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-------------- jumeau & fes compagnons. Ils dirent que s’étanè
A n . i z j i . embarquez enChipre ils abordèrent au port d’An-
tio ch e , 8c que de-là jufques au lieu où étoit le
Can des Tartarcs, ils mirent bien un an à marcher
faifant dix lieues par jour. T o u t le païs qu’ils tra-
verferent étoit foûmis aux Tartares; 8c en plusieurs
lieux ils trouvoient dans les villes & les villages
de grands monceaux d’os d’hommes morts.
Caïouc-can étoit mort quand ils arrivèrent, 8c
fa veuve fut regente jufques à l’éleétion, qui fut
déférée à Batou comme l’aîné de la famille. Il
Muiftr.f.} 1«. choiiît Moncaca autrement Mangou petit-fils de
Ginguiz-can comme lu i, & il fut élu l’an 64 ? . de
l’hegire, i z j i . de J. C . Les freres Prêcheurs furent
témoins de cette éle&ion : on les reçût avec honneur,
& ils trouvèrent le nouveau Can aifez fa vo rable
aux Chrétiens, mais ils n’apprirent rien d’Er-
calthaï,donton avoit apporté une lettre à S. Louis.
Sur leur telation le roi écrivit au pape, que plu-
Af.Rai».i|S feurs Tartares avoient reçû le baptême, & qu’il
s’en convertiroit un plus grand nombre fi on leur
prêchoit la foi. Mais, ajoûtoit-il, la puiffance du
calife de Bagdad fait qu’il y a très-peu d’évêques
dans le païs : c’eft pourquoi il feroit à propos d’ordonner
évêques quelques freres Prêcheurs ou M ineurs
que l ’on y doit en vo ïe r, afin qu’ils pulfent
conférer lés ordres & les autres facremens qui appartiennent
aux évêques, 8c donner les difpenlès
neceffaires touchant les mariages &c l’obfervation
des jeûnes.
x x x i i i . De Cefarée S. Louis écrivit à la reine Blanche
lePapè"tcs fa mere, à fes freres, & à fes fujets, leur deman-
L i v r E q u a t r e -v i n g t - t r o i s i e 'm e .
dant un prompt fecours d’hommes, de vivres ôc ira
d’argent. La reine aïant reçû la lettre, aifembla I 1 JItous
les nobles du roïaume pour les confulter fur
ce fujet : & ils fe plaignirent hautement de la conduite
du pape qui excitoit une nouvelle guerre dans
la Chrétienté. C ’eft que Conrad fils de l’empereur
Frideric étoit entré en Italie dès le mois de Mai de chr.uatti.jpi»:
cette a n n é e n j i . pour prendre poifeifion du roïaume
de Sicile ; 8c les Vénitiens lui aïant fourni une
flotte, il defeendit à Pefcaire le vingt - fixiéme
d’Août. Tous les barons du païs allèrent au-devant
de lui : il marcha avec toutes fes troupes contre les
comtes d’Aquin 8c de Sore qui s’étoient déclarez
pour le pape , & les défit le jour de S. Martin. Or
le pape faifoit prêcher la croifade contre Conrad,
particulièrement en Brabant, en Flandres 8c en Matth. tarif. /;
France : même avec une indulgence plus grande 1 i
que celle de la terre fainte, car elle devoir s’étendre
au pere Si à la mere du croifé.
La nobleife de France difoit donc à cette occa-
fion : Le pape fait prêcher une nouvelle croifade
contre des Chrétiens, pour étendre fa domination,
8c oublie le roi notre maître qui fouffre tant pour
la foi. La reine Blanche touchée de cette remontrance
fit faifir les terres de tous ces nouveaux croi-
f e z , difant : Que le pape entretienne ceux qui vont
à fon fervice, & qu’ils partent pour ne plus revenir.
Les feigneurs en uferent de même à l’égard des croî-
iez de leurs terres : ce qui fit tomber la croifade.
Ils firent auffi de fortes réprimandés aux freres
Prêcheurs 8c aux freres Mineurs qui l’avoient prê-
chéc. Nous vous bâtiifons, difoient -ils, des églifes
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