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S. Louis au chapitre
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ti 571»
300 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
ne il préféré celui des Latins, qui ne faifoient qu’un
feul repas, au jeûne des Grecs , qui en faifoient plu-
fieurs petits : il en marque l’heure à None , mais il
prétend que l’heure n’eft pas de précepte. A l’occa-
lion de l’aumône il traite la queftion de la mendicité
volontaire des nouveaux religieux , par les mêmes
raifons qui furent employées depuis: ce qui montre
que dès fon tems on agitoit cette queftion, qui s’échauffa
encore après fa mort. Et comme on difputoit
aux religieux mendians la faculté de prêcher 8c d’oüir
les confeffions , même par commiffion du pape *, il
infifte particulièrement iur fon autorité ; 8c loûtient
qu’elle eft pleine , abfoluë 8c fupcrieure à toutes les
loix 8c les coûtumes : enfin que tout le pouvoir des
prélats inférieurs eft émané du pape comme du chef
qui influe fur les membres , non-feulement fuivant
l ’ordre de la hiérarchie, mais félon qu’il juge à propos
pour l’utilité de l’églife. Sur quoi l’auteur allégué
plufieurs chapitres de Gra t ien, la plupart tirez
des fauffes decretales.
Le chapitre général de l’orde de Cifteaux fe tenoit
dans le même tems que celui des freres Mineurs, aïant
commencé fuivant la coûtume à la S. Michel 1144.
Or le pape Innocent étant averti auparavant que le
roi faint Louis y devoir venir, écrivit au chapitre une
lettre étudiée, où il prioitinftamment tous les abbez
qui s’y trouveroient, de conjurer le roi à genoux 8c
a mains jointes , que fuivant l’ancienne coûtume de
France il prît la proteélion du pape contre Frideric
qu il nemmoit fils de Sathan , 8c s’il étoit néceffaire
qu’il reçût le pape dans fon roïaume : comme Alexandre
III . y avoit été reçû contre la perfecutidn de
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l’empereur Frideric I. 8c faint Thomas de Cantorbe- N>,144-
ri contre celle de Henri II. roi d’Angleterre.
Saint Louis vint en effet au chapitre de Cifteaux fe
recommander aux prières des moinesf ll étoit accompagné
de la reine Blanche famere, à qui lepape avoit
accordé la permiflîon d’entrer avec douze femmes*
dans les mailons de l ’ordre de Cifteaux , pour y faire
fes prières. Le roi avoit encore à fa fuite deux de fes
freres, Robert comte d’Artois 8c Alfonfe comte de
Poitiers , avec fix autres comtes de France. Quand
ils furent près de l'églife de Cifteaux à un trait d’arba-
lête , ils defcendirent de cheval par refpeét , 8c marchèrent
jufques à l’églife en ordre 8c priant Dieu.
Tous les abbez 8c la communauté qui étoit de cinq
cens moines ,;vinrent au-devant en proceifion,pour
recevoir plus dignement le ro i , qui venoit pour la
première fois à leur moaaftere. Le roi s’affit dans le
chapitre au milieu des abbez 8c des feigneurs , mettant
par refpeét fa mere au-deffus de lui ; 8c alors tous
les abbez 8c les moines à genoux les mains jointes 8c
avec les larmes lui firent la priera que le pape leur avoit
prefcrite. Le roi femit auifi à genoux devant eux, 8c
îeurdi t , qu’autant que fon honneur le permettroit, il
défendroit l’églife contre les infultes de l ’empereur
Frideric ', 8c recevroit volontiers’le pape pendant fon
exil, fi les barons le lui confeilloient : parce qu’un roi
de France ne pouvait fe diipenfer de fuivre leurs avis.
Les abbez rendirent au roide grandes aéfions de grâces
, 8c lui accordèrent une participation, fpeciale à
leurs bonnes oeuvres. Or l’empereur Frideric avoit
auflrà ce chapitre fes ambaffadeurs, pour s’oppofer à
la demande du pape.,
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