
VI I I .
Le comte de
Toiilouie réconcilié
avec le
pape.
Rie» S. Gtrm»
l» 1040. 1041.
Refin. 12.43. n,
2,84 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
foigneufement, ôc qu'on jonchoit de fines herbes &
de fleurs, eft fale ôc poudreux. Cependant les Prêcheurs
&le s Mineurs devenus nos maî tres, qui ont
commence par des cabanes ôc des taudis, ont élevé des
palais foutenus de hautes colomnes, ôc diitribuez en
divers apparcemens, dontladépenfe deveit être em-
ploïée aux befoins des pauvres ; ôc ces freres, qui dans
la naiflance de leur religion fembloient fouler aux
pieds lagloite du monde,reprennentle faitequ’ilsont
meprife, n aïantrien ils poffedent tout^&font plus,
riches que les riches - memes ; ôc nous qui paflbns
pour avoir quelque chofe, fommes réduits à mendier.
C eft pourquoi nous nous jettonsaux. pieds de votre
majefte ,;pour la fupplier d’apporter un promt remede
a ce mal, de peur que la haine croifTant entre nous ôc
ces freres, la foi ne foitmife en péril,, par cela même
que 1 on croit devoir 1 augmenter.. Encette plainte le
cierge témoigné plus d'attachement à fes intérêts,
temporels que de zélé pour Le falut des ames.
Raimond comte de Touloufe étoit venu en Poiiille
trouver l'enipereur Fridericdês le mois de Septembre
1141. ôc après y avoir paifé l’hy ve r i l demeura.encote
toute 1 annee fuivante en Italie,, allant de tems en
tems a. la cour de Rome , & s’entremettant de la paix,
entre le pape & Lempereur. il follickoit aulfi fon abfo-
lution , ôc il envoïa au pape des amfâiTadeurs pour>
la demander, promettant d’obéïr à fes ordres. Sur-
quoi le pape manda a 1 archevêque deBari le fécond
jour de Décembre 1243-. d’abfoudre le comte après
avoir pris de lui le ferment accoutumé. On peut croire
auffi que ce fut a la priere de ce prince que le pape
Innocent écrivit aux inquiflteurs de France , qu®
pour faciliter le'retour des hérétiques ils reçuflent
tous ceux qui demanderoient d'eux-mêmes à feréiï-
nirà l'églife, fans être condamnez ni convaincus, ôc
ne leur impofaifent aucune peine, & qu’ ils le fiflenc
publier à leur arrivée dans les lieux où ils fe tranfpor-
teroient pour exercer leurs fonêbions, marquant un
certain terme après lequel Ceux qui ne feroient pas venus
d’eux-mêmes , feroient traitez plus rigoureufe-
ment. La lettre eft du douzième Décembre 1243.
L’évêquede Touloufe fut auffi appellé à la cour de
Rome ; & cependant Pierre Amelin archevêque de
Narbone, Durand évêque d’Albi & le fenéchal de
Carcaifonne, affiégerent ôc prirent Le château d e
Montfegurau diocéfe de Touloufe , qui pafloit pour
imprenable; & étoit le refuge publie des hérétiques
ôc des malfaiékeurs. On y trouva deux cens hérétiques
vêtus tant hommes que femmes. On appelloit hérétiques
vêtus ceux qui étoient déclarez tels. Entre
ceux-ci étoit un nommé Bertrand Martin qu’ils re>-
connoiifoient pour leur évêque; & comme ils ne voulurent
point fe convertir , on fit un parc de pieux oùj
on les brûla. La prife de ce château fut le dernier
exploit de guerre contre les Albigeois.
Après que le comte Raimond eut été abfous par
l’archevêque de Bari de l’excommunication prononcée
contre lui par les freres Prêcheurs, ihvint en te
préfence du pape avec de grands témoignages d'humilité
ôc de dévotion. Le pape le reçut d'un vifage
ferein, ôc de l’avis des cardinaux lui rendit les bonnes
grâces du S. fîége , confidérant que par le rang'
qu’il tenoic entre les princes, par fâpuiiïance ôc fom
habileté il pouvoit être confidérablement utile à l’é^
N n iij,
A n . 1243.
I »epift.tr6.eip»
Reiin»■ ibid.»
G» Tod» Leturs
c» 46,
Cetrtg, Glojti
k&ret»