
4 " 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
d.e tels commandemens de quelque partqu’ils vien-
A N. 12,53. nenc, fut-ce du fouverain ordte des anges : mais il
eft obligé d’y refifter de toute fa force. C ’eft pourquoi,
mes venerables feigneurs, je vous déclare, que
loin d’y obéir je m’y o p p o f e &c vousne devez pour
., . , cela rien ordonner de fâcheux’contre moi : puifque
ce, que j’en fais tourne à l’honneur du pape & au
votre.
Quelque raifon que ce prélat pût avoir dans le
fonds,on ne peut excufer la dureté des expreflions
dont cette lettre eft remplie, & fu r tout l’ironie ou
plutôt la dérifion grofliere qui y regne du com mencement
à la fin : car il ne pouvoir douter que
le mandement dont iis ’agiiToit ne vînt en effet du
pape. Auffi le pape fut-il fort irrité de cette lettre
quand elle vint à fa connoiflance, Sc il vouloit faire
châtier l’évêque de Lincolne par le roi d’Angleterre.
Mais les cardinaux lui reprefenterent, que ce
prélat étoic en grande réputation en France &c en
Angleterre. Il paffe,difoient-ils,pourgrand.philo-
fophe, il fait bien le Latin &i le Grec î il eft doéteur
en théologie & prédicateur, zélé pour la juftice ô£
la pureté, perfécuteur des fimoniaques. Ainfi par-
loit entre autres Gilles Efpagnol un des plus anciens
cardinaux. Ils confeillerent donc au pape de
diflimulcr la chofe, pour ne point exciter de tumulte.
D ’autant plus, ajoûte Matthieu Paris, qu’on
fait que la révolté doit venir un jour. Il femble
qu’ils previffent dès-lors ce qui eft arrivé trois cens
ans après en Angleterre.
Mattk. Tarif, t- Sur la fin de l ’été l’évêque de Lincolne tomba
grièvement malade dans une de fes terres, & ap-
LlVRE Q U A T R E i - Y I N G T - T R O I S I E ’M E . 4 7 3
pella près dé lui Jcan.de S. Gilles de l'ordre des frères
Prêcheurs favant. en. medécine. & doéteur en A
théologie, pour recevoir.de:luiile,fççourscorporel
& fpirituel. Un jour l’évêque,s entretenant avec
ce religieux & parlant de: la conduite du pape, lui
dit : Vous autres freres mahdians,., Prêcheurs ,&
Mineurs avez embraflé cette pauvreté pour reprendre
les grands avec plus.de liberté , & par confe- /■ 753
quent vous vous .rendez complices’ de leurs crimes
quand vous ne vousy oppofezîpas. Etçotnme les
nuits étoient déjà longues’, car c etoit au commencement
d’0 £tob re,.il fit:vcnir quelques-uns de fes
clercs pour avoir quelque converfatipn, &.lcur di-
foit en parlant de la perte.des ames çaufee pai 1 a-
varice de la cour de Rome. Jj C.. eft venu aumon-
de pour gagner des ames, donc celui qui ne craint
point de les perdre mérité le non d Antechrift.
Et encore : Le pape n’a point d e fo n te d’annulkr
les conftitutions de fes prédeceffeurs par le Nonob-
ftant : en quoi il témoigne un t,rop grand mépris
pour eux, & donne l’exemple de cafter aufti lesfîen-
nes. Et encore ¡.Quoique plufieurs papes aïent déja
affligé 1 eglife , celui-ci l’a réduite à une plus grande
fervitude ; principalement par les ufuriers qu’il a introduits,
en Angleterre & qui font pires que les
Juifs.De plus il aordoné aux freres Prêcheurs & aux
freres. Mineurs qu’en affiliant les, mourans ils leur
perfuadent de donner par teftamentpour le le cours
delà terre iainte & de fe croifer eux-mêmes : a fin
de fruftrer les héritiers de leur bien , foit qu’ils v ivent,
foit qu’ils meurent. Il vend les croifez a des
laïques, comme on vendoit autrefois des boeufs &c t-n
Q q q Üj