
A n. 1141.
Rie. S. Germ.
10)6.
XLVIIL.
Délblation de
la Hongrie par
îles Tartares.
Ahulfar.p. 310.
Haïto. c. i l .
<3. Nang.
■Cefia. p. 340,
•Roger "DeftruSt.
ibtng. e. 1 •
1 5 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Il continuent cependant fes conquêtes en Italie;
faifant le dégât autour des villes qui ne vouloient
pas le recevoir. De Faïence il vint à Fano , puis à
Spolete , qui fe rendit, puis à Affife ; 8c pour fournir
aux frais de la guerre il fit affembler à Melfe au
mois de Juin les prélats de fon roïaume en Italie, 8c
les obligea de donner à titre de prêt les tréfors de leurs
églifes : c’eft-à-dire l’argenterie , les ornemens de
foye 8c les pierreries, ce qu’il continua pendant
les deux mois fuivans , 8c fit amaffer toutes ces ri-
cheffes dans la ville de S. Germain près du Mont-
Caflin. On prit entre autres la table d’or , qui étoit
■dans ce monaftere devant l’autel de S. Benoît, 8c la
table d’argent de l’autel delà fainteVierge. Mais les
églifes rachetèrent pour de l’argent une partie de
leurs tréfors.
Au même mois de Juin 12.4c. l’empereur Frideric
reçut nouvelle que les Tartares pouffant toujours
leurs conquêtes avoient vaincu le roi de Hongrie, 8c
étoient aux portes de l’Allemagne. Le roi de Hongrie
lui - même lui envoïa l'évêque de Vacia chargé de
lettres, par lefquelles il offroit de fe foûmettre à lui
avec fon roïaume , pourvu qu’il le défendit contre
les Tartares. Ils étoient commandez par Bathpu ou
Baïdo petit-fils de Ginguifcan , qui s’avança vers
l ’Occident 8c le Septentrion , tandis qu’Ogtaï fon
oncle faifoit la guerre à l’Orient , où il conquit le
roïaume de la Chine. Bathou atcaqua les Ruffes, les
Bulgares, 8c les Sclaves. Il défit auffi Cuthen roi des
Comains, qui envoïa à Bela roi de Hongrie demander
retraite pour lui 8c pour fa famille, promettant
de fe rendre fon fujet 8c d’embraffer la religion Chrétienne
,
L i v r e L X X X I . 257 —■
tiene. Bela accepta avec joie iapropofïtion, dans l’ef- A n. 1141.
perance de laconverfion de tant d’ames ; mais ces
Comains encore barbares ôc dont les biens confif-
toient en bétail, firent de grands maux à la Hongrie,
8c rendirent le roi Bela odieux à fes fujets.
Cependant les Tartares entrèrent en Ruf l ie ,pr i '
rent Kiovie qui en écoit alors la capitale, pafferentau
fildel’épéetous leshabitans, 8c la ruinèrent. Ils ravagèrent
la Pologne , dont le duc Henri fut tué
dans un combat. Ils attaquèrent la Bohême, mais ils
furent repouffez, 8c Peta un de leurs chefs tué. Le duc IariJ'-
de Brabant fut averti de cette irruption par une lettre
d’un feigneur de Saxe fon gendre datée du dimanche
Loetoere, c’eit-à-dire du dixième de Mars 1241.
Il envoïàTcette lettre à l’évêque de Paris; 8c la reine
Blancheàde fi terribles nouvelles, dit à faint Loüis:
Ou êtes-vous, mon fils ? Il s’approcha 8c lui dit : Qu’y
a-t-il, mamere ? Elle tira un grand foûpir, 8c fondant
en larmes, lui dit : Que faut-il faire, mon cher fils, en
cette occafion où l’églife eft menacée de fa ruine 8c
nous auffi tous tant que nous femmes ? Saint Loüis
répondit : Efperons au fecours du ciel : fi les Tartares
viennent, nous les envoierons en enfer, ou ils nous
envoïeront en Paradis. Cette parole encouragea non
feulement laNobleffeFrançoife, mais les peuples des
pais voifins.
On apprit en Hongrie que les Tartares en rava-
geoient la frontière verslaRuffie un an après l’en- 4
tree des Comains,c’eft-à-dire, vers Noël de l’an 1240.
Sur cette nouvelle le roi Bela fit publier par tout le
roïaume que la nobleffe fe tînt prête à marcher au
premier ordre. Mais les Hongrois mécontens pour la
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