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A n. U40. jj /tQjt ^ fajnc Qilles} un Jégat ôc l’archevêque d’Arles
vinrent lui confeillerde nepoint pafler à laTerre
iainte 8c même le lui défendre. Le comte furpris & indigné
répondic : J’ai cru de bonne foi ce qu’on me di-
foit de la part du pape, j’ai fait tous mes préparatifs;
8c maintenant que je fuis fur le point de m’embarquer,
le pape que l’on prétend n’avoir jamais manque
à fa parole m’empêche de faire le fervice de J. C. 8c
fans s’arrêter aux difcours des légats, il s’embarqua à
Marfeïlle la fécondé femaine de Septembre: après
avoir dépêché des envoïez à l ’empereur pour l’inf-
truire de la conduice du pape à fon égard.
Il entra dans le port d’Acre la veille de S. Denis,
c’ efl-à-dire, le huitième d’Oétobre; 8c y fut receu
u. f. 486. e. avec d’autant plus de j o i e , que les affaires des Chré-
f°+- tiens étoient en très-mauvais état en Paleftine. Le
comte Pierre de Bretagne qui y étoit arrivé l’année
jc?. 474. précédente fit une courfe près de D^.mas, 8c prit un
Sanut. P. 1 1 5 . t , . . v I» t C * $• m. grand butin qu il amena a 1 arme j. Les autres lei-
Geji*^s..i«i. g neurs en furent jaloux, ôchuit joursaprès le duede
Bourgogne, le comte de Bar, le comte de Montfort
8c plufieurs autres firent une autre courfe fans la participation
du comte de Bretagne. Mais le comte de
Bary fut tué avec grand nombre d’autres feigneurs:
Amauri de Montfort pris 8c mené à Babylone, c’efl-
à- dire au Caire; 8c le duc de Bourgogne s’enfuit : leur
défaite arriva près de Gaze.
Mgttb.r.iUi Ce trille événement donna occafion à l’empereur
de former de nouvelles plaintes contre le pape, comme
il paroit par la lettre qu’il en écrivit au roi d’Angleterre
fon beau-frere, datée de Foggia dans fon
roïaume le vingt-cinquième d’A v r i l 1x40 il y dit en
fubftance :
L i v r e L X X X I . 1
fubftance :Nous avions eu grand foin d’exhorter les
c r o i f e z à différer leur paifage, jufqu’àce queles affaires
d’Italie nous permiffent de nous mettre a leur tete;
8c ils.étoient difpofez à nous écouter , mais le pape
donnant une interprétation maligne à nos difcours
n’a cefléde lespreffer de partir , nonobftant nos re-
I montrances. Car nous lui repréfentions le péril de
I cette précipitation ; 8c la nécelfité de ralfembler les
I croifez fous un feul chef. Le pape donc meprifanttou-
I tes ces raifonsles a preffé encore plus vivement : fans
confiderer qu’en rompant la trêve que nous avions
faite avec les infidèles, les croifez expofoient les ref-
tesdes Chrétiens d’Outre-mer à périr par le fer 8c par
la faim. Il finit en promettant de donner a la Terre-
fainte tout le fecours que les troubles préfens lui permettront
d’y envoïer.
L’arrivée de Richard comte de Cornoüaille releva
les courages abattus par cette perte. Letroifiéme jour u.p. 48<r.
après fon arrivée il fit publier dans Acre , qu’aucun
Chrétien pelerin ne fe retirât faute d’argent : parce
qu’il les entretiendroit à fes dépens en faifant bien le
fervice. Le roi de Navarre 8c l’ancien comte de Bre- u . Rain 1 1 4 t .
tagne avertis de fon arrivée s’étoient retirez quinze
jours auparavant avec une grande multitude de croifez:
après avoir fait une trêve telle quelle avec Na-
zer, feigneur de Ca ra c , afin qu’il parût qu’ils avoient
fait quelque chofe. Mais ils étoient partis avant le
terme convenu pour l’exécution. Le comte Richard
aïant envoïé vers Nazer trouva qu’il ne dependoit
point de lui d’entretenir la trêve ; mais s’étant avance
jufques à Joppé il y reçut un envoïé du fultan d’Egypte
qui lui offrit la trêve de la part de fon maître.
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