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: par
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Sirpt liv . x x ii ,
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6 1 0 - H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
curiofité. D o n c ceux qui peu vent fubfifter de quelque
maniéré que ce f o i t , fans tomber dans ces in-
con v en ien s , ne font point o b lig e z à travailler. O r
les religieux à qui le miniftere de la prédication eft
confié en peuvent fu b fifte r , puifque le feigneur a
ordonné que ceux qui annoncent l ’évangile v iv en t
de l’évangile : 8c les moines oififs contre lefquels
é c r ivo it faint A u g u f t in , n’étoient point miniftres
de l’églife. En fin le travail fies mains doit ceder à
fies occupations plus u t ile s , telle qu’eft la prédication
: les apôtres étoient in fp ir e z , mais les prédicateurs
d’aujourd’hui fon t ob ligez de s’inftruire j
une étude continuelle.
Guillaume de Saint-Amourprétendo itqu’i ln ’eft
pas permis à celui qui a du bien de s’en dépoiiiller
entièrement fans pourvoir à fa fub fiftan c e , foit en
entrant dans une communauté rentée, foit en fe
propofant de vivre du travail de fes mains. Il fit fur
ce fujet un petit traité intitulé : De la quantité de
l ’aumône , pour montrer qu’elle d oit avoir des b ornes
, 8c que ne fe rien referver c’eft tenter Dieu ,,
s’expofant au péril de mourir de faim , ou à la ne-
ceffité de mandier. Saint Thomas dit que c’eft r c -
nouveller les erreurs de Jov inien & de Vig ilen ce ,
qui blâmoient la pratique des confeils évangéliques,
& en particulier la vie m onaftique. C e n ’eft pas
feu lement, dit i l , dans la pauvreté habituelle que
eonfifte la perfeétion de l’évangile ,. c’eft-à -d ire
dans le détachement intérieur des biens que nous
poffedons réellement, mais dans la pauvreté actuelle
& le dépouillement e ffe é tif de ces biens ; 8c cette:
pe rfe&ion ne demande pas qu’on poffede des biens>
L i v r e c j u a t r e - v i n g t - q u a t r i e ’m e . «Tir
en commun , ou qu’on travaille des mains. Ici il
montre bien que les moines les plus parfaits de l’an- A N
tiquité renonçoient aux biens même poifedez en
commun, mais il n ’ajoûte pas qu’ils vivoient de leur
travail fans rien demander à perfonne.
Il foûtient enfuite qu’il eft permis à un religieux
de vivre d’aumônes après avoir tout quitté pour
J efu s-C hrift. Q u e les prédicateurs envo ïe z parles c.-r;
fuperieurs ecclefiaftiques peuvent recevoir leur fubfiftance
de ceux qu’ils inftruifent : qu’ils peuvent
même là demander 8c mandier quoique valides, &
qu’on doit leur donner préferablement aux autres
pauvres. Il fuppofe que les religieux rentez peuvent
viv re de leurs revenus fans tra v a ille r , en quoi il parole
faire plus d’a ttention au relâchement des moines
de fon temps qu a la réglé de faint Benoît. Il
prétend que Jefus-Chrift a mandié fon pain quand
il a dit a Zachée : Defcendez promptement je dois lhc
log er aujourd’hui chez vous. Il apporte l’exemple
de faint A le x is , dont l’h iftoire n’e ft d ’aucune autorité
; 8c des pèlerinages en demandant l’aumône
que l’on impofoit pour penitence, fuivant la n ou velle
difeipline 8c contre l’efprit de l’ancienne. Il
dit que la mandicité n’infpire la flaterie 8c la b af-
feife fervile qu’à ceux qui demandent par cupidité
8c pour s’enrichir , non à ceux qui fe contentent
du neceffaire : que loin de nuire aux autres pauvres,
ils leur procurent par leurs exhortations 8c leurs
confeils des aumônes abondantes. Il met grande
différence entre la mandicité forcée 8c la vo lo n taire,
8c prétend que celle-ci n’expofe pas aux mêmes
périls que l’autre. Les mandians valides con -
H h h h ij