
6 $ 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
--------------- La crainte des Tartares qui avoient déjà ravages
A n . u t j . la Hong rie engagea le roi Bela IV . à écouter des
l v . propoutions d’alliance qu’ils lui f ir e n t , & lur le l-
TactaresalTroi^de quelles il envoïa au pape Alexandre un doéleur
Hong™. {lommé Paul aVec une lettre où il difoit : Quand la
s«pKûv.'«»xi.’ H o n g rie fut attaquée par les Tartares, j’envoïai l’é-
”■ +7- vêqüe de Vacia à prefent évêque de Pa'leftrine au
pape Grégoire IX . pour lui demander du lecours y
fans qu’il daignât m’envoïer feulement un mot de
*Vgheti. u. i.p- confo lation. C e t év êqueétoit E ftienne,qui de V a cia
fu t transféré à l’archevêché de Strigonie ; & le
pape Innocent IV . le fit cardinal évêque dePalef-
trine en 1151. La lettre continue: Après la mort de
Grégoire pendant la vacance du faint fiege,les cardinaux
m’éc r iv irent, que quand il y auroit un pape
il prendrait foin d’é loignerde mon roïaume ces fâcheux
ennemis ; mais cette cfperance a été fans
effet, & après l’éleéfion du nouveau pape , je fuis
demeuré méprifé Si abandonné. Mes forces n’étant
donc pas affez grandes pour refifter aux T a r ta r e s ,
fi le fecours du faint fiege me manque encore à prefent
, je ferai contraint à mon grand regret d’accepter
la paix & l’alliance qu’ils m’ont offerte plu-
ficurs fois. Ils me donnent le choix d’un mariage ou
de mon fils avec la fille de leur prince, ou de fon fils
avec ma fille ; mais à condition expreffe que mon fils
avec la quatrième partie de mes troupes marchera a
la têtedesTartares contre les C hré tien s, & aura la
cinquième partie du butin &c des conquêtes. D e
plus je ferai exempt de leur païer tribut : ils n’entreront
point fur mes terres, & s’ils m’envoient des am-
baffadeursjleur fuite n’excedera pas cent perfonnes.
L i v r e q u a t r e -v i n g t -q u a t r i e ’m e . ¿ 3 7
L e roi de Hongrie fe plaignoit encore que le pape ■---------------
chargeoic les églifes de fon roïaume par les pro v i- A N. i i j î».
fions de bénéfices qu’il donnoit à des étrangers, &
le prioit de n’en plus ufer ainfi à l’avenir.
Le pape lui répondit par une lettre du quatorzième
d’Odrobre 11551. ou il dit : T o u t le monde fait
dans quel embarras d’affaire étoit l’églife quand
vous demandâtes du fecours à Grégoire IX . &c
quelle perfécution lui fa ilo it l’empereur Frideric.
Elle fu t obligée à contradxr de fi grandes dettes ,
qu’elle n’a pû encore s’en acquitter ; enforte qu’elle
a vo it plus befoin du fecours des autres, qu’elle n’é -
to it en état de leur en donner. Quand fon fuccef-
feur fu t en place , l’orage qui avoir défolé vo tre
roïaume étoit p a ffé, les Tartares s etoient retirez ,
ainfi il n’étoit plus befoin d’accomplir la promeffe
des cardinaux. A l’égard des p ropoutions que vous
fon t à prefent les T a r ta r e s , quand vous n ’auriez
aucun fecours à efperer du ciel ni de la terre, quand
il s’agtroit de la perte de tout le roïaume du monde
& de votre propre v ie , elles devraient vous fa ire
horreur. I l y a des remedes fi honteux qu’un
homme courageux doit plutôt choifir la mort. A
Dieu ne plaife qu’aucun intérêt temporel vous engage
à vous féparer du corps des fidèles, & vous
allier avec les infidèles, pour devenir l ’ennemi des
C hré tiens, après en avoir été le défenfeur , & ouvrir
le paffage aux barbares pour les attaquer.
Quand même vous auriez attiré fur vous ce reproche
éternel, ce ferait plutôt la perte que le falut de
vo tre roïaume. V ou s pouvez avoir appris que les
Tartares'ont féduit plufieurs nations par les appas
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