
% \ 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
— — — —— La légation de l'archidiacre Jacques s erendoit en'
A n . 1148. PruiTe & en Pomeranie, & après le concile de Bref-
la u , il pafla en PruiTe où il fit un grand règlement
Voji cbren.frujf. entre les Néophytes ou nouveaux Chrétiens d’une
#'46i‘ p a r t , Si de l’autre le maître & les chevaliers de
l ’ordre Teutonique , qui vouloient tenir ces N éo phytes
dans une efpece de fervitude. C e règlement
comprend le temporel comme le fpirituel ; mais j’en
marquerai feulement ce qui regarde la religion. Les
Néophytes Si leurs enfans légitimes pourront être
clercs, & entrer dans les communautez religieufes,
t- ■*««■ Ils promettent de ne plus brûler les morts, Si ne
point enterrer avec eux des hommes ou des chevaux
, des armes , des h ab its , ou des chofes pre-
cieufes , mais de les enterrer en des cimetières, fui-
vant l ’ufage des Chrétiens. Ils n’offriront plus de
libations à l’ido le , qu’ils ont coutume de faire une,
fois l’an après la récolté des fruits , Si qu’ils adorent
fous le nom de C u r ch c , ni à d’autres faux dieux,'
Ils n’auront plus de ces impofteurs qu’ils nomment
Taliffons & Ligaftons, qui font comme les prêtres
des payens, & qui dans les funérailles louent les
morts des larcins, des pilleries, des impuretez , Si
des autres pechez qu’ils ont commis pendant leur
vie ; Si qui regardent au c ie l , criant qu’ils voient le
défunt volant en l’air à cheval', revêtu d’armes brillantes
, & paffant à un autre monde avec une grande
fuite.
Ils n’auront plus ni deux ni plufieurs femmes ,
mais une feule qu’ils épouferont en ptefence de
témoins, Si feront publier leurs mariages [dans 1 eglife.
L i v r e Q u a t r e - v i n g t - t r o i s i e ’m e . 4 1 7
g life . Ils ne vendront plus leurs filles pour les d on n e r ■
en mariage , d o u il arrivoit quelquefois que le fils A n . 1148.
epoufoit la veuve de fon p e r e , comme faifant partie
de la fùcceffion. Ils obierveront dans leurs mariages
les degrez de parenté fuivant les loix de l’é-
glife , & n’auront pour héritiers que leurs enfans
légitimés. Aucun d’eux ne fera mourir fon f i ls , ou
fa fille , de quelque maniéré que ce foit ; mais fi-
tot qu nn enfant fera né , ou dans les huit jours au
plus tard , ils le feront porter à 1 eglife & baptifer
par le prêtre , en le plongeant trois fois dans l ’eau*.
■Tout ceci eft remarquable , particulièrement les
trois immerfions. Le règlement continue : Et parce
qu’ils ont été long-temps fans prêtres & fans ég li-
fe s , dou il efl^ arrive que plufieurs font allez en
en fe r , faute dette baptifez , Si qu’il en refte encore
plufieurs qui ne le font pas : ils fe feront
baptifer dans un mois , finon ils font convenus
que 1 on confifquera les biens des parens, qui par
mépris n ’auront pas fait baptifer leurs enfans dans
ce terme : ou des adultes qui auront opiniâtrement
refufe le baptême en étant requis , Si ils feront
chaffez eux-memes nuds en chernife hors des terres
des Chrétiens, de peur qu’ils ne gâtent les autres
par leurs mauvais diieours. T o u t ceci eft bien éloigne
de 1 ancienne difçipline pour la préparation au
baptême.
On defigne enfuite les lieux où les Néophytes
doivent bâtir des églifes ; fa voir treize en Pomeranie,
fix en Varmi.e , trois en Natanie , le tout dans la
Pentecôte prochaine, & ils promettent de les fournir
de ca lic e s, de livres , d’ornemens & des au-
Tome X F I I , Q a a