
1 3î H i s t ô I R ê E c c l e s i a s t i q u e .
pal. Il eflf encore innocenta notre égard, il nous a
toujours étébonvoi f in ; 5c nous n’avons trouvé rien
de mauvais en lui, ni quant à la fidélité dans les affaires
temporelles, niquantàla foi catholique.Nous
fçavons qu’il a fidelement fait le fervice de J. C. dans
la terre fainte, s’expofant aux périls de la mer 8c de la
guerrej & que le pape au lieu de le protéger s’eft efforcé
de le dépouiller en fon abfence.
Nous n.e voulons pas nous expofer à de grands périls,
en faifant la guerre à Frideric prince lî puiifant,
qui fera foûtenu contre nous par tant deroïaumes 8c
par la juftice de fa caufe. Q u ’importe aux Romains
que nous prodiguions notre fang , pourvu que nous
contentions leurpaflion? Si le pape par nous ou par
d’autres fou-mec F rideric, il en deviendra infiniment
f i e r , & foulera aux pieds tous les princes. Mais afin
qu’il ne femble pas que nous aïons reçu en vain les
offres du pape , quoiqu’il foit confiant qu’elles font
plutôt l’effet de fa haine pour l’empereur, que de fon
affedtion pour nous ': nous envoierons à l'empereur
des ambaffadeurs qui s’informeront foigneufement
de fes fcntimens touchant la foi catholique, 8t nous
en feront le rapport.S’ils le trouvent orthodoxe, pourquoi
l’attaquerions-nous ? s’il eftdans l’erreur, nous
l e pourfuivrons à outrance , comme nous en uferions
à l’égard de tout autre 8c du pape même.
Les ambaffadeurs de France allèrent donc trouver
l ’empereur Frideric, & lui dirent le contenu de la lettre
du pape. l ien fut furpris, & répondit qu’il étoit
Chrétien 8c Cathol ique, 8t que fa créance étoit faine
fur tous les articles de foi. Puis il ajouta: A dieu ne
plaifeque je m’écarte de la foi de mes peres & de mes
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illuftres prédeceffeurs: mais je lui demande juftice dé
celui qui me diffame ainfi par tout le monde. L’empereur
parloitdelâ forte étendant les mains au c i e l ,
avec dos larmes 8c des fanglots. Puis fe tournant vers
les ambaffadeurs, il leur dit : Mes amis & mes chers
voifins, quoique dife mon ennemi, je crois comme les
autres Chrétiens; & fi vous me faites la guerre, ne
vous étonnez pas fi je me défens. J’efpere en Dieu pro-
tedeur des innocens. Il fçait que le pape ne s’élève
contre moi que pour favori fer mes fujets rebelles,
principalement les Milanois hérétiques. Mais je vous
rends grâces, de ce qu’avant que d'accepter fes offres
Vous avez voulu vousaffûrerde la vérité par ma ré-
ponfe. Les ambaffadeurs répondirent : Dieu nous
garde d’attaquer aucun prince Chrétien fans caufe légit
imé , & ce n’eft point l’ambition qui nous touche,
nous eftimons le roi notre maître qui vient à la couronne
par fa naiffance au-deffus de tout prince élect
i f : il fuffit au comte Robert d’être frere d’un fi grand
roi. Ainfi ils fe retirèrent avec les bonnes grâces de
l ’empereur. Robert étoit l ’aîné des trois freres de
faiht Louis, qui lui avoit donné pour partage le comté
d’Artois.
Le pape follicita auflî les princes d’Allemagne d’élire
un autre empereur: mais il n’y gagna rien , 8c
quelques-uns d’eux lui répondirent : qu’il n’avoit pas
droit de faire un empereur , mais feulement de couronner
celui que les princes avoient élu. Ainfi parle
Ajbert abbe deStade en baffeSaxe, qui écri voit alors;
& il compte ainfi les électeurs de l’empire : les trois
archevêques de T r e v e s ,d e Maïence 8c de Cologne:
le comte Palatin comme fenéchâl, le duc de Saxe
T om eX F ll. G £
A n. 1140.
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An. 1140.