
-------------nerent-ils la liberté dans les villes interdites, d ’en ten -
A n. 1148. dre la me île & de recevoir les facremens, comme étant
le moïen de fe purifier des pechez. Us difoicnt encore
que les freres Prêcheurs & les Mineurs pervertif-
foient l’églife par leurs faux fermons, & que leur
vie étoit mauvaife, aulfi-bien que celle des Ciftcr -
ciens, & de tous les autres moines.
Us prétendoient être les feuls qui diifent la vé rité,
& qui fui vident la foi par les oeuvres. Et fi nous
n’étions venus, ajoûtoient-ils, avant que Dieu laif-
sat fon eglife en p é r il, il auroit tiré des pierres d’autres
prédicateurs pour éclairer fon eglife de la vraie
doétrine. Nous faifons le contraire de vos prédicateurs
, qui jufques ici ont enfeveli la v é r ité , & prêche
le menfonge. Celui qui parloir ainfi conclut fon
fermon , en difant : E indulgence que nous vous
donnons n’e il pas feinte , & compofée par le pape ;
elle vient de Dieu feuî. Nous nofons faire mention
du p ap e , c e ft un homme dune vie trop corrompue
& de trop mauvais exemple : priez pour l ’empereur
Frideric & pour fon fils C o n ra d , qui font
juftes & parfaits. Conrad qui étoit en A llema gn e ,
protegeoit ces hérétiques , croïant par ce moïen fe
foutenir lui & fon pere. C ’cft ainfi qu’en parle
A lb ert qui vivoit a lo rs , & qui avoir quitté l’abbaïe
de Stade en Saxe , pour entrer dans l ’ordre des freres
Mineurs.
Meurtre de Mar- Frideric dc ion cote fe rendoit odieux 3c mépri-
§ & ■ fablc’ A 11 avoit Paffé ^ iv c r devant Parme, & fe te-
M*»b. iarif. p n o itsûr de la prendre, quand les aifiegez par un
coup de defefpoir, firent une fortie & prirent fon
L i v r e q u a t r e -v i n g t - t r o i s i e ’m e .1 413
camp , c’eft-à-dire, fa nouvelle ville qu’il avoit nom- A n T"
mée Viétoire. C ’étoit le mardi dix-huitiéme de Février.
Frideric fut réduit à fe retirer à Cremone , Si feTr'.Fvm.fu%'.
perdit fon bagage &c fon tre for, avec Tadee de Sefle, 5 4
I qui il en avoit laiifé la garde, Si qui fut mis en
pièces par les Parmefans. Cette défaite diminua beaucoup
en Lombardie le crédit de Frideric.
Cependant il tenoit en prifonMarcellinPete évêque ^ mi, „ .m
d’Arezze. Ce prélat étoit natif d Ancone d une famille
très-noble, & ch e f du parti Guelfe, auquel il attira par
fes exhortations Si par fes largeifes, non feulement des
citoïens, mais le peuple delà campagne. Il fut premièrement
évêque d’A fc o li, d ou le pape Grégoire IX . le
transfera à Arezze en 1137* Mais les Gibellins aïant
pris le deifus en T o fc a n e , le chafferent d’Arezze avec
plufieurs autres, Si il fe retira a Rome fous Innocent
IV . qui lui donna le commandement de l ’armee des
Guelfes dans la Marche d Ancone ; car il etoit plus
guerrier qu’ecclefiaftique, Si il eut plufieurs avantages
fur les troupes de l’empereur. Mais enfin il fut pris, Si
demeura plus de trois mois en prifon , après lefquels
Frideric étant encore a Vi6toire, le condamna a mort.
Si envoïa ordre de le pendre ; ce qui fut execute au
château de faint Plamien ou on le gardoit. Les officiers
de l’empereur aïant reçu cet o rd re , preiferent
l’évêque Màrcellin d’excommunier publiquement le
pape , les cardinaux Si les autres prélats de leur communion
, Si de jurer fidélité à l’empereur Frideric,
lui promettant à ce prix l’impunité avec de grandes
richeffes. Mais le préla réitéra l ’excommunication
Contre Frideric, qu’il avoit déjà prononcée plufieurs
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