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*-------------- rene là des prières pour le p ape, mais ils n’en vou-
A n . 12.49. lurent point faire pour l’empereur Vatace , parce
H.7.sfidi-1- que le pape l’avoit excommunié. C ’eft ce que raconte
le Légat lui-même dans une lettre au pape,
x u . Il y dit auifi que lé lundi après la fainte Luce l
c’eft-à-dire le quatorzième de Décembre 1148. ar-
Lojiis. riverent en Chipre des ambaifadeurs d’un roi des
j t- in- Ta rta re s, qui étant venus à N ico fie , prefenterent
à faint Louis une lettre de leur maître nommé Er-
vuchejhe.t- 5+8- calthai écrite en langue Pcrfienne & en lettres A ra-
Matth.Add.itam. . . v \ t t . 1 n -1
p. biques, ou après un grand compliment du itile empoulé
des Orientaux , il difoit : Je prie Dieu qu’il
donne la vidfcoire aux armées des rois de la Chrétienté
& les fafle triompher des ennemis de la croix ; Sc
enfuite: Nous voulons que tous les Chrétiens foient
libres & en feureté dans leurs biens, que les églifes
ruinées foient rebâties &c qu’ils prient pour nous en
repos : Kiocaï roi de la terre ordonne qu’il n’y ait
point de différence dans la loi de Dieu entre le Lat
in , le Grec, l’Armenien, leNeftorierj, le Jaçobitc
& tous ceux qui adorent la croix : ils font tous chez
pous, & nous vous prions de les favorifer tous également
: La lettre portoit créance pour les deux ambaifadeurs
, David & Marc, Celui qui y eflt nommé
K io caï eft Çaïouc-can, & Erçalchai ne parle que
de fa part.
r.H7. Quand cette lettre fut prefentée à faint Louis ;
il avoit auprès de lui un frere Prêcheur, nomme
André de Longjumeau, qui eonnoiffoit David le
premier de ces ambaifadeurs pour l’avoir vu dans
l ’année des, Tartares, quand il y avoir ete avec
L i v r e q u a t r e -v i n g t -t r o i s i e ’m é . 433
les autres de la part du pape.. Le roi fit traduire
en Latin par ce frere André la lettre du Tartare ,
& en envoïa copie en France à la reine Blanche.
Peu de temps auparavant le roi de Chipre & le
comte de Joppé avoient prefenté à faint Louis
une lettre du connétable d’Arménie qui leur étoit
adreifée. Elle étoit écrite pendant un voïage vers
le can des Tartares, & le connétable difoit : Il y a
huit mois que nous marchons jour & n u i t , & on
dit que nous ne fommes pas encore à mi-chemin
du lieu où eft le can. Et enfuite parlant d’un païs
qü’il nomme Tangath : C ’eft de-la que les trois
rois vinrent à Betléhem, & les gens de ce pais font
Chrétiens. J’ai été dans leurs églifes & j’y ai vu
Jefus-Chrift dépeint & les trois rois offrant leurs
prefens. C ’eft par eux que le can & tous les iîens
viennent de fe faire Chrétiens. Ils ont devant
leurs partes des églifes & fonnent les cloches ; en~
forte que.quiconque va vo ir le can eft obligé d’aller
d’abord à l’églife faluer Jefus-Chrift, foit qu’il
foit Sarrafi.n ou Chrétien, foit qu’il le veuille pu
non.
Nous avons auffi trouvé plufieurs Chrétiens répandus
dans l’Orient & plufieurs belles & anciennes
églifes que les Turcs ont ruinées : de quoi les
Chrétiens vinrent fe plaindre à l’aïeul du can
d’à prefent. Il les reçut avec grand honneur, leur
donna la liberté &c défendit de leur faire aucune
peine : dequoi les Sarrafins reçurent une grande
confufion. Mais ces Chrétiens manquent de prédicateurs
pour les inftruire , ce qui eft un grand
reproche contre ceux qui le devroient faire. Dans
T ow X V H * l i i
A n . 12.49,
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