
J 4 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
».... ............... forcer. Les deux évêques, fans avoir égard à leurs
A N. iajy- remontrances, 5c même à l’appel qu’ils interjette-
rent au pape, prononcèrent ientence d’excommunication
contre toute l’univerfité, qui toutefois
perfifta dans fon refus de recevoir les freres Prêcheurs.
C ’étoit vers le temps des vacances, 5c ces
difputes furent caufe que plufieurs maîtres 5c plufieurs
'écoliers fortirent de Paris avant le tems, on
croïoit même qu’ils n’y reviendroient pas ; 5c en
e ffe t, plufieurs s’établirent ailleurs, jugeant que ce
différent ne feroit pas fi-tôt terminé. Après la faint
Remi ceux qui étoient reftez à Paris, s’affemblerent
5c réfolurent d’écrire au pape, 5c de lui envoïer des
députez , pour lui dire, qu’il n’y avoir plus de fo-
cieté entr’eux, ni de corps d’univerfité à Paris, 5c
qu’ils avoient renoncé à tous leurs privilèges. La
lettre dattée du fécond jour d’Oéfobre i i j j . eft
au nom des doéleurs & des écoliers particuliers
qui demeurent à Paris, 5c elle contient en fub-
ltance.
Il y a près de trois ans que lès freres Prêcheurs
perfécutent notre é co le , tant par les procès qu’ils
¡1 nous fufc itent, que par la terreur de la puiffance
feculiere ; 5c depuis peu par leurs importunitez ,
ils ont obtenu de votre clemence une lettre fub-
t. t8j>. reptice QuaÇi lignum rüitoe , qui trouble l’ancien ordre
de notre école, jufques à la ruiner entièrement.
Nous fommes une multitude défarmée d’étrangers,
à qui les gens du païs font fouvcnt des
infultes atroces, 5c nous, n’avons autre remede à
y oppofer, que de fufpendre nos leçons, jufques
à ce que le prince foit excité à nous fecourir. Or
L i v r e q u a t r e -v i n g t - q u a t r i e ’m e J 4 7
Votre lettre nous ôte cet unique remede, en nous
défendant de nous engager à ccffer nos leçons, fi- A
non duconfentement des deux tiers des maîtres de
chaque faculté. Car plus du tiers des doèbeurs, du
moins en théologie, font des chanoines de l’éghfe
de Paris, 5c des religieux desautres éommunaütez,
à qui on ne pourroit perfuader une ceffation générale
des leçons, comme nous l’avons expérimente,
par la crainte qu’ils auroient de la tranflation de
l ’univerfité, ou de la retraite des écoliers.
; Cependant voïant que vous avez jugé à propos
de rétablir par votre pleine puiffance dans le corps
de l’univerfité frere Bonhomme 5c frere Elie que
nous en avions exclus pour leur rébellion , nous
11’avons pas crû devoir refifter à leur rétabliflèment,
parce que nous ne pouvons vaquer à des procès,
principalement contre des gens qui les aiment.
Mais nous avons trouvé qu’il nous feroit moins
fâcheux de nous priver des avantages de l’univerfité,
que de fouffrir plus long-tems la focicte
de ces religieux, que nous avons éprouve nous etre
préjudiciable, 5c que nous craignons qui ne foit
dangereufeà toute l’églife. Nous avonsauffi confr-
deré que la focieté fe forme d’ordinaire par amitié,
5c non par force ; 5c que fuivant la réglé de droit,
on ne peut obliger perfonnc a entrer ou a demeurer
en focieté malgré lui. Nous nous fommes donc
féparez du corps de l’univerfité , renonçant a fes
avantages 5c à fes privilèges, 5c ainfi nous avons
évité la focieté de ces religieux, fans contrevenir a
votre mandement.
Toutefois ils ont tellement féduit les évêques
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