
d’Avril 12.54. fentence porte qu’il a fous l’ap- ««.>. i f
parence d’un vifage humain le coeur d’une bête fe- T R“in' I15+'
roce, qu’il t ft altéré du fang des Chrétiens, implacable
ennemi du genre humain ^ & quantité de reproches
femblables. Enfin elle le déclare excommunié
comme heretique manifefte & fournis à toutes
les peines de l’herefie. Le pape prétendit par cette
fentence être en droit de difpofer des biens d’E-
celin. Comme en effet il en difpofa en faveur d’A l- 4».
beric frere d’Ecelin même, mais pour lors attaché
au parti de l’églife, La difficulté devoit être d’en
prendre poifeffion.
Le pape avoit auffi cité le roi Conrad fils de l ’em- 1 11.
pereur Frideric,pour répondre fur divers chefs d’ac- « i " d“ C°c'
eufation touchant la fo i & les moeurs, & ce prince