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________ prince une bulle par laquelle il ordonne âux prélats ^
A n . 1 14 6 . & aux feigneurs à qui il avoit donne des terres, des
im '.et . 4i7.«?. châteaux, des franchifes & d’autres droits , de les lui
' R *».«». i h 6. rencjrCj quoique ces donations fulfent confirmées par
ferment : attendu que Ce ferment étoit contraire à celui
qu’il avoit auparavant fait à fon facre , de confer-
ver en leur entier les droits de fa couronne. La bulle
eft du vingt-fixiéme de Mars 1146.
Mais d’ailleurs le pape étant informé , que depuis
quelque rems il étoit mort en Angleterre quelques ec-
M a t tb . T a r if, clefiaftiques très-riches, fans avoir difpofe de leurs
bien s , fit publier en ce roïaume un d é c re t, portant
que les fucceffions des clercs decedez fans faire tefta-
m en t , cederoient déformais a fon profit ; & i il chargea
de l’exécution de ce décret des freres Prêcheurs &
des freres Mineurs. C e que le roi d’Angleterre aïanc
appris, ildeteita l’avarice de la cour de R om e , & empêcha
l’execution du d é cre t, comme préjudiciable à
lui & à fon roïaume. Il défendit auili q u o n levât au
profit du pape le taillage impofé fur le clergé d’A n gleterre
, jufques au retour des ambafladeurs qu’il en-
SJ , vo ïo it en cour de Rome. Çette oppofition du roi 8 c
du pape inquiétoit les A n g lo is , & plufieurs craignant
la legereté du r o i , fe rangeoient du cote du pape,
quoiqu’ils n’euffent jamais vu que ces levées de deniers
euifcnt été avantageufes à l’églife. A in fi parle
Mathieu Paris.
?. Le pape envoïa enfuite une commiflion au provincial
des freres Mineurs en Angleterre, par laquelle
il lui ordonnoit d’établir dès freres tant de fon ordre
que de celui des Prêcheurs, pour informer contre les
«furiers , 8 c leur faire reftituer l’argent mal acquis-,
qui feroit emploié au fecours de l’empire de C . P. Ils 1 2 . 4 . 6 ,
avoient encore pouvoir d’abfoudre de leurs pechez
ceux qui voudroient fe croifer pour cette entreprife ,
ou y contribuer de leurs biens : pouvoir de recueillir
ce qui avoit été laiile par teftament pour la reftitu-
tion des biens mal a cq u is , ou qui feroit laiife pendant
trois ans : de même ce qui devoir être diftribue
en oeuvres pies , à la diferetion des exécuteurs tefta-
mentaires , fans deftination certaine du teftateur, ou
ce qui devoit être reftitué fans que l’on fçur a qui.
Ces religieux devoient faire le recouvrement de tous
ces deniers, pour être emploïez au fecours de Conf-
tancinople. .
Les religieux mandians fe rendoient odieux aux an- piai^ J ^ Kie$
ciens moines & aux prêtres feculiers, en faifant rrop “ eiCM maa-
vâloir les privilèges des papes, qui ordonnoient aux ? . <¡07.
évêques de les admettre â la prédication 8 c a 1 admi-
niftratioç de la penitence. Ils exigeoient qu’on fit lire
publiquement ces privilèges dans les églifes ; 8 c de-
mandoient à ceux qu’ils rencontroient, même a des
religieux : Vous êtes-vous confeiTez ? O u i, repondoit
le particulier. A qui ? A mon curé. C ’eft un ignorant
qui n’a jamais étudié en théologie ni en décret. Venez
à no u s , qui favons diftinguer la lèpre de la lepre ,
& qui avons reçu les grands pouvoirs que vous voïez. ?• «o»;
Ainfi plufieurs laïques, principalement les nobles 8 c
leurs femmes , méprifant leurs curez 8 c leurs prélats,
fe confelfoient aux freres Prêcheurs ; & ce mépris
étoit fort fenfible aux fuperieurs ordinaires. Les pa-
roiifiens pechoient plus, hardiment n’etant plus retenus
par la crainte d’en rendre compte a leurs curez
5 8 c fe difoient l’un à l’autre : Prenons librement
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