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________ faiis; qui le haiffoient mortellement ; mais Pierre
A n . 1 14 9 . prévint leur vengeance &c fe caffa la tete contre
u n e colonne à laquelle on l’avoir attache. Malei-
pini Florentin auteur du temps dit , que Pierre fut
accufé de f trahi!on -par envie de fon grand pouv
o i r l e - l o ü ë pour fa fageffe & fon éloquence,
Noüs en pouvons juger par fes lettres que nous;
avons en grand nombre écrites la plupart au nom
de.l’empereur Frideric, & qui montrent le mauvais
goût de fon fieclc. ■"'i . ; ' _
Entre ces lettres irl y. en a deux de Frideric 4 $fe
fen.vin.ub.iii. Louis pendant fon voïage : la premiere pour fa-
»■ y o k de.pes noUvelles fur le bruit- que fa flotte afe'
voit été dilfipée par une tempête : la feconde, en
lui envoïant des vivres & des chevaux, où. il ^témoigné
le defir qu’il avoit d’aller en perfonne à la
croifade , ii les affaires que lui fufeite le pape ne
UMth parti, p l'en empêchaient, Au mois de Mai de cette an-
f d ' ' née 1149. Hents fils naturel dé Frideric & roi de
Maiefp. s t a g n e aï ant marché contre les Boiognms fut
pris en une embufeade &: mis en prifon , oja ils le
gardèrent jufqu’à fa m o r t , nonobftant les menac
i » » j L ces de Frideric. Vers le même temps un autre de
H g lès fils naturels mourut en Poüille , &c ces accidcns
joints à la trahifon de Pierre des Vignes le to u ,
cherent fcnfiblement. Enfin il fut frappé lu u n iè me
de la maladie que l’on nommoit le feu facre ;
êc fe Tentant humilié de tant d’adverfitez , il offrit
au pape des conditions honnêtes de paix. Mais
le pape les refufa , ce qui lui attira l’indignation
de plufieurs nobles &c les rendit favorables a En,
deriç. • ■'1 1 '
L i v r e q u a t r e -v i n g t -t r o i s i e ’m e . 441
Le roi faintLouis aïant réfolu de pafferen EgyP* T ~ i
te & d’attaquer Damiete, s’embarqua dans fille xvi.^
de Chipre au port de Limeffon le jour de l’Afcen- Loais r
fîon, treizième de Mai 1x49. & après avoir été re- ^ Ducbe/»e.
tenu ouelque temps par les vents contraires, il ar-Min g 1 1 rx H r 1 ■ H i riva devant Damiete le vendredi d apr'è s1 t - • la Mi“ rnih-\ 4 dFda:ntf*:m.p. 10,».
nité quatrième de Juin. Dès qu’on l’eut apperçu
tous les feigne,urs fe raffcmblerent auprès du r o i ,
qui commença à les encourager .en ces termes ;
Mes amis nous ferons invincibles fi la charité nous
rend inféparables. C e n ’eft pas fans un coup de pro-
vidence que nous nous trouvons ici inopinément :
abordons hardiment quelque grande que fo it la
léfîftance des ennemis. Ne confiderez point ici
ma perfonne , -c’eft vous qui .êtes le roi & l ’egli-
fe : Je ne fuis qu’un feul homme, dont Dieu quand
il lui plaira, emportera la vie d’un foufle, comme
celle d’un autre. T o u t événement nous eft favorable
: i l nous fuccombons nous fommes martyrs,
fi nous fommes vainqueurs Dieu en fera glorifié
& la réputation de la France $c de toute la Chrétienté
augmentée. Il y auroit de l ’extravagance à
penfer que D ie u , qui prévoit t o u t , m ’eût envoie
ici en vain. Il a quelque grand deffein combattons
pour lui & il triomphera pour n o u s , non
pour notre gloire, mais pour la fienne. Louis étoit Jcinv.p'. 45»
alors dans ia trente-cinquième année ; d’une taille
fi avantageufe qu’i l paroiffoit au-deffus des autres
depuis les épaules. Il avoit très-bonne mine principalement
étant prmé ;& toutefois le vifage doux
& affable, les cheveux b lon d s, la barbe rafée fui-
■ÿant la mode du temps,
T m c X V I I . K k k