
L I T R E * L X X X I .
if
Otton cardinal
légat en Agle-
terre.
Lit*, x . ep* io z .
ap. Rain. i z } 6.
n, 4?.
Matth.
*/*. 11.7./». 371-
lo. x i . conc.p•
S S*
DE’S l ’année 1136.. Henri III. roi d’Angleterre,
avoit prié le pape Grégoire de lui envoïer un
legac à latere, mais le pape ne le jugea pas à propos
pour lo r s , comme il le témoigna par fa lettre du
vingt -uniémed’Août. Il l’envoïa au commencement
de l’année fuivante 1137. & étendit fa légation aupaïs
de Galles 8c à l’Irlande : par la lettre adreifée aux
prélats de l’Angleterre & de ces deux provinces , en
datte du douzième de Février. Ce légat fut Otton
cardinal diacre du titre de faint Nico las , & après
qu’il fut parti le pape étendit encore fa légation fur
l ’EcoiTe, Si le fit fçavoir au roi Alexandre par fa lettre
du dixième de Mai. Comme le roi Henri avoit fait
venir ce légat à l’infçû des feigneurs d’Angleterre,
plufieurs en furent indignez , & difoient : Leroiren-
verfe tout Si ne tient point fes promefles: il a fait venir
en cachette ce légat qui change toute la face du
roïaume. On difoit aum qu’Edmond archevêquedc
Cantorberi avoit fait au roi des reprochés fur fa conduite,
particulièrement fur la demande du légat ¡fa-
chant que fa dignité en fouffriroit outre l’intérêt public.
Mais le roi fans écouter le confeil de ce prélat,
ni d’aucune autre perfonne, ne voulut point fe dé-
fifter de fa réfolution. Le légat Otton arriva en Angleterre
vers la faint Pierre , c’eft-à-dire, à la fin de
Juin, & y entra avec beaucoup de fuite & d’apparat :
lesévêques& les plusconfiderablesduclergéallerent
au-devant jufques à la mer, quelques-uns même s’a-
L i v r e LXX X I . . 151 — 1
vancerent dans des barques 8c lui offrirent des pré- N< I i } î ‘
fens ineftimables. Plufieurs évêques lui envoïerenc
leurs députez jufques à Par is , qui lui préfenterent
des pièces d’écarlate 5c des vafes précieux : en quoi
ils furent blâmez, tant pour les préfens que pour la
qualité i carparl’écarlate ils fembloient le reconnoî-
tre pour légat. Otton ne prit pas tout ce qu’on lui of frit
à fon arrivée ; 8c ce refus contraire à la coutume
des Romains modéra l’indignation conçue contre lui.
Quant aux revenus des bénéfices v a cans , il les distribua
largement à ceux de fa fuite. Le roi vint le recevoir
au bord de la mer , s’ inclina jufques à fes genoux
, 8c le conduîfit avec honneur au-dedans du
[ roïaume. Les évêques, lesabbez ôc lesa-utres prélats
’ le reçurent avec toute forte de refpeâ: en proceifion
8c au fon des cloches.
Le légat commença par reconcilier plufieurs d’en-
i tre les grands, qui étoient mal enfemble depuis long-
tems : comme Pierre évêque de Vincheftre , Hubert
comte de Cant 8c plufieurs aucres. Enfuite il écrivic
à tous les prélats d’Angleterre de fe trouver à Londres
au jour de l’oètave de S- Martin dans l’églïfe de
i S. Paul, pour connoîtreles pouvoirs qu’il avoit reçus
[ du pape, 8c y tenir un concile touchant la réforma-
I tion de l’églife Anglicane. Or le roi d’Angleterre s’é-
! toit rendu odieux aux grands du roïaume, en mépri-
' fant leurs confeils comme ceux de fon frere Richard
comte de Cornoüaille, pour écouter des,étrangers.
I Ils difoient qu’ils’écoic livré aux Romains, princîpar
lement au légat : jufques â dire en; particulier 8c en
public, qu’il ne pouvoir difpofer de rien dans fort
roïaume fans le cdnfentement du pape ou du légat, e