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A n. 12.34. pécheurs excommuniez ; mais ce que nous vous reprochons,
vous le témoignez vous-mêmes par vos
difcours & par vosa&ions; ce font vos prélats qui le
fonc qui l’enfeignent ; & comme nous ne voïons
aucune volonté de vous corriger, nous nous en retournons
à celui qui nous a envoïez. Aïant ainfi parlé
, ils fortirent du concile.
Le même jour après dîné les nonces allèrent trouver
^empereur & lui racontèrent fidelemenc tout ce
qui s’étoit palfé^ puis ils lui demandèrent une efcorte
jufqueshors de Tes terres. L’empereutVatace, comme
adroit & politique , commença à excufer les Grecs &C
à promettre qu'ils fe corrigeroient ,, ajoutant que fi
la conférence fe fut tenue devant lui on n’en fût pas
venu aux injures. Mais, continua-t-il, je ne veux
pas que vous vous fépariez ainfi mécontens les uns des
autres- Jeveuxvous entendre èc eux auffi lur votre
queftion, & quand vous aurez terminé l'affaire amia-
blement vous vous en retournerez. Voilà mes galères
prêtes pour vous mener en Pouille , & mes
ambalfadeurs que j ’envoïerai avec vous au pape; car
je veux l’honorer commeil convient & lui faire des
prefens , afin qu’il me tienne pour fon ami &i fon
üls.
Les nonces répondirent : Seigneur, nous ne voulons
pas vous celerlavérité. Vousnevous rendez pas
agréable au pape par vos prefens, mais quand vous
lui ferez agréable par l’unité de la fo i , alors vos prefens
le feront aum. Sans cela il ne vous recevra jamais
pour ami ni pour fils, ni nous n’oferions lui pre-
fenter vos ambaffadeürs ; au contraire nous ferions
obligez de nousoppofer à eux. Alors l’empereur montrant
L i v r e L X X X . s? — — —
trant un vifage trille , leur dit : J’ai vu que Manuel, An. i 134.
Théodore ôc plulîeurs autres empereurs étoient en ^ ^
liaifon d’amitié avec le pape durant le Schifme. Ec 1 '
comme les nonces lui déclarèrent qu’ils ne le chargeraient
pas de fes envoïez,linon fous efperance de paix,
ïl ajoûta : Jenelesenvoïeraidoncpas; car je neveux
expoferaux ennemis, ni mes gens, ni mes vaifleaux.
Le fchifme a déjà duré près de trois cens ans, il ne
peut être ôté en fi peu de tems. Attendez , je parlerai
demain aux prélats Si les prierai de repondre a
vôtre queltion. Alors les nonces fe retirèrent. Les
trois cens ans de fchifme que compte ici l’empereur
remontent vers le milieu du dixième fiécle entre
Photius & Michel Cerularius.
Le Jeudi vingt-feptiéme d’Avril au foir l’empereur x x x v i i .
« 1 • 1 •• * 1 ~ J /Ü Suite du concè» & le patriarche envoierent prier les nonces de le trou- Ie<
ver le lendemain au palais, ils s’y rendirent donc le
vendredi matin, &c y trouvèrent le concile alTemblé. t8, Awii'
Le patriarche après avoir confulté avec l’empereur Sc
les autres prélats, dit aux nonces: Nous répondrons a
vôtre queltion ; puis l’archevêque de Samaliro commença
ainfi : Vous demandez fi on peut confacrer le
corps de J. C. en pain azyme, &c nous répondons que
non. Les nonces demandèrent s’il vouloir dire qu’on
ne le pût de droit ,ou qu’il fût impolhbleabfolument.
Il répondit : Abfolument. Car nous fçavons que le
Seigneur l’a fait en pain levé , & l’a enfeigné de mê- (. J
me aux apôtres. Surquoi il cita le palfige de faim Paul
aux Corinthiens, 8c ajoûta ; Saint Pierre & les autres
apôtres 1 ont enfeigné aux quatre églifes patriarcales,
commeilsl’avoient appris duSeigneur. Saint Pierrea
l’églife d’Antioche , S. Jean l'évangelifte aux églifes
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