
A n. 12.45. finesel les ne lui ont fervi que d’un fpe£laele agréable
; 8c voïant qu'elles donnoient de mauvais ioup-
çons il les a congédiées pour toujours. Enfuite Thadée
fupplia le concile de lui accorder un petit d é la i , pour
écrire à l'empereur , 8c le perfuader s'il pouvoir , de
venir en perfortne auconeilê , ou lui envoïer un pouvoir
plus ample. A quoi le pape répondit : A Dieu ne
plaife. Je crains les pieges que j ’ai eu tant de peine à
éviter. S’ il venoit je meretireroisauff i- tôt, jene me
fenspas encore préparé au martyre ni àlaprifon. Aio-
fi fe termina la première feffion du concile.
Seconde fciTion La fieconde fe tint huit jours après , % avoir le mer-
A credi cinquième de Jui l le t , & on y obferva les mê-
5. Juillet. mes pri€res & les mêmes cérémonies. Alors Qudardi
vgMt.to. 6.f. ¿ v ^ ue ¿g Ca lv ien Poüille , qui avoir été tiré de l’ordre
de Cifteaux Sc qui étoit exilé, fe le v a , décrivit toute
la vie de Frideric, n’épargnant nifes vices ,„ ni fes
infamies, 8c dit qu’il tendoit principalement à ramener
les prélats 8c tout le clergé à la pauvreté où ils
etoient du tems de la primitive églife: ce qui paroif-
foit par les lettres qu'il envoïoit de tous cote2. Enfuite
fe leva un archevêque d’Efpagne , qui exhorta fortement
lepapeà procéder contre l ’empereur, rapportant
plufieurs entreprifes qu’il avoitfaites.contre l’é-
glife> 8c que fon intention avoir toujours été de la déprimer
autantqu’ilpourroit. Cet archevêque promet-
toit au pape que lui 8c les autres prélats d’Efpagne l’a£
fiileroient de leurs perfonnes & de leurs biens autant
qu’il défi rcroit : or les Efpagnols étôient venusau concile
en plus grand nombre 8c à plus grand train qu’aucune
autrenation. Plufieurs autres prélats du concile
firent les mêmes offres.
18 . J u in ,
XXVI.
L i v r e L X X X 11. 313
Alors Thadée fe leva , 8c regardant l’évêque de
Calvi lui dit : On ne doit point ajouter foi à vos paroles,
ni même vous écouter. Vous êtes le frered’un
traître, qui a été convaincu juridiquement dans la
cour de l’empereur mon maître 8c pendu ; 8c vous
marchez fur fes traces. Le prélat fe t e u t , 3c Thadée
repouffa avec la même vigueur les àccufations de
quelques autres. Plufieurs parens 8c amis de ceux qui
avoient été noïezdans la mer ou emprifonnez quatre
ans auparavant reprochoient cette aètion à l’empereur.
A quoi Thadée répondit: il eh fut véritablement
affligé, 8c ce malheur arriva contre fon intention
; mais il ne pût empêcher que dans.ce combat naval
8c la chaleur de l’aélion les prélats ne fuffent confondus
8c envelopez avec fes ennemis. S’il avoit été
préfentil auroit eu foin de les délivrer. Le pape ob-
jeèfa: Après qu'ils furent pris, pourquoi nelaiffa-t-il
pas aller les innocens en retenant les autres ? Thadée
répondit : Il faut fe fouvenir que le pape Grégoire
avoit changé la forme de la convocation du concile,
en ce qu'au lieu de n’y appeller que les perfonnes ne-
ceflaires, il y avoit appelle des ennemis déclarez de
l’empire,des laïques qui venoienf à main armée, comme
le comte de Provence 8c d’autres. On voïoit clairement
qu’ils n’étôient pas app'ellez pour procurer la
paix , mais pour exciter le trouble. C ’eft pourquoi
l ’empereur envoïa des lettres par tous les p a ïs , pour
prier amiablement les prélats de ne point venir à ce
concile frauduleux, prévoïant qu’ils feroient attaquez
avec fes ennemis ; 8c leur déclara qu’il ne leur affû-
roit point le paffage dans fes états. C ’efl: donc jufte-
ment que Dieu les livra entre les mains de celui
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j. Juillet,
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